Le gouvernement lance son plan Avenir montagne, doté de près de 650 millions d'euros
Par Franck Lemarc
Les stations de montagne sont confrontées, depuis le début de l’épidémie, à une crise historique, avec deux saisons tout ou partie perdues. Pour aider les stations confrontées à la fermeture des remontées mécaniques, l’État a mobilisé quelque 5 milliards d’euros d’aides d’urgence. Mais à présent, le gouvernement souhaite engager une transformation « en profondeur » et à long terme de l’économie de la montagne. Un nouveau plan de 150 millions d’euros – qui sera dédoublé par chacune des six régions concernées – sera lancé aujourd’hui, pour aider les acteurs à financer les investissements « au service d’un objectif de transformation ». Ce financement sera prolongé d’un second, à hauteur de 31 millions d’euros, « consacrés à l’accompagnement en ingénierie ».
Diversifier et « dessaisonaliser »
Le tourisme de montagne, est-il rappelé dans le dossier de presse de ce plan, c’est 20 milliards d’euros de retombées économiques dont la moitié revient aux stations. C’est aussi 18 000 emplois directs et indirects dans les stations elles-mêmes et « plus de 120 000 emplois dépendant de l’ouverture des domaines skiables ». Outre les pertes sèches occasionnées par les longs mois de fermeture des installations, la crise a « obéré les capacités d’investissements » des acteurs de la campagne, souligne le gouvernement. Et ce alors que les stations sont déjà placées face à un défi majeur : leur dépendance absolue à l’activité ski (82 % de leur chiffre d’affaires), dans une période où le réchauffement climatique a déjà des conséquences concrètes sur l’enneigement. La volonté de l’exécutif est donc, notamment, d’aller vers une plus grande « diversification » de l’activité touristique en montagne, ce qui pourrait également permettre une « dessaisonalisation » de l’activité. Un deuxième axe est celui de « la recherche de nouvelles clientèles ».
Investissements de transformation
L’axe majeur de ce plan est le déblocage de 300 millions d’euros (150 millions par l’État et 150 millions par les régions) pour des « investissements structurants » : « Équipements touristiques durable liés à la diversification quatre saisons, modernisation des équipements (…), protection de la biodiversité ». Une soixantaine de projets seront également soutenus, via l’ANCT, par 31 millions d’euros destinés à financer l’ingénierie des projets de transition. Les financements se feront « sous l’égide des préfets ».
Une autre source de financement viendra du « prêt tourisme », distribué par BpiFrance et garanti par la Caisse des dépôts. 300 millions d’euros sont encore à distribuer, qui vont bénéficier « aux entreprises du tourisme de montagne » (hôtels, restaurants, établissements thermaux…).
Mesures pour les scolaires
Autre volet du plan : favoriser l’accès des plus jeunes à la montagne. Le dispositif des « colos apprenantes » va être relancé cette année, et doté de 5 millions d’euros, avec une aide de l’État pouvant atteindre « 80 % du coût du séjour ». Par ailleurs, une concertation va être lancée avec l’ensemble des acteurs pour « parvenir collectivement à une baisse du coût des séjours en montagne », afin de « démocratiser » ceux-ci. Enfin, des « jumelages » vont être proposés entre les écoles des communes de montagne et celles du reste du territoire, afin d’organiser des échanges « avec hébergement en famille ou dans un lieu collectif ».
Transition écologique et urbanisme
Enfin, le gouvernement se donne pour objectif « d’accélérer la transition écologique des activités touristiques en montagne », notamment en s’attelant à la question des transports – la montée en station restant aujourd’hui très tributaire des autocars. Un appel à manifestation d’intérêt consacré notamment à la création « d’ascenseurs valléens » va être lancé.
Des actions vont également être menées pour la restauration des sentiers de montagne (10 millions d’euros).
Enfin, en matière d’urbanisme, le gouvernement veut s’attaquer à la problématique des « lits froids » (inoccupés pendant la majeure partie de l’année). Il devrait être intégré une disposition à ce sujet dans le projet de loi 4D : « Afin de conserver un modèle de gestion dynamique des résidences de tourisme et leur apport à l’économie de la montagne, le droit de préférence du preneur à bail, gestionnaire de résidence de tourisme, au moment de la vente d’un hébergement, pourra être transféré à des foncières dédiées. »
Au total, ce seront presque 650 millions d’euros qui seront engagés par l’État et les régions, qui devraient, par effet levier, aboutir à quelque 1,8 milliard d’euros d’investissements divers.
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