Un panier du maire moins cher, mais particulièrement « atypique » cette annéeÂ
« En 2020, nous avons une année totalement atypique : pour la première fois depuis longtemps, l’indice des prix de la dépense communale est très légèrement inférieur à l’indice des prix à la consommation ». C’est le principal enseignement fait par le directeur des études à La Banque postale, Luc Alain Vervisch, en présentant, hier, la dernière mouture sur l’indice des prix des dépenses communales.
« Pas beaucoup d’intérêt »
Cet indice, qui vise à traduire le coût de la dépense pour les communes et reflète le prix du « panier du maire », a ainsi progressé de 0,24 % (+ 0,57 %, hors charges financières) sur les quatre trimestres de juillet 2019 à juin 2020 par rapport à l’année précédente. Or, dans le même temps, l'inflation hors tabac calculée par l'Insee, qui est représentative des dépenses des ménages, a progressé de 0,66 %, « très légèrement plus rapidement » donc. « Cela se vérifie quelle que soit la strate démographique observée », notent les auteurs de l’étude.
Et si la dépense communale s’est rapprochée de la dépense du panier moyen des Français, c’est grâce à « la baisse des frais financiers, la stabilisation du point d’indice de la fonction publique et le phénomène de la crise qui s’est traduit par la baisse des indices dans le secteur du bâtiment et des travaux publics », a expliqué Luc Alain Vervisch qui a, toutefois, relativisé cette situation : « On pourrait considérer que c’est un point positif à ceci près que, un indice qui baisse quand de toute façon on n’a pas les moyens de faire la dépense, cela n’a pas beaucoup d’intérêt... »
« Attendre 2021 »
Celui-ci s’est d’ailleurs « posé la question de savoir s’il fallait réellement publier le panier du maire ». En effet, « il repose sur des données que l’Insee lui-même a eu du mal à obtenir et sur l’observation d’une structure de dépenses qui est essentiellement celle de 2019, c’est-à-dire qui ne correspond pas ce qu’a été la réaction des collectivités locales » à la suite du déclenchement de la crise sanitaire. C’est la « limite de l’exercice en cette année particulière », soulignent le secrétaire général de l’AMF, Philippe Laurent, et le président de La Banque postale, Serge Bayard, en préambule de l’étude et en précisant qu’il n’est « pas possible, à ce stade, de tenir compte de l’impact que le covid-19 aura immanquablement sur les budgets locaux » .
Même analyse du président du Comité des finances locales (CFL) qui a estimé, hier, en conférence de presse, que ce panier des maires est « tellement atypique » qu’il faudra « attendre 2021 pour savoir si c’est une inflexion qui risque d’être durable ou, au contraire, l’inverse ». « Restons prudents sur les chiffres 2020, d’autant plus que l’on n’a pas intégré toute une série de dépenses », a-t-il rappelé. « Des sous-segments risquent d’apparaître avec des dépenses sanitaires qui ne figuraient pas forcément dans notre panier et qu’il va falloir rajouter parce que ce sont des dépenses qui vont s’inscrire dans le temps et être portées par nos élus », a indiqué Betty Marcerou, directrice adjointe « Entreprises et Territoires » à La Banque postale.
« Sous pression » sur le long terme
Selon elle, il faut surtout retenir « la courbe qui reste très croissante sur les précédents mandats et qui démontre à quel point les charges des communes sont mises sous pression ». Sur le long terme, en règle générale, la dépense communale est supérieure à la dépense du panier moyen d’un Français. Durant la décennie 2010, « les évolutions du panier du maire mesurées hors charges financières demeurent plus élevées que l’inflation supportée par les ménages, l’écart entre les deux mesures (respectivement + 1,41 % et + 0,98 %) atteignant un peu moins d’un demi-point », observent ainsi Serge Bayard et Philippe Laurent.
Ceux-ci rappellent également que « l’indice de prix des dépenses communales enregistre depuis quelques exercices une décélération » qui « trouve une partie de son explication dans le gel du point d’indice de la fonction publique, et dans la baisse continue des taux d’intérêt depuis plusieurs années d’affilée », mais aussi dans le fait que « les indices Insee utilisés pour la construction de l’indice de prix des dépenses communales enregistrent sur la période récente soit des baisses, soit des évolutions limitées ».
A.W.
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