Le baromètre des villes cyclables, témoin des attentes « très fortes » des citoyens-cyclistes
Par Franck Lemarc
On dit souvent que le football est un sport qui se joue à 11 et où le Brésil gagne à la fin. On pourrait de la même façon définir le baromètre des villes cyclables comme une enquête où Strasbourg ou Grenoble gagnent à la fin, tant les deux villes sont solidement installées, depuis des années, sur la plus haute marche du podium. Mais au-delà de ce résultat attendu, l’enquête de la FUB est remarquable par la diversité et la richesse des réponses qu’elle apporte sur le ressenti réel des usagers du vélo.
Changement d’échelle
Pour cette enquête réalisée entre septembre et novembre dernier, la FUB a reçu pas moins de 277 000 contributions de cyclistes – soit 60 % de plus que la précédente. Pour le palmarès, les enquêteurs n’ont retenu que les communes ayant atteint un minimum de 50 réponses. Le questionnaire est composé de 26 questions, les répondants devant attribuer une note de 1 à 6 sur cinq thématiques (ressenti général, sécurité, confort, efforts de la commune, stationnement et service). Les communes se voient ensuite attribuer, en fonction du résultat, une note allant de A+ à G.
Alors que la première édition du Baromètre, en 2017, avait noté 330 communes, on assiste à un véritable changement d’échelle : ce sont 1625 communes qui sont classées cette année (38 grandes villes, 218 villes moyennes, 719 « communes de banlieue » , 353 petites villes, 292 « bourgs et villages » et cinq communes îliennes.
Le profil sociologique des répondants a également évolué, ce qui est une information en soi sur les usagers de la bicyclette : le nombre de femmes augmente (46 % des répondants), les répondants sont moins « experts » davantage usagers occasionnels, et 23 % des répondants habitent des bourgs ou des villages.
Ressenti globalement négatif
Ce qui ne change pas, année après année, est le ressenti globalement négatif des usagers du vélo : à l’échelle de l’ensemble des communes notées, la note est peu glorieuse (E), avec une moyenne de 2,98 sur 6 – chiffre très similaire à ceux des deux dernières enquêtes. 64 % des répondants estiment que « les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises », et seulement 36,5 % jugent que la situation s’est améliorée sur les deux dernières années.
La sécurité reste un enjeu majeur (54 % des répondants disent ne pas se sentir en sécurité à vélo). 81 % des répondants trouvent toujours dangereux de traverser un carrefour ou un rond-point. Enfin, toujours à l’échelle globale, l’intermodalité avec les transports collectifs reste un point noir – notamment le stationnement en gare, « difficile » pour 60 % des personnes.
Par catégorie
Les résultats diffèrent évidemment d’une catégorie de communes à une autre. Dans la catégorie « bourgs et villages » (dont le podium est occupé par les communes de La Tranche-sur-Mer, Vieux-Boucau-les-Bains et Bretignolles-sur-Mer), les résultats sont « plutôt bons » mais la FUB note une très grande disparité entre les communes les plus en retard les communes les lus cyclables, celles-ci étant souvent des communes touristiques « ayant su se saisir des opportunités européennes, régionales ou départementales pour porter un projet cyclable cohérent et efficace » .
Dans les petites villes (catégories où les meilleures notes sont obtenues par Saint-Jean-de-Monts, Val-de-Reuil et Marseillan), le tourisme semble là aussi être un facteur important de progrès, mais il n’est pas le seul : Val-de-Reuil, dans l’Eure, n’a rien d’une commune touristique et a pourtant su se hisser sur la deuxième marche du podium.
C’est dans les communes de banlieue (top 3 : Saint-Aubin-du-Médoc, Le Teich et Séné) que les notes sont, globalement, parmi les plus mauvaises : elles restent en effet « dominées par le système automobile, avec tout ce que cela entraîne sur la culture politique, mais aussi les coupures urbaines qui rendent les trajets dangereux. » Toutefois, note la FUB, les villes de banlieue bénéficient parfois de la dynamique installée par la ville-centre, l’intercommunalité jouant dans ce domaine un rôle essentiel. De plus, les mobilités résidentielles font que « les cyclistes des villes-centres d’aujourd’hui deviendront les cyclistes des banlieues de demain » .
Mais ce sont les villes moyennes qui restent le plus mauvais élève du palmarès, avec une note globale de 2,85 seulement. En dehors des trois lauréats (La Rochelle, Bourg-en-Bresse et Chambéry), beaucoup de ces villes ne disposent pas de la motivation touristique, ni de suffisamment de moyens et d’ingénierie technique pour mettre en place une politique cyclable ambitieuse, juge la FUB. Les notes sévères reçues par ces communes sont aussi, selon l’association, le reflet des attentes très fortes de leurs habitants.
Ce sont dans les grandes villes que les notes sont les meilleures, avec une mention particulière aux trois lauréats Grenoble, Strasbourg et Rennes. Ces grandes villes sont indéniablement « les têtes de gondole du développement du vélo, grâce à la mise en service progressive de réseaux cyclables de plus en plus qualitatifs, et la multiplication des services vélo » .
Les très grandes villes ne sont toutefois pas en pointe dans ce palmarès : ni Lyon, ni Marseille ni, ce qui est plus étonnant, Paris, ne figurent dans le top 10 de la catégorie « grandes villes ».
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