Incendie industriel dans l'Aveyron : le maire de Viviez salue la réactivité des services de secours
Par Franck Lemarc
Au lendemain de l’incendie qui a détruit un entrepôt renfermant des centaines de tonnes de batteries lithium-ion usagées, le 17 février dernier, des voix se sont élevées pour pointer un « manque de transparence » de la préfecture sur les éventuelles pollutions générées par cet incendie (lire Maire info du 23 février). Depuis, la préfecture a tenu à rendre publics tous les résultats d’analyse et le maire de la commune de Vivez, Jean-Louis Denoit, se veut rassurant – mais pose la question, pour l’avenir, de la sécurité de la filière recyclage des batteries.
Rapports d’analyses plutôt rassurants
Vendredi 29 février, la préfecture de l’Aveyron a publié un nouveau communiqué (le dixième en 15 jours) pour annoncer qu’elle rendait publics les « rapports d’analyse et d’inspection » réalisés sur le site de la Sopave détruit par l’incendie. « Plus de 1000 mesures ont été réalisées afin d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux », écrit la préfecture, qui souhaite en communiquer les résultats « en toute transparence ». Une façon de répondre aux interpellations notamment du député du département Laurent Alexandre qui, dans un courrier adressé aux services de l’État, estimait que ceux-ci ne s’étaient pas montrés entièrement transparents.
Le site de la préfecture de l’Aveyron permet donc désormais d’accéder à plusieurs rapports post-incendie : celui du Sdis de l’Aveyron, du bataillon des marins-pompiers de Marseille, de l’OFB, de Santé publique France, de la Dreal et de l’Apave (groupe privé spécialisé dans la maîtrise des risques).
Le rapport de Santé publique France fait état, sur le plan sanitaire, d’un impact « modéré » de cette catastrophe, avec le signalement d’une trentaine de personnes ayant consulté pour des symptômes ORL (toux, irritation), des troubles de la vision ou des nausées. « Les professionnels de santé remontent également un mécontentement de la population et une nuisance liée aux odeurs et fumées » qui ont généré de « l’inquiétude ».
Quant au rapport de l’Apave sur les pollutions, il est plutôt rassurant : « Les mesures (…) n’ont pas mis en évidence d’impact de l’incendie au-delà des valeurs de référence » en matière de CO2 et de dioxyde de soufre, conclut l’Apave. La présence de résidus de métaux dans l’air n’a pas été constatée, en dehors du zinc, « dont la valeur de concentration relevée reste en-deçà des valeurs de référence ».
La préfecture indique par ailleurs que des « mesures complémentaires portant sur l’eau et la végétation » sont en cours, et qu’un « plan de surveillance sanitaire et environnementale » va assurer, « dans les semaines et les mois à venir, un suivi des conséquences éventuelles du sinistre ».
Enfin, elle indique qu’une nouvelle action de « visites à domicile » des riverains du sinistre a eu lieu les 28 et 29 février, « conduites par les élus et des bénévoles d’associations agréées de sécurité civile ».
« Écouter la parole des élus »
Les élus de la commune de Viviez, dont le maire au premier chef, sont en effet sur le pont depuis les premières minutes de l’incendie. Le maire, Jean-Louis Denoit, interrogé par Maire info la semaine dernière, qualifie bien cet événement de « catastrophe majeure », mais s’agace un peu d’une forme de « récupération » de cet accident par certains élus qu’il n’a « pas vu sur le terrain ». Plutôt que de pointer du doigt les services de l’État, il préfère saluer « la réactivité » des services de secours, qui sont arrivés très vite et ont pu maîtriser un incendie « qui s’était étendu extrêmement vite à tout le bâtiment ». « On était un samedi, ce qui est une chance parce que le bâtiment était vide. Mais les pompiers sont arrivés très vite et ils ont très bien fait leur travail, les choses ont été faites de manière correcte et sécure, avec des moyens conséquents ».
Si le maire comprend l’inquiétude des riverains, il regrette que des messages anxiogènes aient été relayés – notamment par le biais des réseaux sociaux – et que ceux-ci aient pris le pas « sur la parole des élus et de l’État, qui est de moins en moins écoutée ». « En fin de matinée, le dimanche, les fumées résiduelles étaient dissipées sur la plus grande partie de la commune », précise le maire de Viviez, dont l’équipe, comme le rappelle la préfecture, a mené quatre actions de visite à domicile des riverains, avec des bénévoles de la Protection civile notamment, pour s’assurer d’éventuels problèmes de santé.
Jean-Louis Denoit tient également à préciser qu’il est normal que les analyses prennent un certain temps à être effectuées : « On ne peut pas dire que les analyses sont trop lentes ». Même si, évidemment, dans un département où sont présents plusieurs sites Seveso, il estime qu’il serait bénéfique que des équipes spécialisées soient installées au plus près : dans le cas de cet incendie il a fallu faire venir des équipes de Marseille et de Toulouse, ce qui, a fortiori un samedi et pendant les vacances, ne se fait pas dans la minute.
Au-delà, le maire de Viviez pose la question plus générale de la sécurité de la filière recyclage des batteries lithium-ion. « La vraie question est là. Comme souvent, on met des produits sur le marché sans se poser le problème de leur devenir ni de comment on va les gérer lorsqu’ils seront hors d’usage. » Il estime donc nécessaire de lancer une réflexion sur ce sujet, ce qui paraît d’autant plus nécessaire que ce type de batteries, présentes dans tous les téléphones et ordinateurs portables ainsi que dans les voitures électriques, est appelé à se multiplier de façon exponentielle.
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