Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 17 février 2025
Ecole

Carte scolaire : l'AMF réclame une méthode respectueuse des réalités des territoires

C'est la douche froide dans de nombreux territoires, au fur et à mesure que les directions académiques dévoilent les conditions de la prochaine rentrée scolaire 2025. Ce qui provoque de vives réactions dans les communes, notamment rurales. L'AMF interpelle le gouvernement. 

Par Emmanuelle Stroesser

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Dans un communiqué publié jeudi 13 février, l’AMF dénonce les « décisions brutales »  de fermetures « de classes et d’écoles »  prises par les directions académiques ces dernières semaines. 

« Fragilisation de l'école publique » 

Ces annonces sont d’autant plus mal vécues que « le renoncement à la suppression de près de 4 000 postes d’enseignants pouvait laisser espérer des conditions plus propices pour la rentrée prochaine ». Or « le nombre de fermetures de classes ou d’écoles s’avère sur le terrain plus élevé qu’attendu et confirme les craintes des maires d’une fragilisation de l’école publique notamment dans la ruralité » , explique l’association.

La méthode est particulièrement critiquée, et notamment « l’absence de concertation préalable ». Les observatoires des dynamiques rurales mis en place dans les départements « représentent davantage un alibi qu’un réel outil de concertation »  fustige l’association.  

Lors d’une réunion conjointe des commissions Éducation et Territoires ruraux de l’AMF, jeudi 6 février, tous les maires avaient témoigné d’une même incompréhension face aux arbitrages que les uns et les autres venaient d’apprendre – ou redoutaient. Une élue de l’Allier y témoignait de sa colère et son désarroi, confrontée une nouvelle fois à des pressions insoutenables et des décisions arbitraires, malgré les promesses d’organiser les rentrées sur trois années. Les observatoires des dynamiques rurales « n’observent pas grand-chose et sans doute pas de dynamique, car c’est bien l’inverse que l’on constate » , s’emportait un maire de la Haute-Marne. « On observe une baisse des effectifs, qui certes est réelle, mais il faudra un jour cesser de compter les gamins et voir quel service de l’école on assure ! » . En Charente-Maritime, une élue était encore sonnée de l’annonce inattendue de la réduction de postes, malgré des effectifs constants. « De l’intimidation ! », réagit l’élue, prévenant : « on ne cédera pas ». 

Autant d’échos qui ne cessent de se confirmer dans les territoires, provoquant de vives réactions dans la Creuse, le Cantal, la Vienne, en Charente, etc., où les mobilisations s’organisent. 

Réactions

Dans le Cantal, vendredi 14 février, pour marquer leur « colère », les membres du CDEN (organisations syndicales, associations de parents d’élèves, et l’association départementale des maires) ont boycotté la réunion prévue. À la place, ils ont pris la parole pour dénoncer dans un texte unitaire le « rythme effréné »  des réductions de postes depuis plusieurs années, et qui « conduit notre école publique dans une impasse ». 

En septembre 2025, le rectorat prévoit de supprimer 11 postes, qui s’ajoutent aux 13 de 2024 et 12 de 2023. « Poursuivre sur cette pente dangereuse conduirait, à l'horizon 2050, à fermer 310 postes de professeurs des écoles sur les 680 que compte actuellement le département », expliquent-ils. Agitant la menace de la « désertification scolaire à court et moyen termes »  dans certains « pans entiers »  du département si la logique reste la même. Un risque est « réel »  et « imminent » , insistent les signataires.

Dans le Cantal, les maires défendent une protection des territoires les plus fragiles (isolés, faiblement peuplés). Ou encore une « charte de l’école rurale et de Montagne » . Dans la Vienne, l’Association des maires et présidents d'intercommunalité appelle à la tenue « d'états généraux de l'Éducation nationale ». 

Dans la Creuse, à Lussat, c’est même tout le conseil municipal qui a démissionné, jeudi 13 février, pour protester contre l’annonce de la fermeture de la classe unique à la prochaine rentrée. Les 10 élus ont pris cette décision à l’unanimité, rapporte La Montagne. « Il y a soi-disant eu un courrier (du Dasen), raconte le maire, Daniel Malleret, mais nous ne l’avons pas reçu. Si l’on n’a plus d’école dans notre commune, que nous reste-t-il à faire ? Je ne veux pas devenir gestionnaire d’un grand Ehpad ! » 

Dans son communiqué de jeudi, l’AMF lance un appel solennel à la ministre de l’Éducation nationale, en lui réitérant « sa proposition d’un accord-cadre national, décliné à l’échelle départementale et locale, visant à poser une méthode de collaboration constructive avec les maires et permettant de sortir d’une logique de carte scolaire déconnectée des réalités du terrain et basée uniquement sur des ratios ».

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