Violences contre les femmes : le gouvernement insiste sur les avancées, les associations attendent « une réponse politique »
2020 restera comme « une année terrible pour les femmes », pouvait-on lire, mercredi place de la République à Paris à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le confinement du printemps a eu un effet délétère : en mai, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, estimait que le nombre de plaintes pour violences conjugales avait augmenté d’au moins de 36 % entre mars et mai. Il est encore trop tôt pour tirer les conséquences du deuxième confinement, qui devrait prendre fin le 15 décembre.
Sa successeure, Elisabeth Moreno, est revenue, mercredi au sortir du conseil des ministres, sur les conséquences du confinement pour les femmes victimes de violences et sur les 46 mesures annoncées, il y a un an jour pour jour, lors du Grenelle contre les violences conjugales. Au même moment, plusieurs associations battaient le pavé : « Malgré le confinement, nous sommes là pour rappeler au gouvernement qu'il faut une réponse politique. On exige des mesures ambitieuses qu'on est en droit d'attendre, car c'est censé être la grande cause du quinquennat », disait à l'AFP Céline Piques, d'Osez le féminisme. Les manifestantes demandent en particulier des tribunaux spécialisés pour juger ces violences, ainsi qu'une revalorisation à hauteur d'un milliard d'euros du budget public consacré à la lutte. En face, Elisabeth Moreno promet un budget 2021 « en hausse de 40 % » et souligne les avancées du Grenelle.
Généralisation des bracelets anti-rapprochement en décembre
28 des 46 mesures annoncées seraient, en effet, « effectives » et 18 « en cours de réalisation », selon la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances. « De nombreuses mesures importantes sont désormais en vigueur, grâce à plusieurs lois, décrets et circulaires : déploiement des bracelets anti-rapprochement (généralisation à toute la France en décembre), ouverture de 1 000 places d’hébergement dédiées en 2020 (5 millions d'euros) et 1 000 supplémentaires en 2021 (5 millions d'euros), 39 500 formations de policiers et de gendarmes en 2020, 53 conventions départementales pour permettre la prise de plaintes à l’hôpital, possibilité d’activer le déblocage anticipé de l’épargne salariale, formation des enseignants, levée du secret médical en cas de danger immédiat pour la victime », énumère-t-elle.
La ministre a également cité les 17 centres de prise en charge et d'accompagnement des auteurs de violence qui doivent être créés « dès cette année sur tout le territoire national ». Et retient également la multiplication par trois du nombre de téléphones grave danger (TGD) déployés depuis 2017. Au 5 novembre 2020, 1 644 TGD ont été déployés. Ces derniers « permettent aux victimes de joindre, en cas de grave danger, des professionnels via une plateforme de téléassistance accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, et, le cas échéant, permettent aux forces de l’ordre d’intervenir en urgence ».
Une « recrudescence » de violences contre les femmes pendant le confinement
Le confinement a, par ailleurs, bien provoqué une « recrudescence » des violences faites aux femmes. La ministre rappelle que, durant ce deuxième confinement, « les femmes devant quitter leur domicile pour se protéger de violences sont exemptées de toute obligation de se munir d’une attestation de déplacement ». Elle communique aussi sur l’existence de dispositifs d’écoute et d’alerte, à l’instar des numéros 3919, « accessible sept jours sur sept en métropole et en outre-mer », 24 heures sur 24 dès l’an prochain, et 114, « accessible aux personnes ayant des difficultés à parler ou à entendre ».
La plateforme « Arrêtons les violences » permet, quant à elle, « des signalements en ligne, assurant une connexion directe avec les forces de l’ordre ».
Les pharmacies peuvent, elles aussi, jouer un rôle dans la protection des femmes victimes de violences. Le dispositif « Alerte pharmacie » permet, en effet, aux victimes de violences intrafamiliales de « pouvoir se signaler auprès de leur pharmacien qui, le cas échéant, contactera les forces de l’ordre. Ce dispositif est activé auprès des 22 000 officines en France métropolitaine ainsi qu’en outre-mer ».
500 000 euros pour financer les nuitées d'hébergement pour les victimes
L'autre urgence est celle des besoins en hébergement. « La crise sanitaire et le confinement ont engendré une augmentation des demandes d’interventions et, par conséquent, d’hébergement d’urgence. Dans ce contexte, 500 000 euros ont été mobilisés pour financer des nuitées d’hébergement pour les victimes. Par ailleurs, 220 000 euros ont été alloués pour financer l’hébergement de courte durée des auteurs de violences dans le cadre d’une procédure d’éviction, permettant de maintenir les femmes dans leur domicile ».
Elisabeth Moreno a, enfin, annoncé la signature, avec son homologue chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari, une charte impliquant les services de VTC, afin de « sensibiliser et former les chauffeurs au sujet du sexisme ».
Chaque année, quelque 220 000 femmes subissent des violences conjugales et 93 000 sont victimes de viol ou tentative de viol. Paroxysme de ces violences, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019, soit 25 de plus que l'année précédente.
Ludovic Galtier
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