Vaccinations : des interrogations sur la capacité à répondre à la demande
C’est aujourd’hui que débute la nouvelle phase de la campagne de vaccination : les personnes de plus de 75 ans ne résidant pas en Ehpad, ainsi que celles atteintes de pathologies les rendant particulièrement vulnérables, quel que soit leur âge, peuvent désormais se faire vacciner contre le covid-19.
Pénurie dans de nombreux centres
Le ministère de la Santé a confirmé, ce week-end (à un près) le chiffre donné vendredi matin par Maire info : ce sont bien 833 centres de vaccination qui ont été ouverts dans le pays, soit nettement plus que les 700 annoncés la veille par le Premier ministre. Mais reste la question de la très inégale répartition de ces centres selon les départements, entre ceux qui n’en comptent que deux, comme la Haute-Loire ou la Sarthe, et ceux qui en compte jusqu’à 33, comme la Haute-Garonne (voir la carte dans Maire info du 15 janvier). Dans les départements les mieux dotés en centres de vaccination, il est loin d’être certain que tous les centres pourront être correctement approvisionnés en vaccins.
D’autant que dès l’ouverture des standards permettant de prendre rendez-vous, ceux-ci ont été littéralement pris d’assaut – la plupart ayant d’ailleurs été débordés toute la journée de vendredi. Plus d’un million de rendez-vous ont déjà été pris, selon le ministère de la Santé (ce qui ne représente qu’un sixième environ des 5,8 millions de personnes concernées par cette phase, soit 5 millions de personnes de plus de 75 ans et 800 000 personnes atteintes de pathologies graves). Dans de nombreux centres de vaccination, il n’y a déjà plus de place jusqu’au mois de février, voire mi-mars.
Plus grave : certains centres vont finalement fermer avant même d’avoir ouvert, faute d’un nombre suffisant de doses reçues. C’est ce dont témoigne par exemple le maire de Neufchâtel-en-Bray (Seine-maritime), Xavier Lefrançois, qui annonce que pour un centre de vaccination censé couvrir un bassin de vie de 90 000 personnes, l’ARS lui a annoncé que 32 doses par jour seraient livrées. Eu égard à la logistique que demande la mise en place d’un tel centre, le maire estime « déraisonnable » d’ouvrir le centre pour ne vacciner que 32 personnes par jour, et a décidé de jeter l’éponge.
Sans aller jusqu’à ces extrémités, d’autres témoignages dans la presse locale affluent dans le même sens : aux Herbiers (Vendée), la maire Véronique Besse affirme que le centre ne reçoit que 70 doses par jour, ce qui oblige à « freiner la prise de rendez-vous ». À Challans, toujours en Vendée, ce sont 48 doses pour deux jours. En Seine-Saint-Denis, expliquait ce matin Stéphane Troussel, le président du département, les 17 centres ne reçoivent que « 50 doses par jour », et les rendez-vous sont d’ores et déjà fixés pour « après le 13 mars ».
Il paraît nécesaire que les cellules territoriales de vaccination, à tout le moins, soient en capacité d'informer les maires sur la répartition des doses pour chaque centre de vaccination, afin de pouvoir au mieux calibrer la prise de rendez-vous.
L’espoir de nouveaux vaccins
La situation ne s’arrangera certainement pas cette semaine, avec l’annonce par Pfizer-BioNTech de difficultés d’approvisionnement : la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé ce matin que le pays recevrait « 140 000 doses de moins » que ce qui était prévu. À partir de la semaine suivante, ce seront « 540 000 doses par semaine » qui seront livrées, comme prévu initialement. Quoi qu’il en soit, selon le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, ces livraisons moindres que prévu n’auront « pas d’impact sur le rythme de la campagne de vaccination ».
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a quant à lui annoncé sur France 2 que ce vaccin allait être produit « en France, dans des entreprises françaises, dans les prochaines semaines », par l’entreprise Delpharm.
Les espoirs reposent maintenant sur l’autorisation de nouveaux vaccins : c’est avant la fin du mois qu’est prévue l’autorisation de mise sur le marché par l’Union européenne du vaccin AstraZeneca, que la France a précommandé à hauteur de 40 millions de doses. Quant au vaccin Moderna, sa livraison débute cette semaine, à une échelle plus modeste (100 000 doses sur les deux semaines à venir).
Progression régulière, sauf outre-mer
En attendant, la campagne continue de progresser à un rythme régulier : si le rythme d’augmentation a ralenti ce week-end, par rapport à ce qui était constaté les jours précédents, ce sont tout de même plus de 33 000 personnes qui ont pu être vaccinées entre samedi (environ 20 000) et dimanche (environ 13 000). Assez loin néanmoins du rythme de 70 000 personnes supplémentaires par jour atteint en fin de semaine.
C’est dans les Outre-mer que l’on peut également s’inquiéter du rythme de la vaccination. Selon les chiffres donnés par la Direction générale de la santé, la vaccination ne progresse qu’à un rythme très lent dans ces territoires : à ce jour, seules 728 personnes sont vaccinées en Martinique, 430 en Guadeloupe, 336 à La Réunion et… 145 en Guyane. Ce qui, ramené à la population totale, laisse apparaître des disparités criantes avec la métropole : alors qu’en Normandie, 946 personnes sont vaccinées pour 100 000 habitants, ou encore 883 en Bourgogne-Franche-Comté, ce chiffre tombe à 53 pour la Guyane et … 39 pour La Réunion.
Signalons enfin que le décret paru samedi matin modifie les règles en matière d’approvisionnement : désormais, les grossistes répartiteurs peuvent délivrer les vaccins directement aux centres de vaccination. Par ailleurs, le décret entérine la création « d’équipes mobiles » de vaccination, qui n’existaient pas jusqu’à présent dans la réglementation en vigueur.
Franck Lemarc
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