Dans 20 jours, la réouverture générale
Par Franck Lemarc
« Les mesures seront nationales », a clairement annoncé le chef de l’État dans l’interview qu’il a accordée à la presse régionale. Sauf reprise très vive de l’épidémie dans tel ou tel département, les mesures annoncées hier soir devraient donc être uniformément appliquées sur tout le territoire.
3 mai : fin des attestations en journée
La première étape débutera dès lundi prochain, avec la réouverture, prévue depuis longtemps, des collèges et lycées (avec une demi-jauge dans les lycées et en 4e et 3e dans une dizaine de départements). En dehors des établissements scolaires, aucune réouverture de commerces, lieux culturels, etc., n’est prévue. En revanche, la barrière des 10 km sera levée et les déplacements seront à nouveau libres en journée, y compris d’une région à l’autre. Ce sera donc la fin des attestations, mais en journée seulement, puisque le couvre-feu est maintenu à 19 h.
19 mai : la grande réouverture !
C’est quinze jours plus tard, le mercredi 19 mai, qu’arrivera le jour tant attendu, avec toute une batterie de réouvertures : d’une part, le couvre-feu sera décalé à 21 heures ; d’autre part, les commerces, lieux culturels, stades et terrasses pourront de nouveau accueillir du public.
Il faudra attendre un peu pour connaître tous les détails de cette étape : par exemple, si la communication de l’Élysée précise que « les commerces » rouvriront le 19 mai, elle ne dit pas si ce sont tous les commerces – en particulier, les grands centres commerciaux – qui seront concernés.
Les choses sont un peu plus précises en revanche pour les lieux culturels : ce sont bien les « musées, monuments, cinémas, théâtres et salles de spectacle avec public assis » qui vont rouvrir, avec une limite de 800 personnes en intérieur et 1000 en extérieur. Pour l’instant, la communication de l’Élysée ne dit rien sur les jauges qui seront exigées, dans les cinémas ou les théâtres par exemple. Si on connaît le nombre maximal de personnes qui pourront être accueillies, on ignore le pourcentage de remplissage des salles.
Pour les terrasses, il est précisé que les tablées seront de 6 personnes maximum. D'après nos informations, le ministère chargé du Tourisme a indiqué ce matin que le 19 mai, les hôtels, villages vacances et chambre d'hôtes pourraient assurer un service de restauration en intérieur pour leurs clients. Les casinos pourraient ouvrir à 35%, mais seulement pour les machines à sous.
Le 19 mai, ce sera également la réouverture du public dans les stades et, en général, dans les établissements sportifs de plein air et couverts (avec la même jauge maximale : 800 en intérieur, 1 000 en extérieur). Il faut aussi préparer la réouverture des piscines couvertes et de toutes les enceintes sportives en intérieur.
À cette date, le télétravail sera toujours recommandé et les rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique resteront interdits.
9 juin : le retour des salles de sport
Troisième étape le mercredi 9 juin, avec, pour commencer, un décalage du couvre-feu à 23 heures et un « assouplissement » du télétravail. Cette date verra aussi la réouverture des cafés et restaurants en intérieur, la réouverture des salles de sport, l’autorisation des sports de contact. La jauge maximale dans les salles de spectacle passera à 5 000, mais avec « un pass sanitaire » (lire ci-dessous). Les salons et foires d’exposition pourront également reprendre, avec toujours 5 000 personnes maximum. Selon nos informations, les établissements de thermalisme et de thalassothérapie pourraient ouvrir avec une jauge de 35 %.
30 juin : fin des restrictions (ou presque)
Enfin, le mercredi 30 juin, ce sera la levée presque totale des restrictions, avec la fin du couvre-feu et la suppression des jauges dans les établissements recevant du public. Le gouvernement se réserve toutefois la possibilité de « limiter le public présent » pour certains événements, en fonction de la situation locale.
Les grandes perdantes de ce plan sont les discothèques : seul secteur qui est resté intégralement et continûment fermé depuis le mois de mars 2020, les discothèques seront également les seules à rester fermées après le 30 juin, au désespoir des professionnels qui voient se dessiner la perspective d’un nouvel été sans boîtes de nuit.
« Freins d’urgence »
Emmanuel Macron a annoncé que ces mesures pourraient ne pas s’appliquer dans certains territoires en cas de flambée locale de l’épidémie : le gouvernement et les préfets appuieraient alors sur des « freins d’urgence » pour retarder localement les réouvertures.
Trois critères ont été définis pour prendre cette décision : un taux d’incidence supérieur à 400, une augmentation « très brutale » de ce taux et une « menace de saturation des services de réanimation ». Il semble – bien que cela demande à être confirmé – que ces trois critères sont cumulatifs. Autrement dit, un département qui aurait un taux d’incidence de 500 mais dont la tendance serait à la baisse verrait les réouvertures se dérouler aux dates prévues. Il sera important de voir ce point confirmé rapidement.
Beaucoup de scientifiques s’étonnent, depuis hier soir, de la fixation de ce seuil à 400, rappelant que le taux d’alerte maximale, depuis l’automne dernier, est de 250. Le chef de l’État se défend en arguant que l’apparition des vaccins a changé la donne, puisqu’elle donne « une perspective de sortie durable de la crise », ce qui « change la gestion de l’épidémie ».
Détails décidés « en concertation »
Comme il avait été annoncé en début de semaine, ce plan dévoilé hier n’est qu’une « matrice », et de nombreux détails restent à déterminer. C’est ce à quoi va servir la « grande phase de concertation » qui débute maintenant : parlementaires, partenaires sociaux, professionnels et élus locaux vont maintenant être consultés – on ne sait pas encore sous quelle forme – pour déterminer dans les détails « l’agenda et les protocoles de réouverture ». Seule annonce à cette heure : l’issue de cette concertation prendra place « au cours de la semaine du 10 mai », et ses résultats seront détaillés « par le Premier ministre ».
Le pari du « pass sanitaire »
C’est l’invité surprise de ces annonces : Emmanuel Macron est revenu, à plusieurs reprises sur le « pass sanitaire » qui devrait devenir obligatoire pour certaines activités. Si le chef de l’État exclut qu’il réglemente l’accès « aux lieux de la vie de tous les jours » (cinémas, bars, restaurants), le pass sanitaire pourrait devenir obligatoire pour accéder « aux lieux où se brassent les foules » : stades, festivals, grands événements.
Il s’agirait tout simplement d’un certificat, « numérique ou papier », garantissant qu’une personne est vaccinée ou qu’elle a procédé à un test négatif dans les 48 heures précédentes. Ce dossier, dans la mesure où il concerne « les libertés publiques », devra faire l’objet d’une loi et être discuté par le Parlement, a précisé le chef de l’État.
Pas de vaccination pour tous
Enfin, Emmanuel Macron a confirmé qu’il n’entendait pas ouvrir la vaccination à toutes les tranches d’âge dans l’immédiat. Seule ouverture, due au fait que l’État dispose « de doses en stocks » : la vaccination va être ouverte, « dès ce week-end », à toutes les personnes de plus de 18 ans en situation de surcharge pondérale « sérieuse » (indice de masse corporelle supérieur à 30).
Le chef de l’État avoue « ne pas savoir » si 2021 verra la fin de la crise : « Peut-être aurons nous à vivre avec le virus et à nous refaire vacciner chaque année », a-t-il indiqué, précisant se montrer « optimiste » sur la capacité des scientifiques à faire face rapidement à l’apparition de nouveaux variants.
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