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Édition du mardi 2 novembre 2021
Emploi

Emmanuel Macron annonce un « Contrat Engagement Jeune » de 500 euros par mois, ouvert aux collectivités

Emmanuel Macron a annoncé aujourd'hui le lancement au 1er mars 2022 d'un « Contrat Engagement Jeune », proposant aux moins de 25 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois une allocation allant jusqu'à 500 euros par mois en échange de 15 à 20 heures par semaine de formation ou d'accompagnement. Les collectivités locales seront partie prenante du dispositif.

Par Franck Lemarc (avec AFP)

S’inspirant de la Garantie jeunes, un parcours intensif d’accompagnement au succès reconnu, ce projet avait été annoncé le 12 juillet par Emmanuel Macron pour aider au retour à l’emploi de jeunes « sans ressources et sans perspectives »  et « pour mettre fin à ce gâchis », a précisé le chef de l’État sur Facebook et dans un « message aux jeunes »  disponible sur le site de l’Élysée

Cette allocation sera versée « sous condition de revenus, d’assiduité et d’acceptation des offres d’activité faites », souligne-t-il. 

Pas de RSA jeunes

Pour éviter toute confusion avec un RSA jeunes dont il ne veut pas, l’exécutif a choisi le terme de « contrat d’engagement »  plutôt que celui de « revenu d’engagement »  utilisé le 12 juillet.
Cette mesure, en gestation depuis des mois, faisait l’objet d’une bataille entre d’une part le ministère du Travail, qui militait pour l’extension la plus large possible, et Bercy qui cherchait à en limiter le coût.

Le dispositif devrait concerner environ 500 000 jeunes de 16 à 25 ans par an, depuis un certain temps ni en emploi, ni en formation, ni en étude, au lieu du million – voire plus – envisagé cet été, lorsqu’était évoquée la possibilité d’y inclure aussi des travailleurs précaires et la totalité des jeunes sans emploi ni formation.

« Au plus haut de la pandémie, nous avons lancé la plateforme 1 jeune 1 solution et vous êtes 3 millions à avoir trouvé une formation, un stage ou un emploi », écrit le chef de l’État en s’adressant directement aux jeunes, rappelant qu’un nombre record de 525 000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2020. « Grâce à toutes ces actions, le chômage des jeunes est plus faible aujourd’hui qu’avant la crise. Il n’a d’ailleurs jamais été aussi faible depuis 2008 ». « Il demeure toutefois trop élevé et je ne me résous pas à ce que plusieurs centaines de milliers d’entre vous soient depuis trop longtemps sans emploi, souvent sans ressources. Sans perspectives », conclut-il, estimant que « la génération confinement peut être celle d’un nouvel élan ».

Les collectivités concernées

Ce dispositif pourra concerner les collectivités, puisqu’elles peuvent proposer des solutions d’apprentissage ou d’emploi à des jeune sans formation. Le chef de l’État l’a d’ailleurs précisé dans son message : « Des centaines de milliers d’emplois sont disponibles partout en France. État, entreprises, collectivités et associations : par ce dispositif, tous les acteurs vont se mobiliser ensemble pour vous permettre d’y accéder. » 

Mais dans quelles conditions financières ? Le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, a posé la question ce matin sur BFMTV : « Qui finance ? Est-ce que ce sont les collectivités qui devront mettre la main à la poche en lien avec les Missions locales ? »  Le député a déclaré « faire partie de ces parlementaires qui n’aiment pas apprendre ce qu’il y aura dans les projet de loi sur Facebook ». 

Déception

Reste qu’il est difficile de voir, après ces premières annonces, ce qui distingue fondamentalement ce dispositif de la Garantie jeunes, généralisée en 2016. En dehors de l’allocation, qui passerait donc de 450 euros pour la Garantie jeune à 500 euros. 

Les critiques fusent déjà sur ce nouveau dispositif : chez Les Républicains, on dénonce « un RSA jeune déguisé »  et « un pas de plus vers la culture de la dévalorisation du travail », dixit Soizic Perrault. Exactement à l’inverse, à gauche, on fustige « un stage payé moins que le smic horaire ». 

Côté organisations de jeunesse, ce n’est pas non plus l’enthousiasme. Le syndicat étudiant Fage dénonce « un manque d’ambition », car « avec 500 euros on ne vit pas, on survit ». Du côté de l’autre syndicat étudiant, l’Unef, on estime également cette somme « insuffisante ». 

L’Union nationale des missions locales n’a pas encore réagi à ces annonces. Maire info reviendra, dans ses prochaines éditions, sur ce dossier. 

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