Politiques d'aménagement du territoire : comment agir sur la santé des habitants ?
Par Lucile Bonnin
Pendant trois années, Santé publique France a mené une étude avec les métropoles de Lille, Rouen et Montpellier. Le but : évaluer, grâce à la méthode d’évaluation quantitative des impacts sur la santé (EQIS), les impacts de certaines politiques menées localement sur la santé des habitants.
L’étude met en lumière « que des interventions visant à augmenter le nombre d’espaces verts urbains, promouvoir les mobilités actives, améliorer la qualité de l’air, et réduire le bruit et la chaleur en ville se traduiraient par des bénéfices importants pour la santé, en termes de mortalité, de morbidité, de recours aux soins et de gêne. » Par ailleurs, « ces bénéfices seraient plus marqués pour les populations les plus défavorisées ».
Des résultats concrets et significatifs
Cette étude de plus d’une centaine de pages met en avant plusieurs résultats particulièrement intéressants.
La végétalisation par exemple, et donc l’augmentation des espaces verts au sein des villes, apparaît comme primordiale dans un contexte de réchauffement climatique. Concrètement, « en végétalisant davantage, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7 % selon la métropole, soit de 80 à 300 décès par an ». A Lille par exemple, la végétalisation permet de réduire de 4,2 % la mortalité annuelle de la population, de 6,8 % à Rouen et de 3,7 % à Montpellier.
Concernant les mobilités, on apprend que « si chaque habitant de 30 ans et plus marchait 10 minutes de plus chaque jour de la semaine, la mortalité pourrait diminuer de 3 %, soit de 100 à 300 décès par an selon la métropole. » L’étude pointe le fait que la marche n’est pas suffisamment prise en compte dans les plans de mobilité des métropoles. Par ailleurs, « atteindre 12 % de part modale du vélo sur les trajets de 3 à 5 km permettrait d’éviter de 4 à 6 % de la mortalité ».
Du côté de la pollution de l’air – qui a d’ailleurs fait de 8 millions de morts dans le monde en 2021 (lire Maire info du 19 juin) – l’étude montre qu’en « respectant la valeur recommandée par l’OMS concernant l’exposition aux particules fines PM2,5, la mortalité pourrait diminuer de 7 à 12 % selon la métropole, soit de 300 à 1000 décès par an ». Pour rappel, PM2. 5 sont des particules d'un diamètre inférieur à 2.5 microns. L'objectif défini pour les PM2,5 est de 10 µg/m3. En 2010, 40 agglomérations dépassaient en France la valeur de 15 µg/m3 pour les PM2,5, selon le Haut conseil de la santé publique.
La pollution sonore a aussi des conséquences sur la santé et concerne, en France, près de 40 % des habitants des agglomérations de plus de 250 000 habitants qui sont exposés à un niveau sonore de jour supérieur à 60 décibels. En la matière, Santé publique France indique qu’il est indispensable de « respecter les valeurs guides recommandées par l’OMS quant au bruit associé aux transports » et que cela « permettrait, dans chaque métropole, d’améliorer le sommeil de plusieurs milliers de personnes par an ».
Finalement, « cette première étude ouvre de nouvelles perspectives nécessitant d’une part, avec la communauté scientifique, de mener des travaux complémentaires afin de consolider et généraliser cette approche à d’autres territoires, et d’autre part, avec les collectivités, de faire connaitre et contribuer à l’appropriation de cette démarche ». Des guides méthodologiques ont été conçus par Santé publique France pour mettre en place des évaluations quantitatives d’impact sur la santé de la pollution de l’air au niveau des collectivités.
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