Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 9 septembre 2024
Equipement et travaux

Vols de câbles en cuivre dans les communes : un phénomène qui prend de l'ampleur

Une recrudescence des vols de cuivre a été constatée depuis plusieurs années et les communes en paient les frais. Les câbles des réseaux téléphoniques et des candélabres de l'éclairage public sont ciblés par les voleurs.

Par Lucile Bonnin

« Entre janvier 2022 et mars 2023, 7 500 affaires de vols de cuivre ont été recensées »  alors que les prix du cuivre augmentent de façon faramineuse.  « En 2020, le prix d’une tonne de cuivre était de 5 700 euros, et il a atteint 8 200 euros en 2024 », indique dans une question écrite, datant du 1er août, la sénatrice des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac. 

Le phénomène inquiète les municipalités. « Dans les années qui viennent ce type de méfait va se démultiplier, c’est pourquoi j’ai tenu à alerter le gouvernement sur la question », précise la sénatrice à Maire info. Mérignac (Gironde), Lescar (Pyrénées-Atlantiques), Cesson (Seine-et-Marne), Puilboreau (Charente-Maritime), Saint-Avé (Morbihan), Saint-Lumine-de-Clisson (Loire-Atlantique) : de nombreuses communes ont déjà été confrontées à ces larcins qui pèsent parfois très lourd dans les budgets et mettent à mal le quotidien des habitants. 

Coûts pour les collectivités 

Sur X (Twitter), dans des groupes Facebook privés et même via des annonces sur Leboncoin : le cuivre a la cote et des réseaux se sont constitués au fil des années pour organiser les ventes. « Une dizaine de communes ont été ciblées, autour de Pau notamment, car on se trouve près de la frontière espagnole et que, selon les enquêteurs, la plupart des réseaux revendent le cuivre à l’étranger », explique Frédérique Espagnac. 

Si les voleurs s’en prennent le plus souvent aux câbles des réseaux téléphoniques, ils ouvrent également depuis plusieurs années les trappes techniques des candélabres d’éclairage des communes pour découper les câbles de cuivre. « Ces actes de vandalisme ont des conséquences financières lourdes pour les collectivités locales. Les coûts engendrés par ces vols comprennent le recâblage, le remplacement des lanternes ou des mâts, les travaux de terrassement souterrain pour le raccordement de chaque mât, voire le remplacement des fourreaux. » 

Dans commune de Lescar, 150 candélabres ont été vandalisés. « Il faut compter environ 1 000 euros pour remettre un candélabre en état », explique la sénatrice. La commune a donc dû débourser 150 000 euros pour réparer les dégâts. « Malheureusement, les collectivités locales ne sont pas assurées contre ces vols, ce qui rend leur prise en charge très lourde d’un point de vue financier. Ces coûts qui n’ont pas été prévus représentent une tension financière pour les communes »  qui font déjà face à une contrainte inflationniste forte.

Insécurité et arrêt des activités 

L’enjeu est aussi sécuritaire. En volant les câbles dans les candélabres, des rues se retrouvent sans éclairage la nuit. « Les conséquences sont multiples dans les communes et notamment pour les citoyens », observe Frédérique Espagnac. France 3 régions rapporte qu’à Denguin, « toute une partie de l'éclairage des équipements sportifs s'est retrouvée hors service après un vol de câble. »  Les activités sont alors à l’arrêt, le temps de réparer le dommage. Et les délais peuvent être très longs. Les infrastructures sont souvent particulièrement détériorées et il peut être difficile de trouver une entreprise disponible pour faire les réparations rapidement. « Les habitants et les associations se tournent dans ce cas évidemment vers le maire pour trouver une solution rapide », remarque la sénatrice, alors que certains travaux de réparation peuvent prendre plusieurs mois. 

Dans certaines communes, des associations de riverains se mobilisent pour surveiller les infrastructures qui pourraient potentiellement être touchées par ces cols en série. Mais là encore ces surveillances peuvent exposer les habitants à des dangers. « Le mieux reste encore d’appeler les forces de l’ordre en cas de doute », rappelle Frédérique Espagnac, qui demande au gouvernement « de prendre des mesures pour soutenir financièrement les communes victimes de ces vols et renforcer la surveillance de ces infrastructures ».

Décommissionnement du réseau cuivre

La situation risque de s’empirer dans les années à venir alors que le chantier de décommissionnement du cuivre s’accélère. Pour rappel, Orange a décidé d'arrêter d'ici à 2030 son réseau cuivre, l'infrastructure télécom de référence devenant dès lors la fibre optique.

Cette fermeture apparaît comme une opportunité pour le « business »  des malfaiteurs. Les techniciens qui installent la fibre dans les communes retirent d’abord les câbles de cuivre qu’Orange recycle par la suite. L’enjeu pour les voleurs et de mettre la main sur ce cuivre avant les travaux. Le temps est donc compté pour les voleurs et les larcins vont sans doute augmenter sur les réseaux de téléphonie entre 2024 et 2030. 

Par ailleurs on peut craindre qu’une fois le réseau cuivre totalement retiré, les voleurs se focalisent à l’avenir uniquement sur les candélabres des communes, faisant ainsi encore plus de dommages au sein d’encore plus de communes.

La sénatrice des Pyrénées-Atlantiques appelle donc le gouvernement à prendre le problème à bras le corps. Selon elle, il faudrait notamment « que les peines soient alourdies »  alors que ces pratiques sont de plus en plus régulières. Actuellement, les mis en cause encourent jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.

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