La participation des employeurs au financement de la protection sociale complémentaire deviendra obligatoire dans les collectivités entre 2025 et 2026
Issue elle aussi de la loi de transformation de la fonction publique, comme l’ordonnance sur la négociation collective (lire article ci-dessous), cette ordonnance vise à « renforcer et harmoniser » la couverture des agents publics. En effet, comme l’ont expliqué les représentants de l’État lors de la réunion du Conseil national d’évaluation des normes du 25 janvier, qui a examiné ce texte, « 56 % des collectivités locales ont déjà mis en place une protection sociale complémentaire en faveur de leurs agents », tant pour la prévoyance que sur la santé (plus de 460 000 agents concernés). Désormais la mise en place d’une PSC deviendra, entre 2022 et 2026 selon les cas, obligatoire pour tous les employeurs publics.
Santé et prévoyance
Les dispositions mises en place par cette ordonnance s’inspirent très largement de ce qui existe dans le secteur privé. Le financement de 50 % au moins, par les employeurs, sera obligatoire pour la complémentaire santé (maladie, maternité et accident) ; pour la prévoyance, le financement restera facultatif, sauf dans la fonction publique territoriale où il sera obligatoire (voir ci-dessous).
En matière de santé, cette participation d’au moins 50 % devra couvrir : « la participation de l’assuré aux tarifs servant de base au calcul des prestations des organismes de Sécurité sociale » ; le forfait journalier ; « les frais exposés (…) pour les soins dentaires prothétiques ou d’orthopédie dentofaciale ».
Les modalités de la PSC seront décidées dans le cadre d’une négociation locale (lire article ci-dessous). L’accord local qui en résultera fixera également le caractère obligatoire, ou non, de la souscription des agents « à tout ou partie des garanties ».
Dispositions spécifiques dans la territoriale
L’ordonnance comporte des mesures spécifiques à la fonction publique territoriale. D’abord, les organes délibérants des collectivités territoriales et de leurs établissements publics devront désormais tenir, dans les six mois suivant leur renouvellement, « un débat portant sur les garanties accordées aux agents en matière de PSC ». Pour la période actuelle, les collectivités disposent, pour tenir ce débat, d’un délai d’un an à compter de la publication de l’ordonnance : elles devront donc tenir ce débat avant le 18 février 2022.
Concernant la participation financière des employeurs territoriaux, celle-ci ne pourra être inférieure, en matière de santé, à 50 % d’un montant de référence qui sera fixé par décret ; et pour la prévoyance, à 20 % d’un montant de référence.
Par ailleurs, le texte fixe l’obligation pour les centres de gestion « de conclure des conventions de participation en matière de protection sociale complémentaire, conventions qui pourront être négociées au niveau régional ou interrégional ». L’adhésion à ces conventions, toutefois, restera facultative pour les collectivités, a rappelé le ministère devant le Cnen, et celles-ci auront toujours le choix « du conventionnement direct ou de la labellisation ». Une telle décision devra faire l’objet d’une délibération.
Pour ce qui est des échéances enfin, la fonction publique territoriale dispose d’un délai de grâce – les associations d’élus ayant estimé, lors de la concertation, que les délais proposés par le gouvernement étaient intenables. Dans la fonction publique de l’État et la fonction publique hospitalière, la PSC deviendra obligatoire au 1er janvier 2022. Dans la territoriale, ce sera le 1er janvier 2026 pour la complémentaire santé (ou au terme de la convention de participation conclue avec les centres de gestion, quand une telle convention existe). Pour la prévoyance, l’obligation entrera en vigueur le 1er janvier 2025.
Un coût de 300 millions d’euros par an
Lors de la présentation du projet d’ordonnance devant le Cnen, les représentants des élus ont salué la réforme en elle-même, qualifiée de « progrès important susceptible d’améliorer substantiellement la qualité de vie au travail des agents », ainsi que, une fois n’est pas coutume, « la qualité et la richesse de la concertation » menée par le gouvernement.
Ils attendent maintenant les décrets d’application de ce texte, dont ils attendent qu’ils fassent eux aussi l’objet d’une concertation approfondie. Le futur décret fixant les montants de référence pour la prise en charge d’une partie de la PSC par les employeurs est naturellement le plus attendu.
La réforme va entraîner des dépenses supplémentaires « substantielles » pour les employeurs publics : elles sont à estimées autour de 300 millions d’euros par an.
Franck Lemarc
Télécharger le rapport et l’ordonnance.
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