Parrainages : pourquoi les associations d'élus ont refusé de se rendre à la réunion appelée par Jean Castex
Par Franck Lemarc
C’est mardi après-midi, lors de la séance de questions au gouvernement, que le Premier ministre a évoqué cette réunion. La députée MoDem Élodie Jacquier-Laforge a interpellé Jean Castex sur la difficulté de certains candidats à réunir les parrainages, estimant que cette question revêt « un caractère d’urgence ». C’est en effet le moins que l’on puisse dire, à une semaine de la fin de la période de recueil des parrainages, et on peut une fois encore déplorer que le gouvernement n’ait pas souhaité prendre le problème à bras le corps en temps voulu, c’est-à-dire suffisamment en amont pour qu’il soit possible de voter la loi organique nécessaire à un changement de règles.
Jean Castex a répondu à la députée en reconnaissant que la situation était « extrêmement importante » et que le fait que plusieurs candidats « crédités d’intentions de vote élevées » n’aient toujours pas leurs parrainages était « insatisfaisant pour la démocratie ». il a appelé les élus habilités à parrainer à le faire, précisant que « seuls 10 000 des 42 000 élus susceptibles de parrainer » l’ont fait à ce jour, ce qui est « en diminution » par rapport à 2017. Le Premier ministre a alors annoncé avoir « choisi de réunir l’ensemble des représentants d’associations d’élus locaux » pour « évoquer la situation », précisant, un peu vite, que « ceux-ci (avaient) accepté (son) invitation ».
« Trop tard »
Une déclaration étonnante, dans la mesure où David Lisnard, président de l’AMF, a expliqué hier à Maire info avoir appris cette invitation « dans la presse ». Dès mardi soir, André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, interrogé sur France info, a sèchement réagi à la déclaration du Premier ministre, la jugeant « indécente » : « Cela fait cinq ans que ce gouvernement et cette majorité sont en action, et ils n'ont rien fait. Dix jours avant, le Premier ministre essaie de se donner le rôle du démocrate de service qui viendrait tancer les maires qui n'ont pas décidé de soutenir tel ou tel candidat. » Et ajoutant : « Ne faisons pas retomber sur les maires la responsabilité d'un système qui aurait pu être modifié depuis cinq ans, et devant lequel le gouvernement et le président ont été totalement inertes. »
Le lendemain, les responsables des trois associations nationales d’élus – l’AMF, Régions de France et l’ADF – convenaient de ne pas se rendre à l’invitation du Premier ministre, comme David Lisnard s’en expliquait, en milieu de journée, dans Maire info. Puis paraissait un communiqué commun des trois associations, afin d’expliquer « pourquoi l’AMF, l’ADF et Régions de France ont décliné la convocation de Matignon ». Les associations jugent que le Premier ministre « a raison de se préoccuper de la question des parrainages » – d’autant plus raison que les associations, elles, « ont alerté le gouvernement sur ce sujet » depuis « plusieurs mois ». Mais il le fait « trop tard », à un moment où « le Premier ministre n’a plus aucune possibilité de modifier les règles en vigueur par une loi organique ». Dans ce contexte, les associations n’ont aucune intention de « se faire instrumentaliser » ni de « servir de faire valoir à l’exécutif » – d’où leur refus de se rendre ce matin à Matignon.
Les associations « disponibles », après la présidentielle
« Il ne peut donc y avoir aujourd’hui de consultation institutionnelle des associations de collectivités comme s’il s’agissait de préparer une réforme du dispositif. Cela devra attendre la prochaine mandature », écrivent les trois associations, qui jugent que la seule option qui reste au Premier ministre est de « mobiliser l’ensemble des parlementaires et des élus de la majorité pour qu’ils apportent leurs parrainages aux candidats en difficulté », ce qui est une démarche « politique et non institutionnelle ». L’AMF, l’ADF et Régions de France demandent au gouvernement de « ne pas faire pression sur les élus habilités à parrainer ni de faire porter aux associations d’élus locaux une responsabilité qui n’est pas la leur ».
« Les associations d’élus locaux sont au service de leurs adhérents, elles ne leur donnent pas d’instruction, dans quelque matière que ce soit, et surement pas dans l’exercice d’une prérogative dont le Conseil constitutionnel a rappelé avec constance qu’elle constitue un droit personnel des élus concernés », concluent les trois associations, qui se disent de nouveau « disponibles », en revanche, pour « travailler à une modification du dispositif actuel après l’élection présidentielle ».
Après le refus exprimé par les associations d’élus de se rendre à la réunion, Jean Castex a annoncé hier avoir décidé d’annuler celle-ci.
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