Covid-19 : reprise inquiétante de l'épidémie en France
Par Franck Lemarc
Se dirige-t-on vers une septième vague en ce début d’été ? C’est hélas la question que se posent désormais les autorités sanitaires, au vu des chiffres de contamination. Alors que ceux-ci ont rapidement décru à partir de la mi-avril, pour atteindre un plus bas vers le 30 mai, la tendance est nettement à la reprise depuis une semaine.
Le site CovidTracker note que les cas positifs sont en hausse de 32 % sur les sept derniers jours et les admissions en soins critiques de 22 %. Le nombre de personnes en réanimation est toujours en baisse, du fait de la sortie des patients hospitalisés lors de la précédente vague, mais cela ne devrait pas durer. La barre des 30 000 cas par jour a de nouveau été dépassée le 13 juin, alors que l’on était redescendu à 17 000 cas par jour fin mai. Hier, selon Santé publique France, c’est la barre des 50 000 cas qui a été largement franchie avec presque 52 000 nouveaux cas.
À l’échelle du pays, le taux d’incidence s’établit à 322 cas pour 100 000 habitants, et le taux de positivité à 18,3 % (« très élevé et en hausse » selon CovidTracker). La ville de Paris est, en métropole, la plus touchée par cette nouvelle poussée de l’épidémie, avec un taux d’incidence de 518 – il a quasiment doublé en une semaine.
Plus inquiétant encore est le cas de la Martinique, où l’on assiste à une nouvelle explosion des contaminations (taux d’incidence de 2251 et taux de positivité de presque 35 %). Le nombre de cas positifs a été multiplié par cinq en quelques semaines sur l’île – où le taux de vaccination est encore très faible – à peine 41 % de la population éligible.
La communauté scientifique estime par ailleurs que ces chiffres, en métropole notamment, sont « très sous-estimés », pour une raison simple : la disparition du pass vaccinal ou sanitaire a pour conséquence que beaucoup de gens ne se testent plus. Cette sous-estimation pourrait être « d’un facteur cinq », selon l’Institut de santé globale de Genève.
Risque « très haut » pour les plus de 80 ans
En métropole, ce sont les variants BA.4 et BA.5 d’Omicron qui sont en cause ; en Martinique, c’est un autre variant, « BA2.12.1 », venu d’Amérique du nord.
Les variants actuellement actifs en métropole ont été repérés au Portugal, où, relève l’épidémiologiste Antoine Flahault, la mortalité est en très forte hausse ces dernières semaines notamment chez les personnes de plus de 80 ans. On assiste « à un rebond très clair de l’épidémie dans tous les pays d’Europe de l’ouest », explique le directeur de l’Institut de santé globale de la faculté de médecine de Genève, « notamment en France où la courbe est exponentielle ».
Selon les premières études, ces nouveaux variants ne sont pas beaucoup plus virulents que les précédents chez la plupart des personnes, mais ils semblent plus mortels chez les personnes très âgées, jugées « à très haut risque » par Antoine Flahault. « Il faudra être extrêmement prudent dans les Ehpad, extrêmement prudent avec les personnes âgées », expliquait-il hier sur France info, et ce pendant tout l’été puisque, dans les pays où ces variants sont déjà passés, la vague a duré entre six et neuf semaines.
D’autant que la canicule, qui incite à garder les fenêtres fermées, est un facteur aggravant.
Les pays voisins de la France sont confrontés à la même situation : hier, en Allemagne, ce sont plus de 92 000 nouveaux cas qui ont été repérés, et le ministre de la Santé allemand, Karl Lauterbach, a déclaré hier que « la vague annoncée pour l’été est malheureusement devenue une réalité ».
Éventuel retour du masque dans les transports ?
Si les autorités scientifiques constatent toutes ce rebond, certains chercheurs et médecins se montrent toutefois relativement optimistes, eu égard au taux de vaccination très élevé en métropole. Le président de l’Union française des médecins libéraux, Jérôme Marty, estime que cette vague pourrait « ne pas être de très grande ampleur », dans la mesure où « les gens passent beaucoup plus de temps à l’extérieur » en été. Mais, explique-t-il dans La Dépêche, « même si cette vague est de faible densité, les patients contaminés par le virus vont venir s’ajouter aux hospitalisations liées à la chaleur, à un moment où l’on manque de personnel hospitalier partout. ».
Comme d’autres praticiens, il estime cependant que le retour du port du masque dans les transports n’est « pas exclu » dans les semaines à venir, si la nouvelle vague se confirme.
Reste tout de même, pour finir sur une note plus positive, qu’à l’heure actuelle l’épidémie reste en très fort recul à l’échelle mondiale. Le nombre de cas quotidiens est aujourd’hui 10 fois inférieur à ce qu’il était en janvier (400 000 cas par jour versus 4 millions). Plus parlant encore : le covid-19 n’a tué « que » 744 personnes dans le monde le 13 juin ; il en tuait 13 000 par jour à la mi-février.
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