Maire-info
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Édition du mercredi 16 février 2022
Santé publique

Développement de la santé numérique en France : une croissance exponentielle

Le système de santé est en évolution et le gouvernement entend donner un coup de collier pour accélérer le déploiement de la santé numérique en France. Hier, en Conseil des ministres, Olivier Véran a résumé les plans qui vont dans ce sens.

Par Lucile Bonnin

« Anticiper, prévenir, traiter. »  Ces trois vertus attribuées à la santé numérique ne font plus de doute pour le gouvernement. C’est dans cet état d’esprit que « plusieurs plans d’investissement ambitieux et coordonnés » , comme le rappelle le ministre des Solidarités et de la Santé, ont été lancés. 

« Il s’agit d’un soutien inédit de la part de la puissance publique » , a déclaré hier Olivier Véran devant le Conseil des ministres. C’était en juin 2021 que le président de la République avait annoncé la mise en place de la stratégie gouvernementale d'accélération « Santé numérique »  et aujourd’hui, des mesures concrètes sont déployées sur le territoire français. 

Mon espace santé, nouveau service public numérique 

C’est en ce mois de février que le dispositif « Mon espace santé »  émerge peu à peu dans les territoires. Le principe est simple : c’est un dossier médical informatisé et sécurisé qui sera partagé entre professionnels de santé et les citoyens usagers. 

« Cet espace numérique stocke tous les examens de santé (radiographies, prises de sang, comptes rendus d’hospitalisation), a précisé hier Olivier Véran. Chaque patient peut renseigner ses antécédents, ses allergies et y classer ses ordonnances. Il contient également une messagerie sécurisée, permettant aux médecins d’échanger non seulement entre eux, mais avec leurs patients. » 

Après l’échec du Dossier médical partagé (DMP) lancé en 2011, la réussite de ce projet dématérialisé va prendre du temps et demandera pédagogie et sensibilisation. Chaque assuré devrait se voir créer automatiquement un compte d’ici fin mai avec une possibilité de refus ouverte pendant 6 semaines. 

La question de la praticité mise en avant par le gouvernement laisse en marge le problème de l’accessibilité. C’est un point toujours sensible puisque, comme chacun sait, l’accès à Internet n’est pas encore aujourd’hui une évidence pour tous les citoyens. Il est vrai qu’en parallèle le gouvernement recrute des conseillers numériques pour accompagner les publics fragiles dans les territoires mais soigner l’illectronisme est aussi un défi qui demande du temps et de l’investissement. Ainsi, le lancement début février de ce nouveau carnet n’est pas synonyme de changement immédiat. Il faudra du temps. 

Le Ségur de la santé numérique

Olivier Véran est aussi revenu sur la mise en œuvre du Ségur de la santé numérique. Le Premier ministre Jean Castex avait détaillé en octobre dernier les contours de ce plan qui prévoit notamment 2 milliards d’euros (dont 600 millions d’euros réservés aux Ehpad) pour le développement du numérique dans le secteur de la santé. Cette aide, selon Olivier Véran, « permettra une plus grande efficience du système de santé, par un échange sécurisé des données de santé entre les professionnels de santé et autour du patient. » 

Sur ce volet d’investissement dans le numérique, le but est avant tout de « moderniser, sécuriser, et rendre interopérables les logiciels métiers dans les établissements et chez l’ensemble des professionnels de santé de la ville afin d’améliorer la fluidité des échanges. » 

La stratégie d’accélération santé numérique pour les entrepreneurs 

Troisième point : le ministre a rappelé l’existence d’un enjeu d’innovation au niveau national. La stratégie d’accélération santé numérique lancée en octobre dernier a pour but de « favoriser l’émergence d’un écosystème important de l’e-santé en France, capable de s’imposer sur un marché mondial compétitif. » 

Ce plan, financé « d’une part, par 650 millions d’euros d’investissement public, et d’autre part, par 1,5 milliard d’euros d’investissements privés attendus »  s’adresse aux entrepreneurs et aux start-ups qui souhaitent « développer des innovations au bénéfice des patients et des professionnels de santé. »  Cette dimension concerne particulièrement les entreprises et non directement les collectivités. 

Vers un remboursement de la télésurveillance

C’est désormais acté : le remboursement de la télésurveillance sera généralisé « d’ici l’été » , précise Olivier Véran. La télésurveillance permet en fait à des patients atteints de maladies chroniques d’être suivis à distance avec des objets connectés comme le tensiomètre par exemple. Ce dispositif a été testé dès 2018 et sera désormais pris en charge par l’Assurance maladie. 

Cette mesure est prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, publiée le 24 décembre dernier au Journal officiel. Il est précisé sur le site service-public.fr qu’une « tarification forfaitaire sera mise en place pour les personnes atteintes de cinq pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire et prothèses cardiaques implantables à visée thérapeutique). » 

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