Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 15 juillet 2024
Élections

Élections législatives : face à une « situation de blocage », les associations d'élus réclament « compromis » et « réponses concrètes »

Dans le contexte politique inédit du pays, les associations d'élus considèrent les communes comme des « pôles de stabilité » et d'apaisement ».

Par A.W.

Alors qu’aucun nom pour Matignon ni aucun nouvel exécutif n’étaient encore en vue ce matin et que le Premier ministre, Gabriel Attal, et son gouvernement devraient démissionner demain, les associations d’élus ont réagi tout au long de la semaine passée en rappelant « l’urgence à agir »  alors qu’il y a un risque que le pays devienne ingouvernable

Arrivé en tête au second tour des législatives, le Nouveau Front populaire (NFP) revendique la légitimité de former le futur gouvernement, ce qu’a pour l’heure exclu le chef de l’État qui a estimé que « personne ne l'a emporté » , Emmanuel Macron espérant réunir une coalition alternative. 

La première date butoir se rapproche puisque la nouvelle Assemblée nationale se réunira pour la première fois ce jeudi afin d’ouvrir les travaux de la nouvelle législature. À cette occasion auront lieu les votes décisifs pour les postes clés de cette nouvelle assemblée.C'et notamment pour permettre aux 17 ministres élus députés de pouvoir siéger et prendre part aux votes que l'Élysée a annoncé que la démission du gouvernement serait annoncée demain soir. Le gouvernement sera alors chargé des affaires courantes, pour un temps indéterminé. 

Les communes, « pôles de stabilité »  et « d’apaisement » 

Devant cette situation politique inédite, l’AMF avait assuré, lundi dernier, que les communes sont « plus que jamais des pôles de stabilité », et sont « les garantes de la continuité du service public pour tous et partout sur le territoire ». 

Une formule reprise par l’Association des maires ruraux de France (AMRF), qui assure que « dans une vie politique qui en manque tant, le maire est un repère », la commune demeurant « le seul pôle de stabilité dans ce climat politique où l’invective et la violence dominent ». Par la voix de son président, Michel Fournier, celle-ci s’emporte d’ailleurs contre « tous ceux qui veulent l’entretenir », souhaitant que ceux-ci « soient mis au banc [sic] de notre société suffisamment déchirée ! ».

Une « grande violence »  également fustigée par Villes de France, qu’elle ait été dirigée vers « les candidats et les militants »  ou qu’elle se soit manifestée « dans des propos empreints d’extrémismes qui ont été tenus à des fins électorales ». « Dans la situation complexe du pays », l’association présidée par Gil Avérous, a, elle aussi, tenu à réaffirmer que « nos villes et agglomérations peuvent être des facteurs d’équilibre et d’apaisement, pour réduire les fractures sociales et territoriales », celle-ci refusant que « s’opposent ou s’ignorent la France qui souffre et celle qui va bien ».

Apporter des « réponses concrètes » 

Dans ce contexte, l’association appelle les élus nationaux « à se rassembler et à dépasser les clivages politiques »  et à « entendre la réalité des territoires et de nos habitants en s’occupant enfin de leur quotidien ». Car, selon elle, « il est temps de prendre en compte [les] besoins [des citoyens des villes moyennes] et par là même, d’apporter des réponses concrètes aux craintes qu’ils rencontrent au quotidien ».

De la même manière Intercommunalités de France estime que c’est le moment de « saisir l’urgence d’agir concrètement et collectivement pour maintenir et développer des services publics efficaces au service de tous, et développer des politiques publiques nouvelles dans chaque bassin de vie ».

« L’ensemble des candidats n’ont pu que ressentir les profondes difficultés rencontrées par nos concitoyens », estime de son côté l’APVF qui rappelle que « dans nombre de territoires, la désertification médicale, les dysfonctionnements des services publics, le sentiment de relégation et d’abandon, a constitué un puissant déterminant de vote ». 

« Il y a donc urgence à prendre les problèmes à bras le corps et à changer de braquet en la matière. C’est l’efficacité des politiques publiques […] qu’il convient d’évaluer et de réorienter fortement, sous peine de nourrir encore un peu plus le vote de colère », assure-t-elle, appelant à son tour « les nouveaux parlementaires et le futur gouvernement à se saisir en urgence de ces questions et à faire du combat contre les fractures territoriales et sociales une question prioritaire ».

« Compromis »  et rassemblement

Pour y parvenir les associations d’élus réclament « compromis »  et rassemblement.
Si la nouvelle configuration de l’Assemblée « peut déboucher sur une situation de blocage qui serait préjudiciable pour le pays », « chacun devra faire les efforts nécessaires pour sortir des oukases et trouver les compromis utiles sur des sujets majeurs pour les Français », affirme Villes de France.

« C’est un appel à la raison et à l’action que les élus locaux lancent [aux] députés », enjoint pour sa part l’AMRF, qui prône « la coopération », qu’elle souhaite « voir mise en œuvre à l’échelle nationale ».

Même analyse du côté d’Intercommunalités de France qui juge « nécessaire de mieux travailler ensemble ». La « très forte mobilisation de nos concitoyens »  est un « signe d’attentes fortes à l’égard des décideurs publics, [qui] nous oblige collectivement, élus locaux et nationaux, à la responsabilité ».

Intercommunalités de France en appelle donc à « l’apaisement, en accord avec les valeurs de coopération, de cohésion et de compromis portées au quotidien dans nos communautés de communes, agglomérations et métropoles ».

« Pouvoir d’achat, sécurité, éducation, mobilités, logement, emploi sont au cœur des préoccupations des Français, et l’État ne peut seul répondre à ces défis. Mais aucune échelle de collectivité – commune, intercommunalité, département ou région –, ne peut non plus se targuer de pouvoir disposer seule des solutions », affirme l’ex-AdCF, celle-ci plaidant pour « un changement de méthode dans la façon de travailler ensemble ».

Intercommunalités de France souhaite ainsi que « l’ensemble des associations d’élus puissent se retrouver rapidement pour échafauder les contours d’un nouveau cadre de dialogue efficace et propice à répondre aux besoins de nos habitants ».
 

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