Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 1er avril 2021
Coronavirus

Comprendre les mesures « renforcées » qui seront en vigueur sur tout le territoire dimanche

Jusqu'à présent, seuls 19 départements étaient concernés par les mesures dites de « freinage renforcées », terme que le gouvernement préfère à celui de « confinement ». Dès dimanche matin, et jusqu'au 3 mai, elles s'appliqueront sur l'ensemble du territoire métropolitain. Retour sur ces mesures qui, désormais, concernent tous les maires.

Par Franck Lemarc

« Certains militaient pour le retour généralisé de l’attestation comme en mars 2020. Nous n’avons pas retenu cette option », a rappelé le président de la République, hier soir. Autrement dit, il n’y aura pas de confinement « dur », pas non plus de confinement « allégé »  comme à l’automne dernier, mais une extension à tout le territoire de la stratégie adoptée le 18 mars dans les départements en alerte maximale, et résumée par le gouvernement d’une formule : « Dedans avec les siens, dehors en citoyen. »  Autrement dit, pas question d’obliger, comme au printemps dernier, les citoyens à rester confiner chez eux, mais un appel à la « responsabilité et au civisme » : « Chacun doit veiller non pas à s’enfermer, mais à limiter au maximum les contacts, les rencontres, les moments de proximité avec d’autres personnes. » 

Les déplacements

Il sera donc possible à chacun de sortir de chez soi et de se déplacer à sa guise dans un rayon de 10 km autour de chez soi, sans limitation d’horaires – en dehors du couvre-feu, naturellement, puisque celui-ci sera bien maintenu de 19 h à 6 h du matin. 
Un certain flou règle depuis le 18 mars, dans les départements déjà soumis à ces règles, sur la nécessité ou pas de se munir d’une attestation dans certains cas : en effet, l’attestation fournie par le ministère de l’Intérieur ne permet, en théorie, de se passer de celle-ci que pour les déplacements liés à la « promenade »  ou « l’activité sportive ». Il faudrait donc se munir d’une attestation, même pour des déplacements de moins de 10 km. Sauf que le chef de l’État comme le Premier ministre ont balayé cette nuance, très clairement : « L’attestation ne sera obligatoire en journée que pour les déplacements au-delà de 10 kilomètres du domicile », a déclaré Emmanuel Macron hier, sans précision de motif donc. Même son de cloche pour Jean Castex devant les députés ce matin : « Une attestation précisant le motif du déplacement sera exigée au-delà des 10 km ». 
Les Français pourront donc se déplacer librement hors de chez eux sans attestation, tant qu’ils sont en mesure de prouver, par la présentation d’un justificatif de domicile ou d’une pièce d’identité, qu’ils sont bien à moins de 10 km de chez eux. Au-delà (et à l’exception de certains déplacements jusqu’à 30 km), les déplacements inter-régionaux vont être interdits à l’échelle de tout le pays, sauf motifs impérieux (professionnels, familiaux ou de santé). 
Une des principales conséquences de ces mesures, pour les Français, sera donc l’impossibilité de partir en vacances. Le gouvernement a, en revanche, pris la précaution de faire débuter l’application de ces mesures à dimanche matin, afin de permettre à ceux qui le souhaitent de partir s’installer (« se mettre à l’abri », a dit le chef de l’État) dans un autre lieu avant le début de l’interdiction. 
Du côté des rassemblements, rien ne change : les rassemblements de plus de six personnes sur la voie publique restent interdits, et le gouvernement entend « faire respecter »  cette interdiction, a dit ce matin Jean Castex. 

Plus d’alcool sur la voie publique

Le Premier ministre a également annoncé, devant les députés, une mesure jusque-là inédite à l’échelle nationale : « La consommation d’alcool sur l’espace public sera interdite. »  Si les préfets avaient pu prendre, ponctuellement et localement, des mesures similaires, jamais l’État, dans cette crise, n’avait encore pris une telle décision. Il va donc être impossible, sans doute dès dimanche, de consommer une boisson alcoolisée vendue « à emporter »  dans un café – comme cela se fait énormément, ces derniers jours, notamment dans les centres des grandes villes. 
Le Premier ministre a eu des mots très sévères vis-à-vis des rassemblements festifs qui ont pu avoir lieu ces derniers jours, par exemple à Lyon, à Lille ou à Paris. « Je condamne sans réserve l’irresponsabilité dont font montre certains, se croyant sans doute invincibles aux ravages de la maladie (…). Ces comportements – qu’il s’agisse des rassemblements festifs, du non-respect du couvre-feu ou du refus du port du masque – nous devons les prévenir et les sanctionner. » 
Rappelons au passage que, après une mise au point faite la semaine dernière par le gouvernement, on sait à présent que ces mesures de freinage « ne font pas obstacle »  à la présence du public lors des réunions des assemblées délibérantes des collectivités locales, si celles-ci ont lieu en journée (lire Maire info du 26 mars). En revanche, si les réunions ont lieu après 19 h, le couvre-feu interdit au public d’y assister.

Les commerces, premiers touchés

Ce sont finalement les commerçants qui vont payer le plus lourd tribut à l’extension de ces mesures à l’échelle nationale : en effet, c’est maintenant dans tout le pays que les commerces dits « non essentiels »  vont devoir fermer leurs portes dès dimanche. Selon Bercy, le nombre de commerces fermés va passer de 90 000 à 150 000. Maire info reviendra en début de semaine prochaine, après la publication du décret, sur les règles, mais le gouvernement a d’ores et déjà prévenu qu’elles seraient les mêmes que celles en vigueur dans les 19 départements en alerte maximale. Autrement dit, la liste des commerces autorisés à rester ouverts sera assez longue, mais elle n’incluera pas, par exemple, les magasins de vêtements, les chausseurs, les parfumeries, les esthéticiens… 
« Tous les dispositifs (d’aide) mis en place »  seront maintenus « tant que durera la crise », a martelé Jean Castex devant les députés. 

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