Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 2 juillet 2020
Élus locaux

Municipales 2020 : premier instantané des 512 266 élus de France

Le ministère de l’Intérieur a mis en ligne le vaste fichier des élus issus du scrutin municipal. Si ce fichier ne comprend pas encore les maires – tous ne sont pas élus, dans l’attente de l’installation des conseils municipaux élus au second tour – son analyse donne de premières indications sur la sociologie des élus de 2020.

La parité progresse (un peu)
L’analyse brute du fichier du ministère donne de premières indications générales. Tout d’abord sur le nombre d’élus municipaux : il y a à ce jour 512 266 élus municipaux (hors Polynésie française, qui n’est pas comprise dans le fichier, et sans les communes de Guyane où l’élection a été reportée). Une bonne nouvelle : la parité a un peu progressé par rapport au cru précédent : lors du mandat 2014-2020, il y avait 60 % d’hommes pour 40 % de femmes parmi les élus. La proportion de femmes a un peu augmenté, passant à 42,4 % aujourd’hui pour 57,6 % d’hommes. C’est parmi les plus jeunes élus et les plus âgés que la parité est la moins respectée : chez les élus de moins de 20 ans, on retrouve 60 % d’hommes pour 40 % de femmes ; chez les plus de 70 ans, on monte même à 67 % d’hommes. En revanche, dans la tranche d’âge 30-40 ans, on se rapproche d’une parité réelle (52 % d’hommes, 48 % de femmes).
Comme toujours, on peut être élu non de 7 à 77 ans, mais de 18 à 99 ans. Le doyen des élus (99 ans) se trouve à Mont-de-Galié (Haute-Garonne), il est né le 16 janvier 1921. Le benjamin des conseillers municipaux est une benjamine et une ultramarine : Mélanie Francomme, 18 ans, est élue à Saint-Joseph (La Réunion), et est née le 27 septembre 2001. L’âge moyen des élus est de 51,7 ans. Les femmes élues sont un peu plus jeunes que les hommes (50,4 ans contre 52,7 ans).
Presque les trois quarts des élus (70 %) ont entre 41 et 70 ans. La tranche d’âge la plus représentée est celle des 41-50 ans (25 % du total des élus). Aux extrêmes, seuls 0,35 % des conseillers municipaux (soit 1 773) ont entre 18 et 20 ans ; presque 8 % des élus (40 494) ont entre 70 et 99 ans.

80 % des élus dans les communes de moins de 3 500 habitants
Il est toujours intéressant de croiser ce fichier des élus avec ceux de l’Insee, pour faire apparaître les différences sociologiques en fonction de la taille des communes. 
Cela permet de rappeler, comme toujours, que l’écrasante majorité des élus de France se trouve dans les petites communes : 80 % des élus le sont dans des communes de moins de 3 500 habitants. La majorité des élus (56 %) est même issue de communes de 1 000 habitants et moins, et 36 % d’entre eux (soit environ 186 000) sont élus de communes de moins de 500 habitants. À l’autre extrémité du prisme, seuls 1,5 % des conseillers municipaux siègent dans une ville de plus de 50 000 habitants ; et 0,64 % (3 302) dans une ville de plus de 100 000 habitants. Une occasion de rappeler, une fois de plus, que les élus des grandes villes, qui bénéficient souvent d’un affichage médiatique bien plus important, ne représentent qu’une infime minorité des élus du pays.
C’est dans les grandes villes que les élus municipaux sont les plus jeunes : dans les villes de plus de 100 000 habitants, l’âge moyen des élus est de 48,8 ans – et de 50,6 ans dans les villes de 50 000 à 100 000 habitants. La moyenne d’âge la plus élevée se trouve chez les élus des communes de 3 500 à 5 000 habitants (52,8 ans). Dans les petites communes (moins de 1 000 habitants) la moyenne d’âge des élus est de 51,2 ans. 
De façon évidente, ce croisement entre fichier des élus et fichiers démographiques fait apparaître que la principale différence entre petites et grandes communes concerne la parité. On sait en effet que celle-ci n’est pas obligatoire dans les communes de moins de 1000 habitants. Résultat presque mécanique : la parité s’effondre dans les plus petites communes, qui, vu leur poids proportionnel par rapport aux grandes, tirent les chiffres de la parité vers le bas. Dans les communes de moins de 500 habitants, il n’y a que 36 % de femmes élues dans les conseils municipaux ; dans celles comprises entre 501 et 1000 habitants, 40 %. 
Ceci dit, il est à noter que même dans les communes de plus de 1000 habitants où les listes paritaires sont obligatoires, il n’y a aucune strate démographique dans laquelle les femmes élues seraient majoritaires. Aucune. Les listes étant toujours composées d’un nombre impair de candidats, un sexe est forcément légèrement plus représenté qu’un autre. Et… les chiffres montrent que c’est toujours le sexe masculin. Les communes les plus vertueuses sont, en la matière, les grandes villes, ou le ratio femmes/hommes est de 49,70 % contre 50,30 %. Toujours plus d’hommes, certes, mais de très peu. Les villes de 50 000 à 100 000 habitants suivent de très près. Ensuite, les ratios s’éloignent : dans les villes de 20 000 à 50 000 habitants, il y 51,7 % d’élus hommes contre 48,2 % d’élues femmes. 
Il reste maintenant à attendre la parution du fichier des maires, après les dernières élections dans les conseils municipaux qui vont se tenir jusqu’à dimanche, pour savoir si le nombre de femmes maires – et, mi-juillet, de femmes présidentes d’intercommunalité – évolue. En attendant, un jour, que comme le souhaite l’AMF, la parité devienne obligatoire dans toutes les communes, y compris les plus petites. 

Franck Lemarc

Télécharger le fichier Excel des élus 2020 (ministère de l'Intérieur - 23 Mo).

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