Camps de migrants : « face à l'urgence », treize maires de grandes villes exigent la « mise à l'abri » des personnes à la rue
Il y a deux ans, ils étaient sept (lire Maire info du 18 décembre 2017), aujourd’hui ils sont treize maires (1). Ces élus de grandes villes – dont le président de l'AMF, François Baroin, et celui de France urbaine, Jean-Luc Moudenc – toutes tendances politiques confondues, interpellent une nouvelle fois le gouvernement sur les situations humaine et sanitaire alarmantes des « personnes à la rue » et notamment les « personnes migrantes ». Quatre mois après l’envoi d’un courrier « resté sans réponse » et alors que s’est ouvert le débat sur l’immigration, ces maires « exige[nt] la mise à l’abri inconditionnelle des personnes présentes sur notre territoire » et demandent à « être reçus sans délai pour échanger sur le dispositif d’accueil et d’orientation des migrants ».
Carence de l’État
Face à une situation « très inquiétante » qui « ne cesse de se dégrader », ils estiment que l'État ne prend pas ses responsabilités et laissent les collectivités seules pour « prendre en charge celles et ceux que la carence de l’État contraint à vivre dans des conditions indignes ».
S’ils affirment faire « tout leur possible », avec l’aide des associations, des entreprises et des citoyens, pour apporter une réponse à cette « crise », énumérant les actions mises en place dans leur commune, ils constatent qu’ils « arrivent à court de moyens ».
Or, expliquent les 13 maires, « dans les campements de fortune qui se sont installés au cœur de nos villes, on compte chaque jour plus d’hommes, de femmes et d’enfants. Il n’est pas rare d’y voir des nourrissons et des familles entières en attente d’une solution. Livrées à elles-mêmes, exposées à toutes les difficultés qu’implique la vie dans la rue, ces personnes sont dans une situation d’extrême vulnérabilité ». Ils rappellent qu’« après l’été et son lot d’épisodes caniculaires, c’est bientôt l’hiver qui se profile, avec des conditions climatiques qui font craindre pour la survie des personnes ».
Tradition humaniste
Les signataires de la tribune réitèrent ainsi leur appel à l’État « pour qu’il assume pleinement son rôle » et ne se décharge pas des « compétences qui sont les siennes » sur les villes. « Il en va de la garantie du respect des droits fondamentaux dont toute personne peut se prévaloir, conformément à nos valeurs et à la tradition humaniste dont se revendique notre pays », écrivent-ils, précisant qu’il « s’agit également de faire revenir la tranquillité publique dans des quartiers très éprouvés par la permanence de situations humaines et sociales critiques ».
Selon eux, « seul l’État est à même de créer et de déployer le dispositif pérenne dont nous manquons aujourd’hui. Un dispositif qui peut s’inspirer des solutions imaginées par les villes, comme le centre humanitaire qui a récemment fermé Porte de la Chapelle à Paris. Nous avons besoin de lieux comme celui-ci, identifiables et accessibles à tous. Seul l’État est en mesure de porter au niveau européen les négociations relatives à la crise migratoire, pour construire une réponse globale au défi que pose l’accueil des réfugiés en France ».
A.W.
(1) Nathalie Appéré, maire de Rennes ; Martine Aubry, maire de Lille ; François Baroin, président de l’AMF, maire de Troyes ; Martial Beyaert, maire de Grande-Synthe ; Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine ; Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers ; Dominique Gros, maire de Metz ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse ; Éric Piolle, maire de Grenoble ; Roland Ries, maire de Strasbourg ; Johanna Rolland, maire de Nantes ; Laurent Russier, maire de Saint-Denis.
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