La Cnaf lance une enquête pour identifier les besoins en professionnels de la petite enfance
Par Lucile Bonnin
Les établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE) font l’objet depuis plusieurs années et surtout depuis la crise sanitaire de nombreuses inquiétudes. Les gestionnaires, qui sont souvent des communes ou des intercommunalités, doivent notamment faire face à un problème de taille : celui de la pénurie de professionnels.
Manque d’attractivité du métier, difficultés de recrutement, carences de candidatures selon les territoires, augmentation du nombre des départs à la retraite : certains établissements sont contraints de fermer faute de pouvoir trouver du personnel formé et qualifié.
Face à ce constat, le Conseil économique social et environnemental (Cese) propose, pour aller « vers un service public d’accueil de la petite enfance » , une « valorisation des métiers » de la petite enfance : « Salaires, formation, perspectives professionnelles, valorisation des compétences » . Xavier Madelaine, co-président du groupe de travail Petite enfance de l’AMF déclarait lors de la présentation de l’avis du Cese : « La qualité nous l’avons, les personnels sont qualifiés, mais nous devons améliorer la professionnalisation, la rémunération et surtout répondre à la pénurie de professionnels » . (lire Maire info du 29 mars)
Pour trouver des solutions, le Comité de filière petite enfance, installé depuis le 30 novembre dernier, et qui « réunit les représentants syndicaux et associatifs de la filière ainsi que les administrations et opérateurs impliqués dans ce champ », va initier plusieurs travaux. C’est dans ce cadre que la Cnaf a récemment construit un questionnaire qui a été adressé à l’ensemble des des EAJE référencés dans le système d’information de la branche Famille.
Un questionnaire pour les EAJE
Une enquête a donc été lancée le 1er avril. « Les EAJE sont invités à y répondre afin de recenser et comprendre les conséquences du manque de personnel » , peut-on lire sur le site de la Caf. Objectiver, chiffrer et localiser : voilà ce que tente de faire le Comité de filière petite enfance installé par le secrétaire d’État à l’enfance et aux familles.
16 777 EAJE ont donc d’ores et déjà reçu par e-mail un lien unique pour pouvoir participer et remplir ce questionnaire en ligne. Ce dernier ne demande pas plus d’une dizaine de minutes. La date de clôture pour pouvoir apporter des réponses à ce questionnaire est fixée au 15 avril.
Il s’adresse à tous les gestionnaires d’établissement d’accueil du jeune enfant, quel que soit son mode de financement. Les gestionnaires qui gèrent, à l’échelle d’un département, dix EAJE ou plus, sont invités à compléter également un seul et même questionnaire.
Mesurer le manque de professionnels par département
Concrètement, il sera demandé aux gestionnaires d’EAJE de renseigner les données d’identification de l’établissement (nom, localisation, forme juridique, capacité d’accueil), d’indiquer le nombre de professionnels manquants au 1er avril 2022, le nombre de places durablement fermées pour cause de manque de personnel et si possible le nombre de professionnels éducateurs de jeunes enfants ou infirmières puéricultrices à recruter pour le 1er septembre.
Le but de l’opération est de recenser le nombre de postes non couverts, de connaître les conséquences de ces vacances dans les territoires et d’évaluer la capacité d’accueil des structures par rapport au personnel. Il est précisé que « cette enquête ne constitue pas un moyen de contrôle des normes d’encadrement et les réponses au questionnaire ne sont pas communiquées aux autorités locales d’agrément. »
La synthèse des résultats de cette enquête sera communiquée aux membres du Comité de filière petite enfance, dont fait partie l'AMF, dans le courant du mois de mai 2022.
Un diagnostic « pré-réforme »
Pour rappel, dans le cadre de la réforme des modes d’accueil de la petite enfance (décret du 30 août 2021), tous les établissements ou services d'accueil du jeune enfant ont jusqu'au 1er septembre 2022 pour se conformer aux exigences résultant du décret qui vise à la « simplification de la réglementation relative aux services aux familles et définition des modalités de mise en œuvre des obligations de publication de l'identité, des coordonnées et des disponibilités d'accueil des assistants maternels agréés. »
Si aucune disposition ne fait directement référence aux problèmes liés au recrutement et à la formation de professionnels, les associations d’élus, les fédérations ainsi que le Comité de filière petite enfance récemment créé souhaitent apporter des réponses complémentaires sur le sujet. D’où l’importance de ce questionnaire qui établira l’état du secteur professionnel avant la pleine application de la réforme.
« La pénurie de professionnels formés pour travailler en EAJE ne doit pas se traduire par une baisse des exigences de qualification. Mais par la mise en place d’une réelle filière des métiers de la petite enfance et le développement de filières de formation plus accessibles, à proximité des zones d’emploi » , indiquaient déjà à Maire info les experts de la petite enfance de l’AMF en septembre dernier (lire Maire info du 14 septembre).
Pour plus d'informations : FAQ sur caf.fr.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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