Maire-info
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Édition du mardi 23 juillet 2024
Santé publique

Coqueluche : la HAS demande un rappel de vaccin chez tous les professionnels de la petite enfance

Une sérieuse épidémie de coqueluche touche le pays depuis la fin de l'hiver, et a déjà provoqué 17 décès. Saisie par le ministère de la Santé, la Haute autorité de santé (HAS) a livré hier ses recommandations, notamment pour les professionnels de la petite enfance. 

Par Franck Lemarc

Une « forte augmentation des contaminations »  est constatée par la HAS, confirmant les données livrées dès le début du mois de juin par Santé publique France (lire Maire info du 6 juin), qui constatait dix fois plus de cas entre janvier et mai que sur toute l’année précédente et estimait que la situation était du « jamais vu depuis 40 ans ».  

Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. 

« Toux des 100 jours » 

La coqueluche est une infection causée par la bactérie Bordetella pertussis, qui provoque une toux violente qui peut aller jusqu’à l’asphyxie. Elle est particulièrement préoccupante lorsqu’elle touche les nourrissons, et peut s’avérer mortelle dans ce cas. Même chez les adultes, il s’agit d’une maladie invalidante : les quintes de toux, très violentes, peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines (en Chine, la maladie est surnommée « toux des 100 jours » ). Comme le décrit l’Inserm, « la coqueluche démarre par une phase d’incubation qui peut s’étendre sur une à trois semaines. La première semaine, le malade ne présente absolument aucun symptôme. Puis survient un écoulement nasal qui peut durer une à deux semaines, généralement sans fièvre. Ensuite, ces premiers symptômes laissent place à une toux qui évolue rapidement en quintes fréquentes, prolongées, plus intenses la nuit et souvent suivies de vomissements, sans aucune fièvre : c’est la phase paroxystique. En fin de quinte, le malade reprend son souffle par une longue inspiration au son aigu : le fameux ‘’chant du coq’’ ». 

La coqueluche, une fois détectée, se soigne facilement par une brève prise d’antibiotiques. Mais ceux-ci n’ont pour effet que de mettre fin à la contagion, pas à la toux. La coqueluche est extrêmement contagieuse, par voies aériennes : un patient contamine en moyenne, selon l’Inserm, 15 à 17 personnes. La maladie se propage « principalement à l’intérieur de la famille ou en collectivité ». 

La phase épidémique actuelle a provoqué à ce jour 17 décès, dont 12 nourrissons.

Rappels

La vaccination des enfants contre la coqueluche est obligatoire. Elle s’administre en trois doses (2, 4 et 11 mois). Des rappels sont fortement recommandés à 6, 11 et 25 ans. 

La première dose étant administrée à 2 mois, l’enfant est, avant cet âge totalement vulnérable. C’est la raison pour laquelle les autorités de santé conseillent aux mères de se faire vacciner pendant la grossesse, afin de transmettre les anticorps à leur enfant. C’est incontestablement « le moyen le plus efficace de protéger le nouveau-né et le nourrisson avant qu’ils ne puissent l’être par leur propre vaccination », confirme la HAS dans l’avis qu’elle a rendu hier. L’autorité constate que cette mesure « est encore insuffisamment appliquée en France ». 

Mais surtout, la HAS recommande « un rappel vaccinal pour toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec des nouveau-nés et nourrissons de moins de 6 mois, si la dernière injection reçue date de plus de 5 ans ». 

Cette recommandation concerne d’abord l’entourage familial du bébé : « Parents, fratrie, grands-parents et autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le nourrisson au cours de ses six premiers mois ». Pour ces personnes, sauf si la mère a été vaccinée un mois au moins avant l’accouchement, il est recommandé de procéder à un rappel si le précédent date de plus de 5 ans. Attention, il faut vérifier dans le carnet de santé si le rappel a été fait. En effet, de nombreuses personnes pensent de bonne foi qu’elles sont à l’abri après avoir reçu un rappel « DTP »  (dyphtérie, tétanos, polio). Mais peut inclure une protection contre la coqueluche (on l’appelle dans ce cas « dTcaP » ), ou pas.

Enfin, pour les professionnels de la petite enfance (dont les agents des crèches, assistants maternels, etc.), la HAS rappelle que le rappel vaccinal doit être effectué à 25, 45 et 65 ans. Mais elle recommande, pendant cette période d’épidémie, l’administration d’une dose de rappel « si la dernière injection date de plus de 5 ans ». 

La HAS indique néanmoins que ces recommandations exceptionnelles ne modifient pas le calendrier vaccinal en vigueur, ce qui pourra toutefois évoluer « en fonction de l’évolution des indicateurs épidémiologiques ». 

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