L'ancien préfet Michel Cadot succède à Jean Castex à la présidence de l'Agence nationale du sport
Dépourvue de président depuis la nomination de Jean Castex à Matignon, l’Agence nationale du sport (ANS), dont les membres étaient réunis hier au Comité national olympique et sportif (CNOSF) à Paris en présence de la ministre chargée des Sports Roxana Maracineanu, a choisi Michel Cadot, 66 ans, pour succéder au Premier ministre à ce poste. Conseiller auprès de Dominique de Villepin à Matignon en 2006, ancien directeur de cabinet ministériel de Dominique Bussereau et Michèle Alliot-Marie, et longtemps préfet, notamment à Paris entre 2017 et 2020, le haut-fonctionnaire était l’un des favoris. Au début de l’été, il a été nommé, comme Jean Castex avant lui, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, d’une part, et aux grands événements sportifs, d’autre part.
120 millions d’euros pour le sport dans le plan de relance
« Je suis très heureux d’être choisi au moment où cette agence se met en place de manière très concrète dans les territoires », a-t-il réagi en conférence de presse. Le décret qui édictera les règles de la déclinaison territoriale de l’ANS (conférences régionales du sport, conférence des financeurs…) est, en effet, entre les mains du Conseil d’État (lire Maire info du 9 mars). Il pourrait être publié au Journal officiel à la fin du mois de septembre.
L’une des missions du nouveau président, toujours épaulé par le directeur général de l’ANS Frédéric Sanaur, va consister à répartir, pour les années 2021 et 2022, les 120 millions d’euros alloués au sport dans le plan de relance, dévoilé par Jean Castex le 3 septembre. Une enveloppe diversement appréciée côté collectivités. Anne-Marie Heugas, représentante de France urbaine, regrettait, ce matin sur twitter, un « plan insuffisant pour soutenir le sport pour tous et les 160 000 clubs » et promettait « un avenir chaotique pour le sport amateur ». S’il réclame toujours, comme 70 députés de la majorité, le déplafonnement des taxes (prélèvement sur les jeux de loterie, sur les mises de paris sportifs et sur les droits télévisuels) pour augmenter les moyens de l’ANS (lire Maire info du 24 octobre 2019), David Lazarus, maire de Chambly (Oise) et référent sport à l’AMF, estime que ces 120 millions d'euros « constituent une première réponse à la demande des associations d'élus d'avoir un plan de relance sport ».
Les équipements sportifs structurants éligibles à la Dsil
Sur les 120 millions d'euros, 50 millions d’euros participeront à la rénovation, notamment en matière énergétique, d’équipements sportifs toujours plus vieillissants (lire Maire info du 1er septembre).
Surtout, observe David Lazarus que Maire info a contacté ce matin, « le Premier ministre nous a annoncé que les équipements sportifs structurants peuvent désormais prétendre à la dotation de soutien à l’investissement local (Dsil) », qui a été abondée, cette année, d’un milliard d’euros (0,6 à 1,6 milliard d’euros) (lire Maire info du 22 juin). Cet abondement ne ciblait jusque-là que la maîtrise énergétique des bâtiments, la santé ou la restauration du patrimoine non classé. La dotation équipement des territoires ruraux (DETR) se concentre, quant à elle, sur la rénovation des équipements de proximité. « Ces rénovations sont bonnes pour l’environnement - les anciennes piscines sont dix fois plus gourmandes en énergie -, c’est bon pour la sécurité des pratiquants mais aussi pour l’activité économique », se réjouit David Lazarus.
Pour faire vivre ces équipements, encore faut-il des licenciés ou des pratiquants qui les fréquentent. David Lazarus estime que « 20 % à 25 % des licenciés » des clubs de Chambly ne sont pas revenus depuis le déconfinement. Des chiffres qui corroborent la tendance observée sur le plan national par Denis Masseglia, président du CNOSF, la semaine dernière : « pour combler le manque d’adhésion ou pallier les emplois fragilisés » et renforcer les projets sportifs fédéraux, 30 millions d’euros seront distribués par l’ANS aux clubs et aux fédérations à partir de 2021. 10 000 à 15 000 clubs sont aidés par l'ANS aujourd'hui. Ces 30 millions d'euros, dont 9 millions d’euros serviront à accompagner leur développement numérique, s’ajoutent aux 15 millions d'euros du fonds territorial de solidarité, débloqué en juin pour les petits clubs sportifs (lire Maire info du 1er juillet).
Un « pass sport » bientôt distribué ?
« On constate que le phénomène des parents qui n'osent pas inscrire leurs enfants dans un club est multiplié quand il s'agit de personnes en situation de handicap », précise Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique (CPSF). À Chambly aussi, observe David Lazarus, « les publics les plus fragiles », à l’image des personnes en situation de handicap, les enfants, les femmes et les anciens ont déserté les équipements et cessé, de fait, de pratiquer une activité physique. « Il va falloir mettre le paquet pour rassurer (…) la saison 2020-2021 est celle de tous les dangers », reconnaît David Lazarus. Il milite pour que la mission des emplois sportifs (40 millions d'euros) qui vont être créés (« l’objectif est de passer de 5 300 emplois aujourd’hui à 7 500 en 2021 et 10 000 en 2022) soit « d’aller chercher les publics les plus en difficulté ». Il est prévu, pour l'heure, qu'ils soient surtout destinés à développer le sport à l'école.
L’élu local soutient aussi pleinement le projet de « pass sport », dont la vocation est d’encourager les jeunes à rejoindre un club ou pratiquer un sport. Le dispositif existe aujourd’hui dans beaucoup de collectivités. Il s’agirait désormais de le généraliser. « Il s’agit d’une aide en direction des familles ; une adhésion plus une licence à 150 ou 200 euros pourraient être remboursées ou leur montant réduit pour favoriser l’accueil du plus grand nombre. Un peu comme pour le pass Culture », résume Frédéric Sanaur dans une interview au Monde. « Chaque échelon territorial doit s'engager pour que le sport puisse reprendre », conclut Roxana Maracineanu.
À Paris, Ludovic Galtier
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