Services à la personne : l'Insee confirme la forte hausse de la demande d'ici 2050
Par A.W.
Le nombre de ménages ayant recours aux services à la personne devrait largement augmenter d’ici 2050 pour atteindre jusqu'à 5,5 millions, selon les projections les plus hautes de l’Insee publiées la semaine dernière. Contre 3,9 millions de ménages actuellement.
Dans le scénario central retenu par l’Institut, ce sont plus vraisemblablement près de 5 millions de ménages qui auraient recours, dans 25 ans, aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion. Ce qui représenterait une hausse d’un peu plus d’un quart des utilisateurs (+ 27 %), alors que leur nombre avait déjà augmenté de 270 000 entre 2013 et 2019 du fait du vieillissement de la population
Forte hausse sur la façade atlantique et le sud-est
Quel que soit le scénario retenu pour 2050, c’est là aussi « le vieillissement de la population, et tout particulièrement la hausse du nombre de personnes de 80 ans ou plus, qui serait le principal moteur de la hausse du recours ». Dans le scénario central, il représenterait par exemple « 85 % de l’effet total », très largement devant l’augmentation de la population totale et l’évolution de la structure des ménages.
Cette hausse du recours aux services à la personne serait, toutefois, plus forte sur la façade atlantique et dans le sud-est.
Sur une zone allant du Morbihan aux Landes, la progression atteindrait ainsi les 45 %, tandis qu’elle varierait entre 30 et 48 % dans les départements du sud-est, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes faisant « figures d’exception, avec seulement 20 % de hausse ». En cause, une population qui resterait plus jeune, notamment autour de Marseille et de Nice.
En revanche, « du centre jusqu’au Nord-Est, la population diminuerait et ne vieillirait plus beaucoup » et « l’augmentation de la demande y serait faible, de l’ordre de 10 à 20 % ».
Dans les Dom, la situation serait hétérogène avec une progression d’environ 33 % à La Réunion et un recul de 3 % en Martinique, alors que les deux îles devraient connaître une forte augmentation du nombre de personnes âgées d’ici 2050.
500 000 salariés à recruter d’ici 2050
Une projection qui fait, au moins partiellement, écho à la situation actuelle puisqu’il existe déjà un plus fort taux de recours aux services à la personne par les ménages résidant à l’ouest de l’Hexagone. À l’inverse, l’utilisation est nettement moins fréquente dans l’Est, en Corse, en Martinique et à La Réunion. S’ils étaient ainsi un peu moins de 20 % à y avoir recours en Vendée, en Mayenne et en Maine-et-Loire en 2019, il n’était même pas 6 % en Seine-Saint-Denis – où le taux est le plus faible de France – et guère plus dans les territoires ultramarins et l’Île de Beauté.
Reste que pour pouvoir répondre à la forte demande d’ici 2050, des centaines de milliers de salariés devront être formés et recrutés dans les prochaines années. Car les un peu plus d’un million de salariés qui travaillaient, en 2019, dans le secteur (la plupart à temps partiel, soit environ 400 000 emplois en équivalent temps plein) ne suffiront pas, prévient l'Insee.
D’ici 2050, l’Institut estime qu’il devrait être nécessaire de créer « 170 000 équivalent temps plein » de plus qu'actuellement, soit « 500 000 salariés » supplémentaires à temps partiels.
Sans compter que « le secteur devra également faire face au renouvellement de 800 000 salariés qui y travaillent actuellement et qui auront plus de 65 ans à l’horizon de projection ».
Fortes variations des dépenses
Plus généralement, les auteurs de l’étude rappellent que la moitié des ménages ayant recours à ces services ont dépensé plus de 1 430 euros en 2019. Mais les 10 % de ceux qui dépensent le plus y ont consacré 5 510 euros. Une somme qui est « 24 fois supérieure à celle des 10 % des ménages qui dépensent le moins », constatent-ils.
À noter que les dépenses médianes les plus élevées se situent en Île-de-France (2 240 euros), en Martinique (2 200 euros) et à La Réunion (2 430 euros), alors que le taux de recours dans les territoires ultramarins est faible comparé à l’Hexagone.
De manière générale, « plus le recours est répandu dans un territoire, moins l’usage est intensif », explique l’Insee. Ainsi, « si le taux de recours est nettement supérieur à la moyenne nationale en Bretagne, seule la moitié des ménages de cette région y consacre plus de 1 160 euros en 2019. Le recours est, en revanche, nettement plus rare en Corse, mais la moitié des ménages concernés dépensent plus de 1 660 euros, et ce montant dépasse même 7 310 euros pour 10 % d’entre eux », souligne l’Institut.
Sans surprise, le recours aux services à la personne augmente avec le niveau de vie et l’âge. Mais « les ménages les plus aisés se détachent nettement des autres », notamment chez les 10 % les plus aisés qui sont 40 % à y avoir recours. Soit autant que les plus de 80 ans ou plus (41 %).
« L’usage par les ménages aisés ne se limiterait pas à satisfaire des besoins essentiels, comme pallier une perte d’autonomie, mais pourrait aussi s’inscrire dans une recherche d’un meilleur confort de vie ou d’une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, avec une aide pour les tâches domestiques et la garde d’enfants par exemple », indiquent les auteurs de l’étude, qui rappellent que l’usage de services à la personne par les ménages âgés est davantage tourné vers la satisfaction de besoins essentiels.
Par ailleurs, le recours aux services à la personne dépend de la composition des ménages et du mode de cohabitation. Si les familles avec enfants font ainsi plus souvent appel aux services à la personne (garde, accompagnement scolaire ou aide aux tâches ménagères), les jeunes familles monoparentales utilisent moins ces services alors qu’elles en auraient tout autant besoin, si ce n’est plus. « Leurs moyens financiers, souvent plus faibles, peuvent l’expliquer », rappelle l’Insee.
L’institut confirme enfin que, pour les personnes âgées, le recours aux services à la personne est moindre lorsqu’ils ont des enfants, ceux-ci étant de potentiels aidants familiaux, alors que le besoin est « très marqué » pour les personnes âgées vivant seules (44 % en 2019). À noter qu’en Martinique et à La Réunion, « la présence de différentes générations au sein d’un même ménage (étant) fréquent, (cela) diminue les besoins d’aide extérieure pour les personnes âgées ».
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