Logements sociaux : les loyers et charges impayés sont passés « de 3 % à 10 % » en un an, selon la CGL
Par A.W.
L’Agence nationale pour l’information sur le logement (Anil) vient de publier les « nouvelles données » disponibles grâce aux 34 observatoires locaux des loyers, déployés depuis 2023 et qui regroupent plus de la moitié du parc locatif dans 58 agglomérations.
Dans le cadre d’une étude sur le parc privé français dévoilée la semaine passée, elle indique que la moitié des agglomérations étudiées présente un loyer médian supérieur à 10 euros/m² sur la base des appartements de 3 pièces et hors charges.
Jusqu'à 23,5 euros/m² pour un 3 pièces
Sans surprise, Paris arrive largement en tête avec un loyer médian qui atteint les 23,5 euros du mètre carré, devant son agglomération (près de 15 euros/m²) et Nice (autour de 12,5 euros). Suivent de nombreuses villes de la côte méditerranéenne (Fréjus, Montpellier, Marseille…), mais aussi les agglomérations montpelliéraine, lyonnaise et lilloise.
Le réseau des observatoires constate également « une attractivité de la façade atlantique qui se lit sur le montant médian des loyers » des agglomérations de Nantes, La Rochelle et Bordeaux, tout comme certains territoires ultramarins situés notamment dans l’ouest de La Réunion.
À l’inverse, parmi les agglomérations dont les loyers sont inférieurs à 8 euros/m², on retrouve Alençon (7,2 euros/m²), Mâcon et Saint-Étienne. Les niveaux des loyers reflètent ainsi « la diversité des marchés locaux de l’habitat et de leur tension locative ».
Autre enseignement de l’étude, les appartements de trois pièces construits pendant les Trente glorieuses, entre 1946 et 1970, ont un niveau de loyer hors charges moins élevé que les autres. À caractéristiques de logement identiques, les logements de l’époque présentent ainsi « des niveaux de loyers inférieurs aux logements mis en service au cours des autres périodes de construction, y compris les plus anciennes ».
En outre, alors que ce parc est réputé pour avoir des charges élevées, « la quasi-totalité des "passoires énergétiques" louées dans le secteur privé (91 %) sont des logements construits avant 1974, alors que ces logements ne représentent que 57 % du parc locatif privé », indique l'étude.
Hausse des impayés de loyers en HLM
Du côté du parc social, la Confédération générale du logement (CGL) vient d’alerter sur les loyers et charges impayés en forte avec un taux passé de 3 à 10 % en un an. À l’occasion du congrès de l’association, fondée à la suite de l’appel de l'abbé Pierre en 1954, son président Michel Fréchet, a prévenu, sur France Bleu, que le fait de « passer de 3 % à 10 % d'impayés en une année, c'est énorme et cela risque de continuer ».
« À un moment, on ne saura plus faire ! Est-ce que les bailleurs vont dire : "On a 10 ou 15 % de nos locataires qui ne paient pas leurs loyers, on les expulse" ? Ou bien les locataires vont garder sur leur patrimoine des gens qui ne sont pas en capacité de payer ? Ce qui va poser des problèmes financiers aux bailleurs… On est dans une situation complètement folle ! », s'inquiète-t-il.
Sans compter que, comme l'an dernier, le coût de l'énergie fait redouter une hausse des charges. « Le bouclier tarifaire a disparu, il va y avoir un effet », met en garde Michel Fréchet.
Appel à « un plan de sauvetage de la production neuve »
Pour ne rien arranger sur le front du logement, un rapport du député Horizons François Jolivet, estime que le projet de loi de finances pour 2024, adopté vendredi sans vote en première lecture à l'Assemblée nationale, ne suffira pas à enrayer la crise du logement.
« Les mesures budgétaires connues au jour de la rédaction de ce rapport ne permettront pas de répondre à la crise nationale de la production de logements neufs », affirme le député de l'Indre, rapporteur spécial du texte.
François Jolivet, qui craint 180 000 destructions d'emplois dans la filière immobilière en 2024, « appelle de ses vœux un plan de sauvetage de la production neuve ». La Fédération française du bâtiment redoutait, elle, récemment, « près de 150 000 destructions de postes, salariés et intérimaires confondus » à l’horizon 2025, au regard de la baisse du nombre de permis de construire.
Le rapporteur spécial déplore également le manque d'ambition de la réforme de la fiscalité des meublés touristiques type Airbnb comprise dans le projet de loi de finances, mais se félicite en revanche des financements supplémentaires débloqués par le gouvernement pour les bailleurs sociaux (400 millions d'euros par an pendant trois ans) et du maintien du nombre de places en hébergement d'urgence à un niveau élevé.
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