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Édition du vendredi 30 avril 2021
Sécurité

Insécurité et délinquance : une année 2020 « très atypique »

Baisse des homicides et des vols. Hausse des violences familiales et des viols. Les deux confinements qui ont marqué l'année 2020 ont modifié les tendances habituelles, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure qui constate que « certaines formes de délinquance n'ont pu s'exercer autant [que d'habitude], tandis que d'autres ont pu se renforcer ».

Par A.W.

Sous l’effet des mesures de confinement et de couvre-feu, l’année 2020 a connu des « évolutions très atypiques ». C’est le constat fait par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure dans son bilan sur l’insécurité et la délinquance pour l’année 2020 publié hier.
Une année particulière donc, marquée par la crise sanitaire, qui a entraîné la baisse importante de certains indicateurs (vols, cambriolages) et la forte progression d'autres (violences intrafamiliales), « certaines formes de délinquance n’ayant pu s’exercer autant qu’en situation habituelle, tandis que d’autres ont pu se renforcer ».  
Des résultats qui requièrent, toutefois, « des délais supplémentaires pour une interprétation la plus objectivée possible », préviennent les auteurs de ce rapport qui vient compléter et affiner une première photographie publiée en début d’année.

Des violences familiales en forte hausse

Premier enseignement, la forte augmentation des violences intrafamiliales, d’ores et déjà recensée l’an passé et tant redoutée, se confirme. Si « une très légère hausse »  des coups et blessures volontaires (sur les personnes de plus de 15 ans) a bien été enregistrée (1 %) par rapport à 2019, le service du ministère de l’Intérieur souligne que c’est bien « en lien avec celle plus importante des violences intrafamiliales »  (+ 9 %, après +10 % en 2018 et +14 % en 2019). Car dans le même temps, le nombre de victimes des coups et blessures volontaires hors du cadre familial a diminué « nettement »  en 2020 (- 7 %) alors qu’il avait augmenté en 2018 (+ 6 %) et en 2019 (+ 4 %).
Si cette forte progression des violences intrafamiliales a été la règle sur presque tout le territoire - puisqu’elle a été observée « dans la quasi-totalité des départements métropolitains, à l’exception notamment de Paris »  - , elle présente une singularité.
Contrairement aux autres indicateurs, le nombre de victimes dans le cadre intrafamilial a progressé lors du premier confinement (+ 5 %) - « malgré un recul en tout début de confinement »  - avant d'enregistrer une baisse à partir de l’automne 2020 (- 9 % sur la période du deuxième confinement). En outre, « les niveaux de fin d’année étaient inférieurs à ceux de la fin 2019 », selon les auteurs du rapport.
Reste que, comme à l'accoutumée, les femmes ont été largement majoritaires parmi les victimes de violences intrafamiliales enregistrées (85 %) tout comme les hommes (87 %) parmi les auteurs présumés de ces coups et blessures volontaires ; les trois quarts des mis en cause ayant plus de 30 ans.

Coups et blessures : les communes rurales « moins épargnées » 

Plus globalement, en ce qui concerne les coups et blessures volontaires dans leur ensemble, les communes rurales et les petites agglomérations ont été « relativement moins épargnées dans ce domaine de délinquance : l’écart avec les zones les plus touchées est moins important que pour d’autres catégories d’infractions ».
Les coups et blessures volontaires ont ainsi « nettement augmenté dans certaines régions dont le nombre de victimes enregistrées par habitant est inférieur à la moyenne nationale, notamment en Bretagne, en Corse ou en Nouvelle-Aquitaine ». À l’inverse, « d’autres régions qui affichent des taux plus élevés que la moyenne métropolitaine connaissent une baisse des enregistrements de victimes en 2020 comme les Hauts-de-France ou Paris et sa petite couronne ».

