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Édition du vendredi 6 septembre 2024
Social

Rentrée scolaire : plus de 2 000 enfants sans abri recensés, dont près de 500 de moins de trois ans 

Selon Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), cette hausse du nombre d'enfants à la rue est due à la crise du logement et à des orientations politiques « délétères » et « court-termistes ».

Par Aurélien Wälti

A la veille de la rentrée scolaire, au moins 2 043 enfants, sans solution d’hébergement, étaient contraints de dormir à la rue après avoir sollicité le 115. Parmi ces enfants sans abri, au moins 467 avaient moins de trois ans et 129 moins d’un an. 

Une « tragédie »  pour Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) qui ont publié ces données la semaine dernière, en pointant une situation inédite en cette période de l’année.

 « Augmentation incessante » 

Le nombre d’enfants sans hébergement après avoir appelé le 115 représente ainsi « une hausse de 120 % »  par rapport à 2020, en pleine crise sanitaire, et de 3 % par rapport à l’an passé. Pour les enfants de moins de trois ans, bien qu’une légère baisse ait été amorcée cette année, ils sont encore 27 % de plus qu’en 2022 à être à la rue.

Un constat qui s’impose malgré l’engagement pris par les gouvernements successifs de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ». Et « l’incertitude du contexte politique fait craindre une dégradation de la situation » , redoutent les deux organismes. 

« C'est inadmissible, on ne peut pas accepter qu'une société traite ses enfants de cette manière », s’est indignée la représentante de l'agence onusienne en France, Adeline Hazan, dénonçant une « violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant »  ratifiée par la France.

Des chiffres « alarmants »  qui ne sont, toutefois, pas exhaustifs, rappellent les deux organisations. Parmi les enfants qui ne sont pas recensés dans ces données, « de nombreuses personnes ne recourent pas ou ne parviennent pas à joindre le 115 », tandis que « les mineurs non accompagnés sans-abri et les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés ».

Des orientation politiques « délétères » 

Alors qu'elles constataient « une hausse du nombre d'enfants laissés pour compte à quelques jours de la rentrée », dont les conséquences sont « immenses tant en termes de santé mentale que d'éducation », l'Unicef et la FAS pointent du doigt « les gouvernements successifs qui ont opté pour des politiques de court terme, loin d'oeuvrer en faveur de réponses structurelles et ambitieuses ». 

Alors qu’elles constataient « une hausse du nombre d’enfants laissés pour compte à quelques jours de la rentrée »  - dont les conséquences sont « immenses tant en termes de santé mentale que d'éducation »  - , l’Unicef et la FAS pointent du doigt « les gouvernements successifs (qui) ont opté pour des politiques de court terme, loin d’œuvrer en faveur de réponses structurelles et ambitieuses » .

« Face à une crise du logement et de l’hébergement qui perdure, nous constatons un abandon de tous les principes fondamentaux et juridiques de l’accueil, qui ne permettent même plus de protéger des femmes enceintes et des enfants de moins de trois ans » , déplorent ainsi les auteurs du baromètre.

Selon eux, le système d’hébergement est, en effet, tellement saturé « qu’un système de tri s’est mis en place et que les personnes les plus vulnérables, telles que les femmes enceintes ou les jeunes enfants, ne peuvent plus en bénéficier dans certains territoires ».

Les tensions en région pourraient s’accentuer

Parmi les 6 473 personnes restées sans solution d’hébergement dans la nuit du 19 au 20 août 2024, 3 843 étaient en famille, soit près de six personnes sur dix. Un nombre en hausse de 3 % par rapport à l’an passé et de 23 % par rapport à 2022 alors que 31 % étaient des femmes seules avec enfants.

Sans compter que plus des trois quarts (77 %) des familles en demandes non pourvues avaient déjà dormi dans la rue la veille de leur demande au 115. « Ce taux préoccupant témoigne du caractère généralement durable des parcours de rue », soulignent les deux organismes.

Sans surprise, c’est en Île-de-France que la situation reste la plus tendue alors que le nombre de personnes en famille sans solutions d’hébergement a augmenté en Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais aussi dans les territoires ultramarins. La Bourgogne-Franche-Comté s’en sort le mieux avec 11 personnes en famille qui sont restées sans solution d’hébergement faute de places disponibles ou adaptées pour les accueillir.

Au niveau départemental, l’Hérault et le Rhône ont connu les plus fortes augmentations en un an, respectivement de + 131 % et + 84 %.

« Les tensions sur la capacité des parcs d’hébergement en région pourraient même s’accentuer sous l’effet du déploiement des “sas de desserrement” » , préviennent les deux organismes, qui rappellent que ce dispositif, mis en place en 2023, repose sur la solidarité nationale pour orienter les personnes sans abri, vivant en habitats informels ou hébergées en Île-de-France vers d’autres régions.

Pour tenter de remédier à cette situation, l’Unicef et la FAS appellent à « une augmentation immédiate des places d’hébergement, promise depuis janvier 2024, ainsi qu’à la mise en oeuvre d’une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement, conformément aux principes du Logement d’Abord ». 

Elles exhortent ainsi « le nouveau gouvernement et les parlementaires récemment élus à assumer leurs responsabilités et à aborder, avec détermination et lucidité, la crise du logement et ses conséquences sur les enfants ». 

Consulter le baromètre « Enfants à la rue ».

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