Covid-19 : les plus défavorisés moins souvent vaccinés, selon une étude de la Drees
Par Franck Lemarc
En juillet 2021, en France métropolitaine, 72,2 % des personnes majeures interrogées dans le cadre de cette enquête déclaraient être vaccinées (au moins une dose), détaille le service statistique des ministères sociaux dans cette étude élaborée par l’Inserm.
Les non-vaccinés se répartissent en trois tiers environ, avec 9,8 % de personnes ayant l’intention de se faire vacciner et autant (9,8 %) disant « ne pas savoir » si elles allaient le faire. Enfin, 8 % de personnes ne souhaitaient pas se faire vacciner, ajoutent les auteurs de ce troisième volet de l’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov).
Selon cette enquête, qui a porté sur 85 032 personnes majeures du 24 juin au 9 août, les critères sociaux sont déterminants : « Le fait d’être vacciné dépend fortement de la position sociale des personnes interrogées (niveau d’études, niveau de vie ou profession) », est-il résumé.
Disparités sociales
C’est le niveau de vie qui apparaît le plus discriminant: 55 % des adultes dont le niveau de vie est inférieur au premier décile (les 10 % de personnes au niveau de vie le plus faible) étaient vaccinés, contre 88 % des adultes dont le niveau de vie est supérieur au dernier décile (les 10 % les plus aisés), note l’étude.
Différences marquées aussi selon la catégorie socioprofessionnelle, avec 65 % des ouvriers ou anciens ouvriers vaccinés, contre 83 % des cadres ou anciens cadres. On note encore presque 10 points d’écart selon le niveau d’éducation, avec 70 % des personnes sans diplôme vaccinées mais 79 % chez les titulaires d’un diplôme supérieur ou égal à un bac + 5.
Enfin, les personnes immigrées originaires d’un pays hors d’Europe et leurs descendants sont moins vaccinées que l’ensemble de la population adulte, respectivement 59 % et 53 %.
Ces inégalités de recours à la vaccination sont présentes indépendamment de l’âge ou de l’état de santé, note la Drees.
Les auteurs relèvent que ces disparités sociales « rejoignent celles constatées lors des précédentes campagnes vaccinales ».
Même si certaines populations (les plus âgées et les moins diplômées) disent avoir eu besoin d’une tierce personne pour prendre rendez-vous, l’étude ne permet pas de « déterminer si les personnes non vaccinées auraient rencontré des difficultés particulières dans l’accès à la vaccination (trouver un créneau libre près de chez soi, pouvoir se libérer pour aller se faire vacciner ou encore savoir prendre rendez-vous sur internet ou par téléphone) », préviennent les auteurs.
Autre enseignement: les personnes n’ayant pas du tout confiance dans l’action du gouvernement pour limiter la propagation du virus sont 51 % seulement à être vaccinées contre 85 % chez celles ayant tout à fait confiance. Les disparités de recours à la vaccination selon le degré de confiance dans les autorités transcendent les autres caractéristiques socio-économiques.
Quant à ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner, plus de la moitié indiquent n’avoir pas du tout confiance dans l’action du gouvernement pour limiter la propagation du virus, contre une personne sur huit parmi les vaccinés.
Pour autant, ces chiffres ne permettent pas de savoir si la défiance à l’égard du gouvernement ou des scientifiques est une « cause directe » du refus du vaccin, précisent les auteurs.
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