Journée internationale du droit des femmes : encore tellement à faire !
Par Franck Lemarc
Il faut encore rappeler que le 8 mars n’est ni « la journée de la femme » ni, encore moins, « la fête des femmes » lors de laquelle on se devrait, comme cela se fait encore dans de nombreuses entreprises, d’offrir une rose aux collaboratrices ! C’est bien la « journée internationale du droit des femmes », créée, à l’origine (en 1909) par le mouvement ouvrier pour revendiquer le droit de vote pour les femmes. C’est en 1977 que cette journée du 8 mars a été « labellisée » comme l’une des quelque 90 « journées internationales » reconnues par l’Onu. Elle permet depuis de mettre en lumière, au moins pendant une journée, non seulement les inégalités encore criantes constatées dans les pays riches, mais également les atteintes dramatiques aux droits des femmes qui subsistent de par le monde – mariages forcés, crimes et viols « d’honneur », excision, peine de mort pour les femmes adultères, etc.
Inégalités
En France, où les femmes ont le droit de vote depuis 1945 et le droit de posséder un compte en banque à leur nom depuis 1965 seulement, de sérieuses inégalités subsistent notamment en matière de salaires et d’accès aux responsabilités. Il faut rappeler que les femmes, à responsabilités égales et à temps de travail équivalent, gagnent toujours 17 % de moins que les hommes (23 % de moins si l’on ne tient pas compte du temps de travail).
Quant à l’accès aux responsabilités, Maire info a encore récemment rappelé que seulement 20 % des maires sont des femmes alors que, dans toutes les communes grandes ou petites, elles représentent plus de la moitié de la population.
L’autre dossier brûlant, sur cette question, est celui des violences faites aux femmes et des féminicides : année après année, les chiffres sont toujours aussi choquants, et une femme est tuée en moyenne tous les trois jours par son compagnon (il y en a eu 13 depuis le début de l’année 2022).
Sujet « transversal »
Réuni hier, le groupe de travail égalité femmes/hommes de l’AMF a rappelé « la nécessité d’une impulsion forte et transversale de l’État, des collectivités locales, des corps intermédiaires et de la société pour promouvoir la mixité et l’égalité ». Consciente du caractère « transversal » de cette problématique, l’AMF souhaite, aujourd’hui, intégrer la réflexion sur l’égalité au sein de toutes ses instances et de ses commissions, comme celles sur l’éducation, la culture, la politique de la ville, le sport ou la petite enfance.
L’AMF en profite pour diffuser à nouveau le mémento intitulé La commune et l’égalité femme/homme qu’elle a élaboré en 2020, après avoir déclaré, l’année précédente, la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes « grande cause du mandat 2020-2026 ». Le mémento, sur plusieurs chapitres, balaye les différentes actions que les communes peuvent entreprendre, au sein de l’institution communale elle-même, d’une part, et dans les politiques publiques (éducation, sport, culture, action sociale, emploi, logement, etc.), d’autre part. Le mémento consacre également un chapitre à la prévention des violences contre les femmes, en encourageant notamment les communes à prendre une délibération pour marquer « leur engagement volontariste » sur le sujet.
Occasion manquée
L’AMF demande enfin que ses « recommandations » de 2018 soient « effectivement mises en œuvre », pour instaurer la parité aux élections municipales dans toutes les communes, y compris de moins de 1000 habitants. La fin du quinquennat laisse, sur ce plan, un goût amer d’occasion manquée, avec l’adoption par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi dans ce sens, puis le refus du gouvernement de faire en sorte que ce texte soit discuté au Sénat à temps pour espérer être adopté avant la fin du mandat.
Le gouvernement, qui a su déclarer la « procédure accélérée » sur de très nombreuses propositions de loi depuis le début du quinquennat, n’a apparemment pas estimé que ce sujet méritait d’être traité dans l’urgence.
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