Vols, cambriolages et dégradations reculent nettement

Autres « évolutions très atypiques depuis mars 2020 », celles du nombre de vols et de cambriolages qui a connu un « très net recul », grâce aux mesures de confinement et de couvre-feu. Résultat, la baisse a été généralisée pour les vols sans violence contre des personnes (- 24 %), les cambriolages de logements (- 20 %), les vols violents sans arme (- 19 %), les vols d’accessoires sur véhicules (- 18 %), les vols dans les véhicules (- 17 %), les vols de véhicules (- 13 %), les destructions et dégradations volontaires (- 13 %) ou encore les vols avec armes (- 8 %).
Pour ce qui est des vols sans armes, la baisse a été recensée sur l’essentiel des départements en 2020, « la Côte-d’Or étant le seul département qui enregistre une nette hausse ». Cependant, le tiers de ces actes ont eu lieu à Paris ou en Seine-Saint-Denis. Ils ont d’ailleurs augmenté « de manière très marquée avec la taille des unités urbaines ». « En 2020, le taux dans l’agglomération parisienne, à 3 vols pour 1 000 habitants, est 62,6 fois plus élevé que dans les communes rurales, 7,7 fois plus élevé que dans les unités urbaines ayant entre 20 000 et 50 000 habitants et 2,1 fois plus élevé que dans les grandes agglomérations de province de plus de 200 000 habitants », détaille le rapport.
Les vols avec armes ont, eux, été également en « nette baisse »  partout… excepté en Nouvelle-Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie. Là aussi, ils ont été « fortement concentrés dans les grandes agglomérations »  (avec 0,20 vol pour 1 000 habitants, l’agglomération parisienne a un taux 9,5 fois supérieur à celui des communes rurales et 2,9 fois supérieur à celui des agglomérations ayant entre 20 000 et 50 000 habitants).
Pour ce qui est des vols d’accessoires, les niveaux de délinquance ont été « proches entre petites et grandes agglomérations ». Mais, comme pour les autres types de vols, « les grandes agglomérations sont plus exposées que les communes rurales », bien que « l’écart [soit] nettement plus ténu pour les vols d’accessoires sur les véhicules », malgré une diminution enregistrée pour « une très grande majorité des départements »  l’an passé.

Homicides en baisse

En ce qui concerne les homicides, l’an passé, le nombre de personnes tuées a légèrement baissé par rapport à 2019, le service du ministère de l’Intérieur ayant recensé 17 victimes en moins. Au total, leur nombre s’est élevé à 863 victimes (dont 7 en lien avec un attentat terroriste).
Parmi celles-ci, « un peu moins d’un tiers sont des femmes », les classes d’âges les plus touchées étant les plus jeunes (les 15-29 ans et les 30-44 ans). Les personnes mises en cause sont majoritairement des hommes avec une « nette surreprésentation »  des 18-29 ans. A noter que la Corse et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur avaient les taux d’homicides par habitant les plus élevés.

Viols et tentatives de viols en hausse

Si le nombre de victimes de violences sexuelles a poursuivi la hausse (+3 %) observée les années précédentes, cette augmentation a néanmoins été « beaucoup moins forte »  qu’en 2018 (+ 19 %) et 2019 (+ 12 %).
Cependant, la forte hausse observée ces dernières années pour les viols et tentatives de viols s’est poursuivie en 2020 (+ 11 %) les autres agressions sexuelles ayant baissé (- 3 %) après des hausses en 2019 et 2018.
Le « contexte de libération de la parole »  expliquerait cette tendance, selon les auteurs du rapport. Fait notable, « la part des victimes ayant porté plainte pour des faits datant de plus d’un an a augmenté de 31 % en 2016 à 39 % en 2020 », le nombre de victimes ayant déclaré des faits commis plus de cinq ans auparavant a, lui, « plus que doublé entre 2016 et 2020 ».
Néanmoins, si le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées a atteint « un point haut »  en 2020 (avec près de 55 000 dont plus d’un quart dans le cadre intrafamilial), il « sous-estime encore largement le phénomène ».
Le nombre d’agressions et harcèlements sexuels, ainsi que le nombre de viols enregistrés par habitant, n'a que « peu [dépendu] de la taille des agglomérations ». « Il n’est que légèrement moins élevé dans les petites villes et les zones rurales que sur le reste du territoire », souligne le ministère de l’Intérieur, qui note que « l’Île-de-France et les Hauts-de-France, où les violences sexuelles sont plus souvent enregistrées, sont les deux régions qui affichent une baisse en 2020 par rapport à 2019 ».

Télécharger le bilan.

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