Les représentants des maires auront un rôle central dans le Beauvau de la sécurité
Il y a eu le Grenelle de l’environnement, le Ségur de la santé… Voici le Beauvau de la sécurité, du nom de la place Beauvau à Paris où siège le ministère de l’Intérieur. Le modus operandi est le même : réunir en plusieurs collèges tous les acteurs concernés par une problématique, dans l’objectif de parvenir à un consensus sur un futur texte législatif – en l’occurrence la Lopsi (loi d'orientation et de programmation de la sécurité intérieure) prévue pour l’année prochaine. Avec un objectif clair fixé hier par le Premier ministre lui-même : « Avoir plus de policiers et de gendarmes sur le terrain. »
Le déroulement du Beauvau
Le Beauvau de la sécurité se déroulera sous la forme de réunions bi-mensuelles et – ce qui est une première pour ce genre d’exercice – publiques, puisqu’elles seront diffusées en direct sur Facebook. Elles s’organiseront autour de huit thèmes : la formation, l’encadrement, les conditions matérielles de travail, le contrôle interne, le maintien de l’ordre, les questions des captations d’images (vidéoprotection, drones…), le lien police – population et les relations avec l’autorité judiciaire. Trois collèges sont distingués : représentants des forces de l’ordre, personnalités qualifiées et élus. Ce dernier est composé de deux députés, (Jean-Michel Fauvergue et Ian Boucard), deux sénateurs (Henri Leroy et Jérôme Durain), et quatre maires ou adjoints désignés par l’AMF : Jean-Pierre Bouquet (maire de Vitry-le-François), Nathalie Koenders (première adjointe à Dijon), Frédéric Masquelier (maire de Saint-Raphaël) et Alexandre Touzet (maire de Saint-Yon).
Les réunions seront présidées, le cas échéant, par des représentants de l’État ou des ministres.
Autres « piliers » de ce Beauvau de la sécurité : une vingtaine de déplacements dans les territoires, chaque semaine, du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ou de sa ministre déléguée Marlène Schiappa. Les ministres iront « à la rencontre des forces de l’ordre » pour discuter de thèmes tels que « les relations avec les maires, les attentes de la nouvelle génération, la sécurité dans les transports ou encore la sécurité en milieu rural et agricole ». Un certain nombre « d’initiatives locales » seront également organisées par les directions générales de la police nationale et de la gendarmerie nationale.
Enfin, une large consultation (« cahiers de doléances » ) sera organisée au sein des forces de l’ordre elles-mêmes.
L’AMF précise ses revendications
Dans un communiqué publié ce matin, après la première réunion qui s’est tenue hier, l’AMF se félicite de « l’association des élus locaux dans toute leur diversité » à ces travaux. Elle en profite pour exprimer un certain nombre de demandes sur les sujets qui vont être abordés.
Notamment, l’AMF souhaite qu’une table ronde soit spécifiquement dédiée à la question des polices municipales : « Si certains maires décident de s’engager dans une démarche d’appui en créant une police municipale, cette dernière doit agir en complémentarité des forces de police ou de gendarmerie et non en substitution, au besoin via une contractualisation accrue. Toutefois, cette contractualisation ne doit pas conduire à un déséquilibre entre communes riches et communes moins aisées, avec un service public inégal d’une collectivité à l’autre et donc une sécurité à deux vitesses. La question de la place de la police municipale dans le continuum de sécurité, celle de ses compétences, de ses moyens et du recrutement de ses agents sont des thématiques centrales qui ne peuvent être dissociées de l’évolution de l’organisation, et de la doctrine d’emploi, de la police nationale ou de la gendarmerie. »
Par ailleurs, l’association plaide « pour une meilleure organisation de la présence des forces de sécurité auprès de la population ». Elle souhaite que « les forces de sécurité intérieures ne se désengagent pas du traitement de la délinquance du quotidien », et que « policiers et gendarmes retrouvent une présence visible sur la voie publique ».
Enfin, l’AMF souhaite qu’à l’issue du Beauvau, afin de ne pas « rester sur des effets d’annonce », soit prévue « une méthodologie permettant de suivre et d’évaluer la politique rénovée qui sera menée en matière de sécurité. Il faut donc en fixer les instruments et le calendrier, tout en gardant un discours de vérité. »
F.L.
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