Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 14 février 2023
Sports

Pénurie des maîtres-nageurs sauveteurs : le gouvernement tarde à donner des réponses concrètes

Vendredi dernier à l'Institut national du sport (Insep), le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques a organisé les États généraux de l'encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique. En discussion notamment, la pénurie de maitres-nageurs-sauveteurs (MNS) qui s'aggrave.

Par Lucile Bonnin

Pour les élus, le temps n'est plus aux constats concernant les problèmes de pénurie de maitres-nageurs-sauveteurs. Pourtant, il a fallu se plier à l'exercice une énième fois vendredi dernier pour obtenir au final quelques réponses du gouvernement. Comment résoudre les difficultés rencontrées dans les territoires pour recruter des surveillants de baignade ? C’est cette question qui a poussé la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Amélie Oudéa-Castéra à organiser des « États généraux de l'encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique » 

La problématique de pénurie de maîtres-nageurs sauveteurs a fait l’objet de nombreuses questions au gouvernement à la fin de l’année 2022. Pascal Allizard, sénateur du Calvados, expliquait en septembre que « chaque année, les collectivités territoriales, les campings, les centres aquatiques peinent à recruter. Le manque de MNS est préjudiciable à la surveillance des piscines et à l'enseignement de la natation. »  En novembre ce fut au tour du sénateur de la Vienne Bruno Belin d’interpeller le gouvernement sur le sujet : « Afin de répondre à ce manque de maîtres-nageurs sauveteurs, des négociations sur la situation salariale peuvent être engagées. Des places supplémentaires dans les formations peuvent être également ouvertes. » 

Dans chacune des réponses à ces interpellations, le ministère des Sports promettait la tenue d’états généraux qui pourront permettre « de définir les évolutions règlementaires pertinentes que le ministère pourrait entériner à court terme pour solutionner les difficultés d'organisation de la surveillance des activités aquatiques »  ; « de définir des axes de communication sur le métier de MNS visant rapidement à en améliorer l'image et l'attractivité »  et de permettre la mise en commun de « bonnes pratiques ». 

Au final, si la tenue de ces état généraux a permis des échanges intéressants, la position du gouvernement reste floue, tout comme les solutions qui vont être déployées pour pallier ce manque de professionnels. 

Contributions 

La pierre angulaire de ces États généraux a en fait été la mise en commun des diagnostics et des préconisations des 21 organisations qui ont contribué à la préparation de cet évènement. Une compilation des différentes contributions a d’ailleurs été publiée sur le site du ministère. 

Organismes de formation, fédérations, organisations syndicales représentant les salariés, organisations représentant les employeurs… Chaque entité a pu mettre en avant les problématiques rencontrées et les solutions éventuelles identifiées. 

L’AMF, par exemple, a témoigné des difficultés de recrutement et de remplacement pour les collectivités ou leur délégataire sur tous les types de postes et des difficultés à fidéliser les MNS sur les postes pour les exploitants. L’association a aussi manifesté son inquiétude face à la mobilisation des CRS-MNS pour encadre les Jeux olympiques et paralympiques (lire Maire info du 10 février). 

Elle propose notamment de « permettre aux BNSSA qui le souhaitent de devenir MNS en facilitant leur formation continue et en prenant en compte leur expérience professionnelle déjà acquise »  et « de déployer un dispositif d’aide financière permettant la prise en charge du cout de la formation. »  Autre revendication de l’AMF : « Allonger la durée de dérogation accordée aux collectivités qui est actuellement de 4 mois afin de permettre de pourvoir au manque de MNS en recourant à des BNSSA. »  Pour les représentants syndicaux des professionnels, le recours aux titulaires du BNSSA ne doit pas se faire au détriment des MNS. Sur ce sujet la ministre n’a pas encore tranché mais a cependant déclaré que « certaines propositions entrent un petit peu en conflit et nous obligent à reprioriser les éléments ». Affaire à suivre.

Des actions prioritaires 

À la fin de cette journée rythmée par les débats et les constats de chacun, la ministre des Sports s’est exprimée. Pour elle, le but de cette grande réunion était avant tout d’identifier les « actions prioritaires que l’on va mener ensemble conjointement pour avoir une dynamique concrète qui puisse être perceptible dès la saison estivale 2023. » 

Elle a rappelé que le gouvernement avait déjà déployé quelques mesures comme réécriture du BPJEPS pour faciliter l'accès aux formations ou encore l’augmentation du nombre de certifications permettant d’obtenir le titre de MNS « avec 200 certificats supplémentaires par an et, depuis 2022, 3 diplômes supplémentaires qui donnent ce titre de MNS : l’UESSMA, le DJEPS triathlon et le certificat de spécialisation sauveteurs secourisme en milieu aquatique. » 

Malgré ces avancées, la pénurie persiste. D’un côté, le nombre de noyades augmente – Elles étaient au nombre de 1 260 en 2015 et de 1 480 en 2021. De l’autre, il est de plus en plus difficile de recruter des surveillants de baignade. Une enquête menée par l’Andes et publiée en 2022 montrait que « 75 % des employeurs ont des difficultés de recrutement, que ce soit sur des postes de permanents, de vacataires ou de saisonniers. » 

Calendrier serré 

« Il y a urgence et le temps presse » , a déclaré la ministre. Ainsi, elle a annoncé que des mesures allaient être prises « dès Pâques » , au « moment des premiers recrutements. »  Un plan en 4 volets va donc être déployé agissant sur « la réglementation, la formation, les conditions de travail, et la valorisation du métier. » 

Dès la première semaine de mars, des travaux vont être mis en place pour « définir les réglementations pertinentes que le ministère pourrait entériner à court terme pour solutionner les difficultés d'organisation de la surveillance, tout en maintenant l'accès le plus large possible aux apprentissages encadrés de la natation » . La question du BNSSA sera sûrement abordée à ce moment-là. 

La ministre a été plus exhaustive sur l’amélioration des conditions de travail. Elle a encouragé les branches professionnelles à « continuer leurs efforts vers ces métiers en tensions »  et espère que le plan lancé par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques puisse porter ses fruits (lire Maire info du 6 février). 

La ministre a cependant annoncé le lancement d'une offre de formation dédiée aux MNS, en partenariat avec le CNFPT, « afin que les agents bénéficient de formations continues nécessaires à leur profession et à leur évolution. »  Pour l’attractivité du métier, « une grande campagne de communication et de promotion »  va être lancée en amont de la saison estivale 2023 pour « encourager les vocations. » 

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