Pour la première fois depuis la mise en place du Plan national canicule, quatre départements ont été placés hier en vigilance rouge par Météo France, ce qui induit le déclenchement par les préfets du niveau 4 de ce plan, « mobilisation maximale ».
Les 964 communes des départements des Bouches-du-Rhône, du Gard, de l’Hérault et du Vaucluse sont concernées par cette nouvelle hausse du niveau de vigilance, tandis que la presque totalité du pays – hormis le nord, le Contentin, la Bretagne et quatre départements du sud-ouest – sont en vigilance orange. Cette alerte rouge est déclenchée du fait de températures qui, selon Météo France, pourraient atteindre «
des valeurs encore jamais observées en France métropolitaine », avec localement «
la possibilité de dépasser les 45 ° C » sous abri.
Le niveau 4 du Plan canicule correspond «
à une canicule avérée exceptionnelle, très intense et durable, avec apparition d’effets collatéraux dans différents secteurs (sécheresse, approvisionnement en eau potable, saturation des hôpitaux ou des pompes funèbres, panne d’électricité, feux de forêts, nécessité d’aménagement du temps de travail ou d’arrêt de certaines activités…) ». Elle nécessite «
la mise en œuvre de mesures exceptionnelles ».
Des maires relativement « habitués »
Seul point rassurant : cette alerte rouge intervient dans des départements qui sont relativement habitués aux fortes chaleurs, comme l’explique ce matin à
Maire info Georges Cristiani, maire de Mimet et président de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône. «
Sans prétention aucune, je dirais que faire face aux chaleurs accablantes, on sait le faire, même si là, atteindre les 42 ° C au moins de juin, c’est exceptionnel et très inquiétant du point de vue de l’évolution du climat. » Mais le maire de Mimet ne se montre pas exceptionnellement inquiet : «
Le plus important c’est de veiller aux personnes âgées isolées et aux enfants. Dans ma commune, nous sommes en contact avec toutes les personnes âgées, que nous allons voir, qu’il s’agisse des moments de canicule ou des épisodes neigeux en hiver. » Reste la question des crèches et des écoles : «
La plupart des maires du département ont mis en place des ventilateurs, des brumisateurs, des points d’eau supplémentaires. L’inspecteur d’académie a fait une déclaration de bon sens pour dire que les parents qui ont la possibilité de garder leurs enfants à la maison peuvent le faire, mais pour autant, il faut rappeler que les enfants sont parfaitement en sécurité dans les crèches, j’ai totalement confiance dans les compétences du personnel. » Pour l’instant, dans le département des Bouches-du-Rhône, «
aucun maire n’a pris la décision de fermer les écoles ou les crèches ».
Les mairies prennent, chacune, les décisions nécessaires : à Mimet, la commune a acquis «
200 brumisateurs », qui ont été distribués à des personnes âgées ou à des familles ayant des nourrissons.
Dans l’Hérault, le président de l’association départementale des maires, Christian Bilhac, ne fait pas non plus montre d’une inquiétude excessive, dans un département «
habitué aux étés méditerranéens ». «
Une centaine d’écoles a fermé dans le département. Certains maires ont supprimé le service de restauration scolaire à midi. » Il n’y a pas – contrairement à ce qui se passe dans le nord par exemple – de problème de pénurie d’eau directement lié à la canicule. «
Il y a certes des problèmes de niveau des nappes phréatiques, détaille le maire de Péret,
mais ils sont dus à la faiblesse des pluies de printemps, pas à la situation actuelle. »
Les deux maires restent toutefois prudents sur les conséquences de ce coup de chaud exceptionnel et estiment, comme l’explique Georges Cristiani, qu’il est «
bien trop tôt » pour pouvoir faire un bilan sur le plan sanitaire.
Dans les quatre départements, «
les sorties scolaires et les événements festifs seront annulés ou reportés, sauf s'ils se déroulent dans des lieux frais, sans nécessité de déplacement exposant à la chaleur », a précisé ce matin la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Dommages collatéraux
Côté gouvernement, le Premier ministre préside ce matin une réunion interministérielle consacrée à cette situation, au Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgence sanitaires et sociales (Corruss), afin de «
faire le point sur la gestion de l’épisode caniculaire », souligne Matignon.
Conséquences collatérales de cet épisode de sécheresse : un certain nombre de difficultés se font jour sur le réseau ferroviaire – avec notamment un train Paris-Clermont-Ferrand bloqué en pleine voie toute la nuit dernière. La ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, a conseillé hier aux Français qui le peuvent de «
reporter leurs déplacements », et la SNCF a annoncé que les reports pourraient s’effectuer «
sans frais ». Autre conséquence : le danger des baignades sauvages – quatre personnes sont décédées par noyade depuis le début de la semaine. Enfin, comme à chaque épisode de canicule, les communes sont confrontées au phénomène dit de
street-pooling [baignade de rue], c’est-à-dire l’ouverture sauvage des bouches à incendie (lire
Maire info des
23 juin 2017 et
3 juillet 2018). Outre le fait que cette pratique a pour conséquence de vider des réserves d’eau pourtant indispensables pour les pompiers, voire de provoquer des pénuries d’eau, comme c’est le cas dans certaines communes du Nord, autour de Valenciennes, elles peuvent s’avérer extrêmement dangereuses : hier, en enfant de 6 ans a été grièvement blessé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), projeté en l’air par le geyser provoqué par l’ouverture d’une bouche à incendie. Il est ce matin entre la vie et la mort.
F.L.