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Édition du lundi 17 février 2025
Voirie

Réseau routier : les dépenses de voirie progressent davantage dans les communes où la construction de logements est la plus forte

Entre 2017 et 2023, les dépenses de voirie ont progressé de 37 % dans les territoires où la construction de logements est la plus marquée, contre près de 23 % dans les cas de faible construction, selon une étude de la DGCL. Cette dernière souligne également les fortes disparités entre les départementaux ruraux et urbains.

Par A.W.

La Direction générale des collectivités locales (DGCL) a publié, la semaine passée, une étude sur les dépenses de voirie des collectivités locales entre 2013 et 2023, dans le cadre de son dernier bulletin d'information statistique (Bis).

Une part des dépenses en baisse

Elle rappelle ainsi que le réseau routier français est « l’un des plus vastes d’Europe »  avec ses 1,1 million de kilomètres et que sa gestion repose principalement sur les collectivités locales. Avec 717 000 km pour l'échelon communal (65,5 %) et 377 000 km à l’échelon départemental. 

Les dépenses de voirie ne pouvant être quantifiées que pour les collectivités de plus de 3 500 habitants (les communes moins peuplées n’étant « pas tenues de ventiler leurs dépenses par fonction » ), la DGCL estime que ces dernières gèrent environ la moitié du réseau national et ont ainsi consacré 13,3 milliards d’euros de dépenses à la voirie en 2023.

Si ces dépenses ont augmenté de 2 milliards d’euros entre 2017 et 2023, passant de 11 à 13 milliards d’euros, leur part dans l’ensemble des dépenses a, elle, diminué de 0,2 point (passant de 7,1 % à 6,9 %), observe l’auteur de la note, qui explique ce recul par « une progression plus rapide des dépenses totales des collectivités ».

En outre, il souligne que la part des dépenses de voirie dans les dépenses totales varie largement selon le type de collectivités puisqu’elle atteignait les 4,9 % pour les communes de plus de 3 500 habitants en 2023 (contre 5,2 % en 2017), 9,7 % pour les groupements à fiscalité propre (8,7 % en 2017) et 7,6 % pour les départements (contre 8,1 % en 2017).

Les deux tiers étaient consacrés aux dépenses d’investissement, le reste aux dépenses de fonctionnement.

De fortes disparités départementales

Pour les départements, la voirie a représenté le premier poste d’investissement en 2023 (4 milliards d’euros) et n’a cessé d’augmenter depuis 2016 (de plus d’un milliard d’euros). En l’espace de dix ans, leurs dépenses d’investissement ont ainsi progressé de plus de 8 points, passant de près de 60 % des dépenses de voirie à un peu plus de 68 %.

À l’inverse, les dépenses de fonctionnement de voirie ne représentaient que le cinquième poste des départements, celles-ci ayant diminué de 300 millions d’euros entre 2016 et 2023, passant de 2,2 milliards à 1,9 milliard d’euros.

De fortes disparités existent, toutefois, entre départements. Sur la longueur d’abord. Si en moyenne, la longueur de la voirie départementale s’élève à un peu plus de 3 800 km, certains départements, comme la Manche et l’Eure-et-Loir, voient la leur largement dépasser les 7 000 km, quand celle de Mayotte, des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis est réduite à moins de 400 km.

Une autre disparité apparaît également entre les zones urbaines et rurales. En milieu urbain, les dépenses par kilomètre sont ainsi plus élevées et les dépenses par habitant plus modérées que dans les départements ruraux qui suivent une logique inverse. 

Dans le détail, plus un département est rural, plus ses dépenses de voirie par habitant sont élevées. Ainsi, si les départements ruraux affichent des dépenses presque deux fois supérieures à celles des départements urbains, le même phénomène se reproduit au sein même des départements ruraux. Résultat, « les 16 départements ruraux de moins de 250 000 habitants dépensent par habitant en voirie deux fois plus que les dix départements ruraux de 500 000 à 749 999 habitants », constate l’auteur de l’étude.

À l’opposé, les départements urbains enregistrent des dépenses de voirie par kilomètre nettement supérieures à leurs homologues ruraux puisqu’ils dépassent les 57 000 euros/km. Les territoires ruraux présentent, eux, des dépenses de voirie en deçà des 10 600 euros/km. En cause, « une faible longueur de voirie [des départements urbains] qui concentre les investissements sur un réseau limité mais intensément utilisé, des infrastructures complexes, incluant des signalisations, des pistes cyclables… ou encore des contraintes opérationnelles, notamment la nécessité de limiter la durée des travaux dans des zones à forte circulation, ce qui pourrait engendrer des coûts supplémentaires », explique la DGCL.

Bloc communal : lien entre logement et voirie

S’agissant du bloc communal, la DGCL a analysé quelques cas-types qui permettent de confirmer ce constat, tout en mettant en lumière « l’importance de la dynamique de construction de logements dans les dépenses de voirie ».

Concrètement, le fait d’avoir un fort niveau de construction de logements entraînerait mécaniquement une forte hausse des dépenses de voirie.  

L’auteur de la note remarque ainsi qu’entre 2017 et 2023 « une augmentation plus marquée du nombre de constructions de logements individuels s'accompagne d'une hausse plus importante des dépenses de voirie dans les blocs communaux étudiés ». Ainsi, les dépenses de voirie ont progressé de 37 % dans ces territoires, « contre + 22,9 % dans les cas de faible construction et + 29,8 % pour une construction modérée ».

Plus globalement, on peut également noter que, durant cette même période, les dépenses de voirie de l’échantillon étudié ont augmenté de près de 26 %, une hausse portée principalement par « une dynamique plus soutenue des dépenses d'investissement par rapport à celles de fonctionnement ».

Consulter le Bis.
 

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