Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 1er avril 2021
Coronavirus

Fermeture des écoles et crèches : cinq jours pour s'organiser

La mesure était certes pressentie depuis 24 heures, mais c'est tout de même un couperet qui est tombé, et qui va poser de considérables problèmes d'organisation aux maires : à partir de demain soir, crèches et établissements scolaires ferment leurs portes pour trois à quatre semaines, selon les catégories, au moins. 

Par Franck Lemarc

La fermeture des crèches et des établissements scolaires prendra en fait effet mardi 6 avril au matin puisque, par chance, le lundi 5 avril est férié. Cela donne une journée de plus aux maires pour s’organiser, alors qu’un certain nombre de questions restent sans réponse.

Comprendre le calendrier

Il faut d’abord bien comprendre le calendrier, pas forcément très simple, livré par le chef de l’État hier. Pour ce qui est du début de la fermeture, tout le monde est logé à la même enseigne : c’est bien à partir de mardi 6 avril que tous les établissements (crèches, maternelles, écoles élémentaires, collèges et lycées) vont fermer leur porte. Il ne s’agit pas pour autant d’une avancée des dates des vacances : toute la semaine prochaine (donc du mardi 6 au samedi 10 avril), les enseignements devront être dispensés à distance. 
Ensuite, le gouvernement a décidé – mesure absolument exceptionnelle – de fusionner toutes les zones de vacances scolaires : oubliées les zones A, B et C, « la France entière, quelle que soit la zone de vacances, sera placée en vacances de printemps », a expliqué le président de la République. Ces vacances, qui devaient s’étaler du 12 avril au 7 mai selon les académies, auront donc lieu, pour tous, du 12 au 26 avril.
Les choses se compliquent un peu après cette quinzaine : à partir du lundi 26 avril, « la rentrée aura lieu pour tous ». Les écoles maternelles et les écoles élémentaires réouvriront et reprendront les cours en présentiel ; les collèges et les lycées, en revanche, resteront fermés et l’enseignement se fera à distance. Quid des crèches ? le chef de l’État a omis de mentionner hier ce qui leur adviendra le 26 avril. Jean Castex, dans son discours devant les députés, a incidemment répondu à la question ce matin : les crèches sont fermées pour « trois semaines », a déclaré le Premier ministre. Elles devraient donc rouvrir le 26 avril.
Enfin, le lundi 3 mai, collèges et lycées rouvriront pour des cours en présentiel, « le cas échéant avec des jauges adaptées ». 
Ce matin, devant les députés, le Premier ministre Jean Castex a également précisé que les « activités périscolaires et extrascolaires »  seraient suspendues dans les mêmes conditions, c’est-à-dire dès mardi prochain. Les apprentis seront soumis aux mêmes règles que les lycéens, a également précisé Jean Castex. « Les concours qui auront lieu pendant cette période seront maintenus. En revanche, les examens qui ne peuvent se dérouler en distanciel seront autant que possible reportés en mai. » 
Ces mesures ne s’appliquent pas outre-mer. 

Conséquence pour les communes

Ces décisions vont avoir de multiples conséquences dans les communes, qui gèrent les crèches, les écoles maternelles et les écoles élémentaires. 
Première conséquence : les personnels communaux qui travaillent dans ces établissements devront, pour partie, être réaffectés à d’autres tâches ou placés en autorisation spéciale d’absence. Tous les détails seront certainement donnés dans les jours à venir, mais il est probable que les mesures mises en place pendant le premier confinement devraient être en bonne partie reconduites. Cependant, comme au printemps là encore, les communes devront organiser l’accueil des enfants des « personnels prioritaires »  (notamment les personnels de santé), dont la liste sera publiée « demain », a précisé ce matin Jean Castex. 
Autre conséquence de taille pour les collectivités et EPCI – comme pour tous les autres employeurs : la présence des enfants à la maison pendant trois à quatre semaines va empêcher de nombreux agents de pouvoir aller travailler. « Les parents qui devront garder leurs enfants et ne peuvent pas télétravailler auront droit au chômage partiel », a certifié le chef de l’État hier soir. Pour les fonctionnaires, ils auront donc droit, comme au printemps dernier, aux autorisations spéciales d’absence. 
Le Premier ministre a évoqué, devant les députés, le problème « social »  posé par la fermeture des établissements, avec notamment, pour les familles les plus modestes, la difficulté posée par la fermeture des cantines scolaires. Sans annoncer de mesure concrète, le Premier ministre a indiqué que l’État serait « aux côtés »  de ces familles, avec « des mesures d’accompagnement adaptées »  qui seront dévoilées prochainement. 

Crèches : plusieurs questions encore sans réponse

Les élus se posent beaucoup de questions sur l’organisation concrète des choses, la semaine prochaine. Selon Xavier Madelaine, maire d’Amfreville (Calvados) et co-président du groupe de travail Petite enfance de l’AMF, joint ce matin par Maire info, « le téléphone n’arrête pas de sonner depuis ce matin, les maires veulent savoir comment procéder ». Une réunion était prévue ce matin entre les représentants des élus et le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet, mais elle a finalement été reportée à demain. 
La première question que se posent les maires, concernant les crèches, est naturellement celle de la poursuite des aides financières exceptionnelles décidées par la Cnaf au printemps dernier, qui avaient représenté « un apport extrêmement apprécié par les communes », souligne Xavier Madelaine. Questions aussi sur les crèches qui vont accueillir les enfants des publics prioritaires : « La Cnaf avait pris en charge une partie des surcoûts, précise le maire d’Amfreville, mais une partie seulement, à hauteur de 10 euros par jour et par place occupée ». 
L’AMF pose également la question de l’accompagnement de la PMI (Protection maternelle et infantile) des départements dans ce dispositif. « Nous souhaitons une présence renforcée des PMI dans les crèches qui accueilleront les publics prioritaires, mais aussi auprès des assistantes maternelles, qui représentent aujourd’hui un public en souffrance. » 
Les maires attendent également de connaître la liste des personnels prioritaires – qui ne devrait pas sensiblement différer de celle du printemps dernier – et « quels seront les protocoles sanitaires qu’il faudra respecter »  dans les crèches qui resteront ouvertes. 
Enfin, Xavier Madelaine va demander au secrétaire d’État des précisions sur l’organisation de la vaccination des personnels de la petite enfance et, plus largement, du personnel employé dans les écoles : on se souvient en effet que si le gouvernement a promis le démarrage de la vaccination des enseignants en avril, il n’a rien dit sur les personnels des crèches ou les Atsem. 
Réponses, on l’espère, demain après-midi. Maire info reviendra sur ces questions dès son édition de mardi. 

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