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Édition du vendredi 21 mars 2025
Fonction publique

Le salaire net des agents publics inférieur de 3,7 % à celui des salariés du privé

Selon l'Insee, en 2021, le salaire net moyen des agents de la fonction publique a décroché « à volume annuel de travail égal » en comparaison avec le secteur privé. Les caractéristiques de l'emploi public (âge, diplômes, métiers…) et les revalorisations régulières des rémunérations dans les entreprises expliquent notamment les écarts observés.

Par Emmanuelle Quémard

Au moment où le nouveau ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification Laurent Marcangeli peaufine l’agenda social 2025 qui doit programmer les prochaines discussions – notamment salariales – entre gouvernement, organisations syndicales et employeurs publics, une étude de l’Insee tombe à point nommé pour nourrir le débat entre les partenaires sociaux. Publiée le 20 mars, cette étude analyse ainsi les décalages de rémunérations entre les salariés du secteur privé (20,6 millions de personnes) et ceux de la sphère publique (5,9 millions d’agents, fonctionnaires ou pas).

29 450 euros annuel dans le public

Ce document montre tout d’abord qu’en 2021 – dernière année complète prise en compte par les statisticiens – le revenu salarial moyen dans la fonction publique était supérieur de 9,3 % à celui du secteur privé. En clair, alors que le revenu salarial moyen atteignait 24 070 euros en 2021 pour un agent travaillant principalement dans la fonction publique, il s’établissait à 22 040 euros pour un salarié du secteur privé.

Un écart que les auteurs de l’étude expliquent par le fait que les salariés de la fonction publique ont un volume de travail annuel plus élevé en moyenne que leurs homologues du privé. En effet, même s’ils travaillent plus souvent à temps partiel, les agents publics subissent beaucoup moins d’interruptions de travail au cours de l’année, à l’inverse des salariés du privé qui peuvent plus fréquemment connaitre des périodes de « non-emploi », entre deux contrats de travail par exemple, ainsi que cela peut être le cas pour les salariés en CDD ou en intérim, les saisonniers ou les demandeurs d’emploi…

Mais l’Insee donne également une lecture radicalement différente des distorsions salariales public-privé. En modifiant sa focale pour comparer les rémunérations « à volume annuel de travail égal », l’organisme souligne que le salaire net moyen annuel de la fonction publique s’élève à 29 450 euros et qu’il est inférieur de 3,7 % à celui des salariés du secteur privé. Un décalage en défaveur des acteurs publics d’autant plus marquant que ces derniers affichent un âge et un niveau de diplôme en moyenne plus élevés. En fait, l’Insee explique que cet écart était favorable aux agents publics jusqu’en 1995, mais que le salaire net moyen du secteur privé a ensuite progressé plus vite que celui de la fonction publique. Le croisement des courbes s’est produit en 2013, année qui a vu le salaire net moyen du privé dépasser celui de la fonction publique. Dans le détail, l’Insee observe que les salaires dans le secteur privé « sont plus dispersés que dans le public, avec à la fois plus de bas salaires et plus de très hauts salaires ». 

Des salariés plus âgés dans les carrières publiques

Parmi les paramètres mis en exergue pour expliquer les décalages salariaux public-privé, l’âge des salariés semble jouer un rôle important. L’étude observe notamment que les agents de la fonction publique sont en moyenne plus âgés que ceux du secteur privé (43,6 ans contre 40,9 ans). Un phénomène qui s’explique par une entrée professionnelle plus tardive dans les carrières publiques, en raison notamment des niveaux de diplôme exigés pour occuper de nombreux emplois. « De ce fait, note l’Insee, le volume annuel de travail moyen des salariés de la fonction publique est inférieur à celui des salariés du secteur privé pour les moins de 25 ans (de 5,3 %), mais il lui est supérieur dans toutes les autres catégories d’âge ».

Autre distinguo mis en évidence : la typologie des métiers qui pèse dans les écarts de salaires constatés chez les salariés du privé et parmi les agents publics. 

« L’écart de volume annuel de travail entre salariés de la fonction publique et du secteur privé est plus élevé parmi les employés (21,0 %) et les ouvriers (24,5 %) » , constate l’Insee qui ajoute que « le revenu salarial des ouvriers de la fonction publique (ouvriers de l’armée ou éboueurs par exemple) est ainsi supérieur de 27,4 % à celui de leurs homologues du secteur privé ». Un écart de revenu salarial qui peut même atteindre 30,6 % parmi les employés, « pour lesquels se cumulent une forte différence de volume annuel de travail mais aussi de salaire à temps de travail comparable ». Dans le même temps, il apparait que le revenu salarial moyen des cadres de la fonction publique est inférieur de 16,9 % à celui du secteur privé ; une différence que l’étude explique par le fait que le salaire net des cadres en équivalent temps plein (EQTP) est en moyenne inférieur de 19,7 % à celui du privé.

Enfin, le document compare les écarts de salaires entre les femmes et les hommes dans les deux univers professionnels. « À caractéristiques observables identiques, ces écarts sont d’une ampleur comparable dans la fonction publique et dans le secteur privé ». Des inégalités entre salariés et salariées qui pourraient, parmi d’autres sujets, être évoquées lors des prochaines réunions prévues à l’agenda social sous l’égide du ministre de l’Action publique.
 

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