Jeux olympiques et paralympiques : un démarrage en demi-teinte
Par Lucile Bonnin
En plus d’être un évènement sportif incontournable, la tenue des Jeux olympiques et paralympiques en France devait être une opportunité pour le pays, tant pour le tourisme que concernant l’héritage sportif dans les territoires.
À trois jours du lancement officiel des Jeux olympiques, le temps de l’échauffement est terminé. Se mêlent alors inquiétudes, satisfactions et espoirs de voir ces JOP fructifier sur le long terme.
Une offre d’infrastructures de haut-niveau qui s’est développée
Selon les chiffres du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (MSJOP), 1 000 Centres de préparation aux Jeux (CPJ) ont été implantés dans 98 départements et ont accueilli des centaines de délégations étrangères ces derniers mois.
« Plusieurs centaines de collectivités territoriales ont porté des projets de rénovation de leurs équipements afin de renforcer la qualité de leur offre sportive locale et dédiée à la haute performance, avec le soutien financier de l’État via l’Agence nationale du sport (ANS) et la Solideo » , peut-on lire sur le site du ministère. L’ANS a au total investi 25 millions d’euros afin de soutenir ces projets de rénovation. Une carte interactive vient d’ailleurs d’être publiée recensant ces infrastructures dans les territoires.
Une véritable dynamique a été effectivement mise en place des dernières années par les collectivités et les élus pour dynamiser le sport dans les communes. Le challenge aujourd’hui est de maintenir cet effort. Un collectif d’une centaine d’élus représentant le label Terre de Jeux 2024 a publié il y a quelques jours dans le média Ouest-France une tribune en faveur d’une « coalition des territoires » : « Paris 2024 a lancé l’élan et dès à présent nous devons penser l’après ; notamment dans les collectivités. Présidents de régions, de départements, maires, élus, rejoignez cette dynamique et engageons-nous collectivement à poursuivre les actions pour que tous les Français célèbrent cet événement et continuent à s’engager pour le sport. » Les élus appellent notamment à « sacraliser un budget "sport" solide pour poursuivre le développement de ces actions en 2025 et 2026 ».
Inquiétudes sur le tourisme
Si cet élan sportif dans les territoires suscite un certain enthousiasme, il demeure quelques mécontents du côté du secteur du tourisme notamment à Paris. Les restrictions d’accès dans certaines zones à Paris ont été mises en place jeudi 18 juillet et déjà des commerçants déplorent leurs effets.
Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) Paris Île-de-France explique que le chiffre d'affaires des professionnels du secteur à Paris est directement impacté : « On ne pensait pas avoir une telle baisse de fréquentation, en zone grise [la plus restrictive en termes d'accès - ndlr] ça va jusqu’à - 80% et les établissements dans les zones rouges sont également touchés ».
Rappelons que le gouvernement a instauré une commission pour indemniser a posteriori les entreprises pénalisées par les restrictions et les activités liées aux Jeux. Mais Frank Delvau ne se montre pas enthousiaste sur ce point : « Si un restaurateur enregistre une baisse de 5 % de son chiffre d’affaires, il ne sera pas éligible », anticipe-t-il. Les conditions pour prétendre à cette indemnisation n’ont pas encore été détaillées.
Cette fin du mois de juillet est aussi marquée par des déceptions pour le secteur. Il faut dire que les prévisions étaient particulièrement ambitieuses, appuyées par des chiffres impressionnants comme « une hausse anticipée de 350 % de Chinois » (lire Maire info du 13 mai). Au total, 11 millions de touristes sont attendus dans la capitale cet été. Finalement, pour l’instant, « l’été exceptionnel » que tout le monde attendait se fait désirer.
Dans le journal Le Monde, Olivier Cohn, directeur général de Best Western France, indiquait qu’en juin ses hôtels parisiens enregistrent un chiffre d’affaires en recul de 15 % par rapport à l’année dernière : « La période n’est pas terrible… Alors que, normalement, juin est l’un des meilleurs mois pour l’hôtellerie dans la capitale » . Par ailleurs, selon le dernier baromètre de l'office de tourisme de Paris, réalisé en juin, les prévisions de remplissage pour les dix premiers jours de juillet devaient atteindre en moyenne 60 %.
Selon Frank Delvau, interrogé sur Franceinfo, « on sait, au vu des billets vendus, que nous serons sur une clientèle française et francilienne qui représentera environ 65 à 70 % des détenteurs de billets. Ce qui veut dire qu'un Francilien qui va venir à Paris pour assister à des épreuves olympiques rentrera chez lui après les épreuves. Donc, c'est du remplissage en moins pour les hôtels ».
Situation politique
La situation politique instable aurait aussi joué en la défaveur du pays. Interrogée par l’AFP, Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l'Umih, formule une observation : « L'impact est clair : après l'annonce de la dissolution (de l'Assemblée nationale), on a enregistré plus d'annulations que de réservations. Il y a un arrêt net au 9 juillet dans toute la France avec un climat d'incertitude qui n'est pas propice aux déplacements personnels et professionnels » . Elle indique également qu’en dehors de Paris, « l'été est très, très calme. On se rend compte qu'il y a un phénomène d'éviction qui dure presque jusqu'à mi-septembre, la clientèle habituelle fuyant les éventuels problèmes de transport, la foule... ».
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