Une centaine d'élus appelle à maintenir un « espace humanitaire ouvert » en Méditerranée
Par Lucile Bonnin
À la veille de la Journée de l’Europe qui a eu lieu hier, « un collectif d’une centaine d’élus » a signé une tribune publiée dans Le Monde affichant une prise de position concernant la gestion des flux migratoires en Europe. Parmi les signataires, la majorité sont des maires, d’autres sont présidents de départements et de régions. Carole Delga, Martine Aubry, Grégory Doucet, Pierre Hurmic, Léonore Moncond’huy et bien d’autres appellent l’Union européenne à « garantir un espace humanitaire en Méditerranée » .
À travers la publication de cette tribune, ces élus soutiennent publiquement les actions menées par Sos Méditerranée. Créée en 2015, cette association civile européenne de sauvetage en mer « a vocation à porter assistance, sans aucune discrimination et à traiter avec dignité, toute personne en détresse en mer, dans le respect du droit maritime international ».
C’est « une association humanitaire indépendante de tout parti politique et de toute confession. Elle se fonde sur le respect de l’homme et de sa dignité, quelle que soit sa nationalité, son origine, son appartenance sociale, religieuse, politique ou ethnique » , peut-on lire sur son site officiel.
Situation inquiétante
Selon les chiffres de l’ONU, le premier trimestre de l’année 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017 avec au moins 441 personnes qui ont perdu la vie en tentant d’atteindre l’Europe. L’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies compte de son côté 26 334 disparus dans la mer Méditerranée depuis 2014.
Vendredi dernier, sur Franceinfo, Sophie Beau, directrice générale et co-fondatrice de SOS Méditerranée alertait sur le « manque de moyens de sauvetage » alors que « la situation reste absolument critique en Libye et plus récemment en Tunisie » .
Solidarité
« La main tendue à terre, par l’intermédiaire de nos organismes sociaux, est la même main que celle qui est tendue en mer par les marins sauveteurs de SOS Méditerranée, lesquels ont sauvé plus de 37 000 personnes de la noyade depuis février 2016 » . Voilà l’argument qui est défendu par les élus signataires de cette tribune pour appeler à davantage de solidarité en matière d'immigration, au moment où les subventions des communes à l’association SOS Méditerrannée sont remises en cause devant la justice administrative. Récemment par exemple, la cour administrative d'appel de Paris a estimé que la Ville de Paris a pris parti dans un conflit international en accordant une subvention à SOS Méditerranée. Elle a donc annulé une subvention de 100 000 euros à l’association.
« Les collectivités territoriales agissent au quotidien pour garantir la dignité des femmes, des hommes et des enfants qui subissent les effets de la précarisation ou sombrent dans l’extrême pauvreté, peut-on lire dans la tribune. Villes, départements et régions soutiennent et accompagnent ces populations sur le fondement des principes de solidarité et d’humanité ». La tribune vise à rappeler que ces subventions accordées à l'association ne traduisent pas une volonté des collectivités de « prendre parti » dans un conflit international, mais davantage un engagement pour sauver des vies de personnes en danger.
Responsabilités des États membres
Concrètement, les élus appellent les États de l'Union européenne à « respecter les règles applicables au sauvetage en mer et à mettre fin aux sanctions contre les associations humanitaires ». En effet, il est reproché à certains États d'enchâsser « le sauvetage des personnes en détresse dans le carcan de la politique migratoire » et donc de réduire de facto ce « devoir élémentaire d'assistence à une question de contrôle des espaces, des personnes et des associations de sauvetage ».
« Dans un contexte de crise politique prolongée sur la question de l’asile et de l’immigration, les États européens ont focalisé les débats et les actions sur les contrôles aux frontières extérieures de l’UE. Ceci s’est traduit par un soutien croissant aux garde-côtes libyens, un retrait des moyens navals de Méditerranée et une augmentation des pouvoirs et moyens de l’Agence européenne de coordination des contrôles aux frontières extérieures (Frontex) » .
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