Des niveaux de nappes phréatiques toujours en baisse et un fort risque de sécheresse cet été
Par A.W.
Recharge déficitaire, déficits pluviométriques, températures élevées… Au vu du contexte, l’ensemble des nappes phréatiques continue de voir ses niveaux baisser. Après les prévisions préoccupantes réalisées en début du mois par Météo France, c’est au tour du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de prévenir du risque de sécheresse qui pourrait s'abattre sur la quasi-totalité de la France métropolitaine cet été. Alors même que l’Hexagone connaît en ce moment même une vague de chaleur.
Seuls le nord et une partie de l’Occitanie épargnés
Confirmant ses premières constations du printemps, le BRGM observe une situation déficitaire des nappes phréatiques dans la grande majorité du pays, dans un nouveau bilan arrêté au 1er juin mais publié mardi. Aucun territoire ne peut se targuer d’avoir des niveaux au-dessus de la moyenne, hormis peut-être les nappes alluviales de la Garonne et de la Dordogne, et leurs affluents (avec des niveaux jugés « autour des normales à modérément hauts » ).
Seuls la Picardie, la Haute-Normandie, le nord de l’Ile-de-France ainsi que le nord-est de l’Occitanie sont épargnés, mais affichent des niveaux juste « autour de la moyenne ». Pour le reste, les niveaux des nappes observés sont au mieux « modérément bas », voire très en-dessous des normales mensuelles.
Dans le Centre-Val-de-Loire, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et certaines zones situées en Bourgogne-Franche-Comté et en Rhône-Alpes, la situation est ainsi particulièrement prononcée, mais c’est dans la zone située entre la Vendée et la Charente qu’elle est la plus grave puisque cette région se situe déjà au pire niveau (« très bas », en rouge) de l’échelle de niveaux des nappes.
Dans le détail, « la situation est particulièrement préoccupante, avec des niveaux bas à très bas sur les nappes entre Périgord, Vendée, Maine et Touraine ainsi que sur les nappes de la Côte d’Azur, de Provence et du Bas-Dauphiné », détaillent les auteurs du bilan, alors que « les niveaux des nappes se situent généralement autour ou en-dessous des niveaux moyens des mois de mai ».
En cause, des pluies « insuffisantes » durant l’hiver dernier, ce qui a « fortement impacté » l’état des nappes avec une recharge « très déficitaire ». Avant que la situation ne se dégrade « rapidement » à partir de février 2022. « Après une recharge particulièrement déficitaire », les nappes ont commencé à se vider dès le début d’année, « avec deux à trois mois d’avance ». En mai, cette vidange s’est poursuivie et « l’ensemble des nappes observent des niveaux en baisse ».
« Aucune amélioration attendue avant l’automne »
Et la situation ne devrait pas évoluer favorablement dans les prochaines semaines puisque, d’après les prévisions saisonnières de Météo France, les fortes températures devraient perdurer, aggravant l’évaporation et limitant l’infiltration habituelle des pluies vers les nappes.
Résultat, le risque de « sécheresse hydrogéologique » apparaît important sur l’ensemble du pays pour cet été, au vu des prévisions du BRGM qui se base donc sur une « hypothèse pessimiste ».
La possibilité d’atteindre « d’ici août-septembre 2022 » des niveaux bas à très bas est donc « fort[e] » dans la quasi-totalité du pays, « une situation plutôt rare », selon le Bureau de recherche. Ce risque est même « très fort » dans une zone allant de l’ouest du Centre-Val-de-Loire à l’est de la Bretagne en passant par le nord de la Nouvelle-Aquitaine, ainsi que dans certains endroits en Paca, si l’on en croit la carte publiée ce matin par la BRGM sur son compte Twitter.
« Sur ces secteurs, des restrictions d’eau souterraine ont déjà été mises en place. Et il est malheureusement peu probable que la situation s’améliore durant les prochaines semaines… », prévient l'établissement. En revanche, la Haute-Normandie, les Hauts-de-France, le nord du Grand-Est ainsi que certains secteurs éparpillés dans le sud de la France semblent pouvoir y échapper, le risque de sécheresse y étant qualifié de « faible ».
Selon le type de nappes, la situation est toutefois différente. Pour les nappes dites « inertielles » (à cyclicité pluriannuelle : craie, formations tertiaires et formations volcaniques), que l’on retrouve dans les Hauts-de-France et l’Île-de-France notamment, « aucun épisode de recharge ne devrait s’observer, sauf événements pluviométriques très exceptionnels ». Ainsi, « aucune amélioration n’est attendue avant l’automne », et « la situation devrait se dégrader plus ou moins lentement selon les volumes prélevés en eaux souterraines ».
Concernant les nappes réactives (à cyclicité annuelle : alluvions, calcaires, grès), que l’on retrouve dans l’ouest et le sud du pays notamment, « la situation devra être particulièrement surveillée », bien que « les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales et des demandes en eau », indique le BRGM. « En cas de pluies insuffisantes, les niveaux devraient rester en baisse et la situation devrait continuer à se dégrader rapidement. Cependant, des épisodes pluviométriques importants pourront provoquer des recharges momentanées [et] la situation pourrait alors s’améliorer localement, sans toutefois remonter au-dessus des normales sur les nappes très basses », expliquent les auteurs du bilan.
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