Le vieillissement des agents conduit à une légère hausse de l'absentéisme dans les collectivités
Par Emmanuelle Quémard
En 2021, l’absentéisme pour raison de santé a légèrement progressé dans les collectivités pour atteindre le taux de 9,6 % (contre 9,5 % l’année précédente) et les principaux indicateurs statistiques (fréquence, gravité et exposition) confirment les tendances observées depuis 2018. C’est ce que montre le dernier Panorama Sofaxis-groupe Relyens sur la qualité de vie au travail et la santé des agents dans les collectivités territoriales. Publiée le 22 novembre, cette étude annuelle s’appuie sur les données recueillies auprès de 451 000 agents affiliés à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) répartis dans 15 850 collectivités.
Elle met notamment en lumière l’évolution de la nature des arrêts de travail après deux épisodes particulièrement marquants pour la gestion RH des collectivités : l’impact du jour de carence s’appliquant depuis 2018 dans les cas de maladie ordinaire et les effets de la pandémie de covid-19, très sensibles entre 2019 et 2020, sur la santé des agents.
Des arrêts toujours plus longs
Sofaxis confirme que les arrêts de travail pour cause de maladie ordinaire restent la première raison d’absence dans les collectivités (5,4 % contre 5,3 % un an plus tôt). La proportion des arrêts pour longue maladie ou des arrêts de longue durée arrive en seconde position, mais reste stable (2,7 %) tandis que les accidents du travail pèsent autant en 2021 qu’en 2020 dans l’absentéisme global (1,5 %).
Autre élément significatif souligné par le Panorama 2022 : la gravité des arrêts maladie a continué d’augmenter en 2021. Ces derniers atteignent désormais une durée moyenne (toutes causes confondues) de 51 jours contre 49 jours en 2020. Selon l’assureur, cette hausse est portée par « le vieillissement (des agents) intervenant sur des métiers à forte pénibilité exercés dans des conditions contraintes ».
Dans le détail, l’étude indique que ce sont les absences pour cause de longue maladie qui induisent logiquement les arrêts les plus importants. Ces dernières ont atteint en moyenne 271 jours l’an dernier alors qu’elles représentaient 266 jours d’arrêt en 2020. En revanche, le nombre de jours d’absence consécutifs à un accident du travail marque un repli assez sensible (71 jours contre 76 l’année précédente). « Les différentes périodes de confinement en 2020 ont largement contribué à la forte diminution de la survenance des accidents. En revanche, le retour à une organisation plus conforme en 2021 a favorisé une reprise des accidents du travail à des niveaux comparables à 2019 », indique le Panorama. À noter, par ailleurs, que les arrêts liés aux congés maternité s’établissent en moyenne à 99 jours contre 101 jours en 2020.
En outre, un recul de la fréquence des arrêts pour cause de santé chez les agents territoriaux est observé. En 2021, ce sont, en effet, 56 arrêts qui ont été enregistrés pour 100 agents employés par une collectivité. Une proportion qui culminait à 59 arrêts pour 100 agents employés un an auparavant.
Il apparait également que le taux d’exposition (nombre d’agents absents au moins une fois dans l’année) est en léger recul en 2021, où il atteint 40 %. Là encore, ce sont les agents en maladie ordinaire qui représentent le niveau d’exposition le plus élevé (75 %), suivent les victimes d’accident du travail (15 %), les personnels en longue maladie/longue durée (7 %) et les absences pour maternité (3 %).
Coût plus élevé pour l’employeur, risque de précarité accru pour l’agent
L’étude met également en lumière le coût direct des absences des agents pour les employeurs territoriaux. Alors qu’il s’élevait à 2 221 euros par agent en 2020, ce coût atteint 2 233 euros en 2021, toutes natures d’absences confondues, soit une hausse de 5,4 % en cinq ans. Ce sont les absences pour maladie ordinaire qui pèsent le plus lourd pour les collectivités (1 105 euros) devant les maladies de longue durée (566 euros), les accidents du travail (411 euros) et les congés maternité (151 euros).
Le Panorama 2022 s’attarde aussi sur l’impact pour le personnel territorial du passage à demi-traitement lors d’une absence pour raison de santé. « Ce passage constitue une perte de revenus pour les agents et leur fait courir un risque de précarisation », note l’assureur qui souligne que le demi-traitement « peut survenir en maladie ordinaire pour un arrêt qui dure plus de trois mois ou lors de l’accumulation de plusieurs arrêts dont la somme est supérieure à 90 jours. »
Observant que la hausse des absences en maladie ordinaire (qui produisent des arrêts de plus en plus longs et illustre la gravité des absences) entraîne une augmentation des indemnisations à demi-traitement, les auteurs de l’étude estiment que la « mise en œuvre de la protection sociale complémentaire dans les collectivités dans un but de protection des agents en garantissant un maintien de salaire s’avère déterminant dans ce contexte ».
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