Maire-info
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Édition du mardi 14 décembre 2021
Tourisme

Près d'un tiers de la taxe de séjour collectée par Airbnb bénéficiera aux communes rurales cette année

La plateforme de location de logements touristiques annonce qu'elle reversera plus de 93 millions d'euros de taxe de séjour à 29 000 communes françaises d'ici la fin de l'année. Les communes de moins de 3 500 habitants voient leur part continuer à progresser.

Par A.W.

La plateforme de locations touristiques Airbnb aura reversé 93 millions d'euros de taxe de séjour (collectée auprès des voyageurs en France entre le 1er novembre 2020 et le 31 octobre 2021) aux communes françaises en 2021, contre 58 millions d’euros en 2019 et 24 millions d’euros en 2018, a-t-elle annoncé dans un communiqué paru hier. La comparaison avec l’année 2020 est impossible puisque l'entreprise n’a pas divulgué ce montant, millésime particulier durant lequel ses revenus ont dégringolé du fait de la crise sanitaire. 

27 millions d'euros pour les communes rurales

Ces dernières années, les grandes gagnantes sont notamment les communes de moins de 3 500 habitants, à en croire les chiffres diffusés par l’entreprise. Avec un montant de 27 millions d’euros reversé par Airbnb, près d'un tiers (29 %) de la taxe de séjour collectée cette année dans le pays leur bénéficie désormais.

Un chiffre en constante augmentation puisque celles-ci ont vu cette ressource fiscale être quasiment multipliée par dix en trois ans. En 2019, Airbnb avait ainsi reversé plus de 10,5 millions d’euros (20 % du total) de taxe de séjour aux villes françaises de moins de 3 500 habitants, un montant déjà plus de trois fois supérieur à celui de 2018 (3,2 millions d’euros). 

La taxe de séjour collectée dans le cadre de locations de meublés touristiques est ainsi devenue « une ressource de plus en plus conséquente pour les petites communes, pour la plupart situées en zone rurale », souligne Airbnb dans son communiqué.

Une tendance qui devrait se poursuivre dans les années à venir, selon les dirigeants de la plateforme. « Pour les hôtes, dans un contexte de pouvoir d'achat tendu, louer son logement […] peut rapporter plusieurs centaines d'euros », a expliqué le directeur général d'Airbnb France au quotidien Les Échos. « Les Français vont continuer à se mettre au vert, à télétravailler, à y vivre quelques semaines ou quelques mois », assure-t-il.

Montant en baisse pour les grandes villes 

Reste que, sans surprise, les montants les plus importants sont toujours reversés aux plus grandes villes : plus de 9,4 millions d’euros à Paris et plus de 4 millions d’euros cumulés à Marseille (1,9 million), Nice (plus de 1,2 million) et Cannes (plus de 1 million). 

Pourtant, les conséquences de la crise continuent d’affecter assez fortement ces dernières. La capitale a vu notamment cette ressource dégringoler puisqu'elle recueillait encore 15,3 millions d’euros en 2019, tandis que Marseille percevait 2,3 millions et Nice 1,8 million d'euros il y a deux ans (pas de chiffre communiqué pour Cannes en 2019). 

Par ailleurs, la plateforme précise, dans son communiqué, avoir collecté et remis « plus de 4 milliards de dollars de taxes touristiques dans le monde »  depuis 2008, dont « 315 millions d’euros remis aux collectivités locales dans l’Union européenne ».

29 000 communes concernées

« Chaque année, Airbnb profite à un nombre croissant de communes, y compris à des communes sans hébergement hôtelier qui ne percevaient auparavant aucun revenu du tourisme », vante la plateforme, qui collecte désormais la taxe de séjour dans plus de 29 000 villes françaises (contre 23 000 en 2018) « alors que seulement 7 000 communes françaises disposent d’un hébergement de type hôtelier ».

Ce type de voyage profite ainsi « non seulement aux hôtes […], mais aussi à l’ensemble des territoires dans lesquels ils vivent. […] Pour de nombreuses villes et villages, ces revenus créent de nouvelles opportunités pour développer leur attractivité, avec des bénéfices à long terme à la clé pour les familles et les commerces locaux », a souligné le directeur d’Airbnb France, Emmanuel Marill.

Dans ce cadre, la plateforme a signé un partenariat avec l’Association des Maires ruraux de France (AMRF) en début d’année afin de développer « 15 000 nouveaux hébergements touristiques de qualité »  dans le pays d’ici la fin de l’année et « libérer le potentiel touristique des communautés rurales dans toute la France ». 

Cependant, derrière les bénéfices apportés par ces plateformes, des effets pervères existent (aggravation de la crise du logement, problèmes de voisinage...) et certaines communes touristiques tentent désormais de contenir l’explosion des locations saisonnières, en durcissant leur réglementation.

Nouvelles données transmises en décembre 

« Conformément à la réglementation, Airbnb a déjà partagé avec les municipalités des données détaillées concernant les séjours touristiques locaux effectués […] entre novembre 2020 et avril 2021, et enverra en décembre de nouvelles données concernant les séjours entre mai 2021 et octobre 2021 », précise la plateforme. 

Ces données, qui comprennent le nombre de voyageurs, les montants totaux pour chaque réservation et les adresses des annonces, doivent permettre aux communes d’avoir une connaissance précise de l’activité touristique générée par les plateformes sur leur territoire.

Pour rappel, en février dernier, l’État et collectivités avaient réclamé davantage de transparence aux plateformes lors de la signature d’une feuille de route sur les meublés touristiques. Ils jugeaient que la connaissance de ce secteur est « insuffisante »  puisque « peu de données sont disponibles et lorsqu’elles existent, elles ne sont pas toujours accessibles ».

À noter que, interrogée par l'AFP, l’entreprise a invoqué son statut de société cotée en Bourse pour ne plus publier le nombre de logements proposés dans l'Hexagone, ni préciser ce que les locations ont rapporté aux hôtes, alors qu'elle réalise en France son plus gros chiffre d'affaires au monde après les Etats-Unis. 

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