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Édition du jeudi 19 décembre 2024
Santé publique

Urgences : le nombre de passages en baisse par rapport à la période précédant la crise sanitaire

Les « trois quarts des départements » ont été concernés par ce recul en 2023. Que cette situation soit imputable au déploiement des « services d'accès aux soins » (SAS) à partir de 2021 reste, toutefois, « Ã  établir », selon la Drees.

Par A.W.

Après plus de deux décennies de croissance continue, les passages aux urgences ont brutalement diminué à partir de 2020 et l'apparition de la crise sanitaire. « Malgré un rebond en 2021 puis en 2022, ils n’ont pas retrouvé, en 2023, la tendance ni le niveau d’avant la crise », constate la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), dans une étude publiée la semaine passée.

Retour au niveau de 2017

Alors que les passages aux urgences avaient « plus que doublé »  entre 1996 et 2019, passant de 10,1 millions à 22 millions, les auteurs de l’étude observent que cette progression a « ralenti à partir de 2016 ». A partir de cette date, la croissance qui s’est ainsi infléchie (+1,6 % par an entre 2016 et 2019), alors que les passages augmentaient de 3,3 % par an en moyenne jusque-là.

Une progression qui s’est, sans surprise, brutalement interrompue en 2020 au moment de la crise sanitaire, avec une chute des passages aux urgences cette année-là à 18,1 millions. 

Cette baisse s’explique par les différents confinements qui ont réduit « drastiquement les déplacements de la population ». « Dans cette situation inédite, les raisons du moindre recours aux urgences sont multiples : baisse des accidents et donc de la traumatologie, moindre circulation des virus hivernaux habituels, peur d’être contaminé en se rendant à l’hôpital, perception de soins moins prioritaires dans un contexte de crise sanitaire majeure, ou encore difficulté d’accès », expliquent les auteurs de l’étude.

Une fois les premières vagues passées, un nouveau rebond des passages aux urgences a pu être constaté en 2021 et 2022, ceux-ci finissant par baisser une nouvelle fois en 2023 pour « revenir à un niveau proche de 2017 », c’est-à-dire l’équivalent de 20,9 millions de passages aux urgences.

Grandes disparités entre départements

« Ces évolutions nationales ne rendent toutefois pas compte de la diversité des situations au niveau des départements », celles-ci étant très disparates, selon les auteurs de l’étude.

Le recul du nombre de passages concernait ainsi « un peu plus de la moitié des départements »  en 2022, avant de s’étendre « aux trois quarts des départements »  en 2023. Ces passages ont même été inférieurs « chaque mois des années 2022 et 2023 par rapport à leur niveau le même mois avant la crise »  dans plusieurs départements, tels que « l’Allier, le Calvados, le Cantal, l’Indre, le Jura, la Mayenne, la Sarthe, le Tarn et la Vienne, mais aussi des départements plus urbains, comme Paris et le Rhône ».

En revanche, un quart des départements ont connu des passages aux urgences en 2022 et 2023 au-dessus de ceux de la période 2017-2019, et « parfois chaque mois de ces deux années (dans le Gard, la Haute-Garonne et la Haute-Saône) ».

A noter que les services d’urgences doivent aussi s’adapter à l’accueil d’un nombre de patients « parfois extrêmement variable d’un jour à l’autre ». Ainsi, « au cours de l’année 2023, au sein d’un même département, le nombre de passages quotidiens aux périodes d’activité haute est supérieur d’au moins 34 % à celui des périodes d’activité basse ; cet écart dépasse 50 % dans cinq départements », relève la Drees, qui note que le lundi est le jour enregistrant le plus grand nombre de passages « dans la quasi-totalité des départements ». 

Quel est le rôle des SAS ? 

Cette baisse du nombre de passages aux urgences est-elle imputable à la mise en place d’une vingtaine de « services d'accès aux soins »  (SAS) pilotes, à partir de 2021, pour soulager les services d’urgences ? 

Rien ne le prouve, selon les auteurs de l’étude, qui rappellent que ces nouveaux Samu - qui associent la médecine de ville pour rediriger certains cas non-urgents vers les cabinets libéraux – ont été déployés dans des départements faisant déjà face à des tensions plus fortes que la moyenne (causées par des passages en nombre supérieur et des personnels moins nombreux). Ce qui empêche une vraie évaluation puisque les départements « ne suivaient pas de tendance similaire avant 2021 ».

« Que cela soit imputable pour tout ou partie au dispositif reste à établir », affirme la Drees, qui rappelle que « d’autres mesures, comme la régulation à l’entrée des urgences en imposant aux patients un passage préalable par le 15, ont pu aussi être appliquées en parallèle sur la même période, par exemple à l’été 2023 dans la Manche ».

D’autant que dans certains départements où il a été déployé, comme la Haute-Garonne, l'Isère et la Réunion, ce dispositif « pas permis de renverser la tendance à la hausse »  puisqu’ils connaissent toujours « un niveau de passages en 2023 supérieur à son niveau d’avant crise ». « A contrario, dans les Yvelines, la Manche et la Moselle », autres départements avec un SAS pilote, les passages aux urgences ont « nettement reculé par rapport au niveau d’avant la crise ».

Consulter l’étude.

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