Maire-info
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Édition du mercredi 16 octobre 2024
Fonction publique

Absentéisme territorial : léger recul en 2023, mais la gravité des arrêts maladie progresse

Avec un taux d'absentéisme de 9,6%, les collectivités retrouvent un niveau comparable à celui enregistré avant la crise sanitaire. Si la maladie ordinaire reste la première cause des absences au travail, la durée des arrêts s'allonge pour atteindre 51 jours, avec un coût moyen estimé à 2 254 euros par agent.

Par Emmanuelle Quémard

En 2023, les agents des collectivités territoriales n’ont pas été plus nombreux à s’absenter pour cause de maladie, ils ne se sont pas absentés plus souvent au cours de l’année, mais la durée de leurs absences s’est encore allongée, confirmant une tendance observée depuis 2018. Telles sont les principales conclusions du Panorama 2024 sur la Qualité de vie au travail et la santé des agents territoriaux publié le 15 octobre par le cabinet Relyens. 

L’étude, réalisée par ce groupe mutualiste spécialisé dans le management des risques chez les acteurs de la santé et des territoires (1), montre d’abord que le taux d’absentéisme enregistré dans la sphère publique locale en 2023 s’inscrit dans un étiage comparable à celui de la période ayant précédé la pandémie de covid-19. S’élevant à 9,6 % (10,1 % en incluant les congés maternité), ce taux de l’absentéisme territorial est en légère baisse par rapport à celui de l’année précédente (9,7 % en 2022). Relyens constate, par ailleurs, que sur les cinq dernières années (2018-2023), l’absentéisme des agents territoriaux atteint un niveau élevé (12 %), soit l’équivalent de 12 agents absents tout au long de l’année sur un effectif de 100 personnes. 

Selon l’étude, ce sont les arrêts pour maladie ordinaire qui constituent la première cause d’absence au travail dans les collectivités. Ce type d’arrêts représente, en effet, plus de la moitié du taux d’absentéisme général (52 %), il concerne plus de 8 arrêts sur 10 (82 %) et trois quarts des agents absents (76 %). À noter que la plupart des arrêts pour maladie ordinaire sont de courte durée (46 % sont inférieurs à sept jours) et ne représentent qu’un faible volume du total des jours d’absence (moins de 7 %). A l’inverse, les arrêts de plus de 15 jours sont moins nombreux, mais ils concernent 85 % des jours d’arrêt. Quant aux arrêts les plus longs (entre 181 jours et un an), ils représentent plus du quart (26,6 %) du total des jours d’arrêt pour maladie ordinaire. 

En outre, le coût moyen des arrêts pour maladie ordinaire reste sur une courbe ascendante. En quinze ans, cet indicateur a progressé de 6 points ; le coût journalier estimé par agent passant de 413 euros en 2006 à 1 100 euros en 2021. Selon Relyens, en 2023, le coût moyen des arrêts maladie pour les collectivités s’élevait –toutes natures d’arrêts confondues – à 2 254 euros par agent. Dans le détail, les arrêts pour maladie ordinaire représentent 1 082 euros par agent, contre 131 euros pour les arrêts pour maternité, 632 euros pour les longues maladies ou les maladies de longue durée, et 409 euros pour les accidents du travail. 

Un pic d’absentéisme dans les communes employant entre 50 et 199 agents

Le Panorama met aussi en exergue le lien entre la taille des collectivités et la proportion d’agents absents pour raison de santé. Ainsi, si le taux d’absentéisme atteint 7,7 % dans les communes comptant un seul ou deux agents, il s’élève à 10,4 % dans celles qui emploient entre 30 et 49 agents et culmine à 11 % dans les communes dont l’effectif s’établit entre 50 et 199 agents. Dans les communes les plus importantes (plus de 500 agents), l’absentéisme atteint 10,9 %, tandis que dans les structures intercommunales, le taux varie entre 8,8 % (entités de moins de 50 agents) et 9,2 % (entités de plus de 50 agents).

Les autres indicateurs analysés par le Panorama mettent en évidence des baisses du taux de fréquence (nombre d’arrêts) et du taux d’exposition (proportion d’agents ayant eu au moins une absence dans l’année) constatées depuis 2018 dans la territoriale. Avec 55 arrêts pour 100 agents enregistrés en 2023, le niveau de fréquence des arrêts pour maladie représente un repli de 5 % en cinq ans (mais une hausse de 8% sur les dix dernières années). De même, si le niveau d’exposition se rétracte de 6 points en 5 ans, il marque une progression de 2 % sur 10 ans. 

Explosion de l’indice mesurant la gravité des arrêts maladie

Toutefois, Relyens note que l’indice de gravité des arrêts de travail constitue l’élément moteur de l’absentéisme au sein de la fonction publique territoriale (FPT). Cet indice, qui mesure la durée des arrêts, s’élève pour 2023 à 51 jours en moyenne, toutes natures d’absences confondues. Au cours des cinq dernières années, cet indicateur bondit de 8 % et progresse même de 27 % si l’on considère la période 2013-2023. 

Cette flambée du taux de gravité des arrêts maladie au sein de la FPT impacte bien évidemment la rémunération des personnels territoriaux. « En moyenne plus de 3 agents sur 100 sont en arrêt et vivent un passage de plein à demi-traitement. Dans les effectifs d’agents en arrêt pour raison de santé, près de 20 % sont à demi-traitement », observe Relyens en soulignant l’importance pour les employeurs territoriaux de mettre en place une protection sociale complémentaire (PSC) à la hauteur de cet enjeu. 

« Face à la croissance de la sinistralité des arrêts pour raison de santé, les collectivités doivent se mobiliser pour promouvoir l’employabilité durable de leurs agents et progresser sur le déploiement d’actions de prévention », affirment les auteurs du Panorama.

(1)   Étude réalisée auprès d’un échantillon de 455 000 agents affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) et répartis dans 15 160 collectivités françaises. 

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