La croissance atone de la population française se confirme, particulièrement en milieu rural
Par A.W.
La population française continue d’augmenter, mais cette croissance s’effrite depuis quelques années. Une situation qui se confirme encore cette année, selon les derniers chiffres de l’Insee portant sur la population au 1er janvier 2022.
Des données qui révèlent une France à deux visages avec d’un côté des littoraux et des villes dynamiques face à des régions intérieures et des campagnes dont la croissance reste atone.
Croissance de 0,35 % par an
Au 1er janvier 2022, la France a ainsi atteint les 67 761 000 habitants vivant dans une des quelque 35 000 communes du pays (hors Mayotte).
Si la population a bien augmenté de 0,35 % par an depuis 2016, cette croissance a ralenti par rapport à la période précédente, allant de 2011 à 2016, durant laquelle le nombre d’habitants avait progressé de 0,44 %.
Une croissance qui représente, toutefois, encore 233 000 habitants supplémentaires chaque année (contre 286 000 personnes sur la période précédente) et dont la dynamique reste, comme par le passé, davantage tirée par le « solde naturel » – c’est-à-dire la différence entre le nombre de décès et le nombre de naissances – que par le « solde migratoire apparent » (+ 0,16 % de personnes qui sont entrées sur le territoire par rapport au nombre de personnes qui en sont sorties).
Des décès plus nombreux que les naissances
Reste que son ralentissement s’explique par une atténuation du solde naturel qui est passé de + 0,37 % par an entre 2011 et 2016 à + 0,18 % par an entre 2016 et 2022. « D’une période à l’autre, l’excédent des naissances sur les décès a été divisé par deux », selon les auteurs de l’étude qui notent que « la Guyane et La Réunion, ainsi que la région parisienne, en particulier le nord et l’est de la capitale, et la métropole lyonnaise connaissent toujours un solde naturel élevé ».
À l’inverse, « les décès excèdent désormais nettement les naissances pour une large diagonale allant du nord-est au sud-ouest du pays ». Bien qu’il ne soit pas encore négatif, « le solde naturel a nettement diminué dans les régions de l’ouest et du nord de la France où la natalité était encore élevée il y a une dizaine d’années », constatent-ils.
Par ailleurs, l’institut observe que le nord du pays a un solde migratoire « globalement déficitaire » tandis que « le sud bénéficie d'un excédent des arrivées sur les départs ».
Façade atlantique et sud du pays plus dynamiques
Malgré ce ralentissement, le littoral, qu’il soit atlantique ou méditerranéen, regroupe les principales zones de croissance démographique.
Dix régions ont ainsi vu leur population augmenter de plus de 0,35 % entre 2016 et 2022, dont la Guyane (+ 1,14 %), la Corse (+ 1 %), l'Occitanie (+ 0,77 %), les Pays de la Loire (+ 0,62 %), la Bretagne (+ 0,58 %), La Réunion (+0,55 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+ 0,51 %) ainsi que la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur (+ 0,49 % chacune) et l’Île-de-France (+ 0,36 %).
D’autres sont quasiment stables, comme le Centre-Val de Loire, la Normandie, le Grand-Est, ainsi que les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté, ces deux dernières voyant leur population très légèrement reculer.
En revanche, la population baisse en Martinique (- 0,7 %) et en Guadeloupe (- 0,45 %), sous l’effet de soldes migratoires apparents négatifs, les départs des deux îles excédant les arrivées. Un phénomène que l’on retrouve également en Île-de-France, en Guyane et à La Réunion, régions où la population a pu continuer de croître grâce à des soldes naturels particulièrement élevés.
Pour ce qui est des départements, un tiers d’entre eux ont vu leur population baisser, pour l’essentiel localisés dans le quart nord-est, le centre et le Massif central. Les plus touchés ont été la Martinique (- 0,7 %), la Meuse (- 0,75 %) et la Haute-Marne (- 0,78 %), ainsi que Paris (- 0,59 %). La capitale est seulement concurrencée par Mulhouse au rang des communes de plus de 100 000 habitants qui connaissent les plus fortes diminutions de populations.
Croissance deux fois plus élevée en ville
Globalement, les villes continuent d’attirer, avec une croissance démographique qui a été plus « deux fois plus élevée » que dans les campagnes, alors qu’elle était identique sur la période 2011-2016.
Ainsi, entre 2016 et 2022, la population a augmenté de 0,42 % en moyenne par an dans l'espace urbain dans son ensemble alors qu’elle n’a progressé que de 0,2 % dans l'espace rural. En comparaison, la population rurale avait connu une hausse de 0,42 % durant la période quinquennale précédente. Ce sont donc bien les campagnes qui subissent un vrai ralentissement alors que la croissance des villes se maintient.
Dans les communes rurales non périurbaines, la population a même connu une baisse de population de 0,10 % causée par un solde naturel devenu négatif qui n’a pu être totalement compensé par un solde migratoire excédentaire.
À l’opposé, parmi les villes qui continuent à gagner des habitants, les métropoles régionales de Montpellier, Toulouse, Bordeaux ou Nantes connaissent une progression annuelle supérieure à 1 %. On peut également noter Villeurbanne et Toulon ont connu une très forte augmentation de leur population.
Avec ses 511 684 habitants, la Ville rose devrait ainsi ravir prochainement le rang de troisième ville française à Lyon, dont la population pointe à 520 774 habitants et progresse beaucoup plus lentement ces dernières années.
On peut également rappeler que les données de l’Insee constituent désormais la population référence pour l’année 2025 puisque le décret authentifiant ces chiffres vient d’être publié au Journal officiel.
Des chiffres cruciaux pour les communes puisqu’ils déterminent le montant de la DGF ainsi que le nombre de conseillers municipaux à élire et le mode de scrutin à appliquer lors des élections municipales. En effet, de très nombreuses règles fixées par la loi ou les décrets dépendent de seuils de population (plus ou moins de 1 000, 3 500 habitants…), dans des domaines aussi variés que le droit électoral, l’urbanisme, les obligations en matière de plans climat-air-énergie…
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