Montagne : des aides qui ne sont pas à la hauteur des espoirs
Même si les canons à neige ne serviront pas cette année, le « canon à indemnisation sera au rendez-vous », avait promis Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État au Tourisme, la semaine dernière (lire Maire info du 29 janvier). Mais après la réunion qui s’est tenue hier à Matignon, c’est surtout la déception qui a été « au rendez-vous », puisque toute une partie des acteurs économiques de la montagne ne vont pas être aidés à la hauteur des espérances.
« Pertes colossales »
C’est lors de cette réunion que le gouvernement a annoncé que les remontées mécaniques ne pourraient pas ouvrir en février – et sans engagement aucun sur une rouverture en mars. Jour après jour, les chiffres de pertes annoncées ou estimées par les syndicats et fédérations professionnelles se succèdent et donnent le vertige : 500 millions d’euros pour les commerces sportifs, un milliard d’euros pour les gestionnaires de remontées mécaniques, 700 millions d’euros pour les résidences de tourisme. La situation la plus critique est celle des saisonniers, dont les trois quarts n’ont pu être embauchés, ce qui leur interdit l’accès au chômage partiel.
Du côté des communes supports de stations de montagne, la situation qui se dessine est catastrophique, avec « des pertes colossales », comme l’explique ce matin à Maire info Silvère Say, directeur général des services de La Plagne-Tarentaise : « On a des pertes qui peuvent atteindre 33 % des recettes. Même si on se serre la ceinture, on n’y arrivera pas sans aides. »
Des aides annoncées mais pas confirmées
Dans un communiqué publié au sortir de la réunion, le Premier ministre annonce de nouvelles mesures d’aides vers les acteurs économiques et les salariés, en plus de « 4 milliards d’euros déjà mobilisés » (PGE, fonds de solidarité, chômage partiel…).
Ces mesures vont être donc « complétées », annonce Jean Castex : l’ensemble des commerces de matériel de ski ainsi que « les entreprises situées en amont de la chaîne de valeur des activités de montagne (ingénierie, menuiserie, etc.) » vont pouvoir bénéficier des aides du « plan tourisme », notamment les aides à hauteur de 10 000 euros par mois ou 20 % du chiffres d’affaires (plafonné à 200 000 euros par mois) pour les entreprises qui perdent plus de 70 % de leur chiffre d’affaires.
Le dispositif dit « coûts fixes », destiné à garantir jusqu’à 70 % des charges fixes (loyer, etc.) sera étendu à de nouveaux secteurs en montagne, dont « l’hôtellerie restauration et les résidences de tourisme ». Le gouvernement précise que les congés payés des salariés et leurs frais de logement seront inclus dans ces charges fixes.
Le problème, c’est que professionnels et élus espéraient que ce dispositif serait étendu à tous les commerces des stations de montagne. Pendant la réunion, ils ont cru que cette revendication était acceptée, puisqu’un des ministres présents l’a affirmé… avant d’être démenti par le communiqué de presse, qui ne fait nulle mention de cette mesure. Pourtant, cette prise en charge des coûts fixes apparaît indispensable aux acteurs de la montagne. « Sinon, on en perdra la moitié », redoute Silvère Say. « Si vous prenez l’exemple des supérettes dans une station comme La Plagne, elles ne sont pas éligibles aujourd’hui », au prétexte que ce sont des commerces qui restent ouverts toute l’année. « Pourtant, elles sont totalement soumises à la saisonnalité, puisqu’elles réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires annuel sur quatre ou cinq mois ». Jean-Baptiste Lemoyne a toutegois confirmé ce matin, lors du Comité de Filière Tourisme, que la discussion était en cours sur l’extension du dispositif des charges fixes aux commerces de stations de montagne, le Premier ministre étant « ouvert » aux remontées de terrain.
Pour ce qui concerne les communes, les élus attendent non sans angoisse les décrets d’application concernant le « filet de sécurité ». « Quel sera le degré de compensation ?, se demande le DGS de La Plagne-Tarentaise. L’année dernière, on nous a annoncé une compensation sur la taxe et la redevance remontées mécaniques ainsi que sur la taxe de séjour. On n’a rien vu venir. Mais la situation est critique : sans compensations très fortes, on ne pourra tout simplement pas équilibrer les budgets 2021. »
Franck Lemarc
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