Cinquième vague et variant Omicron : le Conseil scientifique demande « un renforcement » des mesures sanitaires
Par Franck Lemarc
C’est la conséquence mécanique de l’explosion des contaminations constatée ces dernières semaines : les admissions en réanimation et les décès accélèrent à leur tour. Hier, Santé publique France a annoncé 231 morts du covid-19 en milieu hospitalier – mais ce chiffre est à prendre avec prudence dans la mesure où il comprend peut-être un « rattrapage » des données du week-end. Néanmoins, le taux d’occupation des lits de réanimation est passé entre hier et aujourd’hui de 50 à 53 %, ce qui constitue une hausse rapide.
Côté taux d’incidence, le rythme de la hausse des contaminations continue de décélérer, laissant penser que le pic de la cinquième vague n’est pas loin. Mais la situation reste très préoccupante, avec un taux d’incidence national de 503, ce qui est supérieur à ce qui a été constaté au pire de la deuxième vague de l’automne 2020. Un département – la Drôme – a dépassé hier le taux d’incidence de 1000 pour 100 000 habitants – ce qui signifie que 1 % des habitants du département sont positifs au covid-19.
Dans cette situation, le Conseil scientifique redoute, dans l’avis qui vient d’être rendu public, un pic d’admissions à l’hôpital qui pourrait « être supérieur à 2 000 par jour », ce qui serait comparable au pic de la deuxième vague. Mais la situation pourrait même être encore pire « si les doses de rappel n’étaient pas suffisamment acceptées et effectuées d’ici fin janvier 2022 ».
« Double menace »
Et l’on ne parle ici que de la vague liée au variant Delta. Il faudra ensuite gérer l’arrivée du variant Omicron, au sujet duquel le Conseil scientifique se montre peu optimiste : ce variant semble « se répandre extrêmement rapidement ». « Sa rapidité de propagation en population largement immunisée (soit par infection naturelle, soit par vaccination), suggère qu'il possède une capacité d'échappement immunitaire très conséquente ». Les scientifiques pensent qu’Omicron « finira par toucher les personnes à risque de forme grave », et qu’il en résultera « un surcroît d’hospitalisation qui se rajoutera à celles liées à la vague Delta ».
Il y a donc « une double menace » face à laquelle le Conseil appelle à prendre des mesures de plusieurs ordres : des « mesures de contrôle dans l’espace public », le renforcement des capacités hospitalières, la multiplication des tests et, naturellement, un passage à la surmultipliée pour la campagne de rappel vaccinal.
Vers un renforcement des mesures
Le Conseil ne propose pas, il faut le noter, de revenir à des mesures dures telles que le couvre-feu et le confinement. Il estime en revanche qu’il pourrait être envisageable de revenir à des « jauges pour les rassemblements », afin d’éviter la constitution de « clusters de grande taille », qui peuvent « jouer un rôle d’accélérateur de la progression épidémique » du variant Omicron. La note du Conseil scientifique évoque l’exemple de la Norvège, où, lors d’un repas de Noël rassemblant 120 personnes doublement vaccinées, 70 ont été contaminées par le variant Omicron. Ce cas démontre que ce variant « est capable de se transmettre très efficacement dans des populations vaccinées, à l'occasion d'évènements rassemblant en lieux clos des personnes ne portant pas de masques ».
Les scientifiques demandent donc clairement au gouvernement « un renforcement » des mesures sanitaires notamment vis-à-vis des événements en lieu clos. Même sans nouvelles mesures gouvernementales, « la réponse la plus efficace (…) consiste à renoncer immédiatement à tout rassemblement collectif en lieu clos où le port du masque n’est pas possible », en particulier lorsqu’il y a « consommation de boisson ou de nourriture ». Le Conseil recommande à tous les organisateurs de rassemblements de demander un pass sanitaire aux participants.
Pour ce qui concerne les mesures individuelles, à l’occasion des fêtes de fin d’année notamment, les scientifiques demandent de « limiter le nombre de participants », d’aérer les locaux au moins « 10 minutes par heure » et de demander à chaque participant de pratiquer un test avant de se rendre à la fête.
Dans les entreprises et administrations, il est recommandé « d’annuler immédiatement tous les événements prévus en décembre » et de demander à tous les collaborateurs « de privilégier le télétravail ». Les salariés sont appelés à « renoncer le plus possible à participer (…) aux rassemblements collectifs, fêtes, réceptions, déjeuners, dîners ou soirées » si le port du masque y est impossible.
Écoles : un dépistage systématique ?
La vaccination et la dose de rappel sont naturellement le facteur le plus important à long terme. Le Conseil scientifique rappelle néanmoins qu’il faudra du temps pour qu’elles fassent sentir leurs effets : il faudra a minima que « 26 millions de personnes » aient reçu leur rappel pour que cette campagne fasse sentir ses effets, et ce ne sera pas le cas avant « mi-janvier 2022 » au moins.
Pour ce qui concerne les écoles, le Conseil scientifique constate un taux d’incidence national « nettement plus élevé » à l’école élémentaire (autour de 1000 pour 100 000 enfants) que dans le secondaire – lié au fait que les adolescents, contrairement aux enfants de moins de 12 ans, sont largement vaccinés. La stratégie adoptée par le gouvernement, dite de « dépistage réactionnel » (les tests de toute la classe sont effectués lorsqu’un cas est signalé) n’est pas suffisamment efficace : outre les « difficultés opérationnelles » qu’elle implique, elle n’intervient que « trop tardivement », puisque le virus a déjà eu le temps de circuler dans la classe et dans l’école. Le Conseil estime qu’il est temps de réfléchir à un dépistage « itératif et systématique » : systématique, c’est-à-dire concernant l’ensemble des élèves, et itératif, c’est-à-dire répété. Cela permettrait de dépister « les asymptomatiques et pré-symptomatiques ». Le Conseil pose la question de la généralisation de cette pratique à compter de la rentrée de janvier – ce qui supposerait que le ministère de l’Éducation nationale fournisse un nombre de tests très supérieur à ce qui existe aujourd’hui.
Les scientifiques demandent également un renforcement du dispositif « aller vers » vis-à-vis des populations les plus pauvres, en s’appuyant notamment sur les collectivités territoriales et les associations pour mettre en place des actions « au pied des immeubles », ce que met en avant l’AMF depuis le printemps en soulignant l’importance de la vaccination de proximité. On peut rappeler à titre d’exemple, à ce sujet, que dans les quartiers nord de Marseille – les plus défavorisés – le taux de vaccination se situe entre 30 et 40 % de la population adulte, contre près de 80 % à l’échelle nationale.
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