Malgré l'inflation, la culture n'a pas été une variable d'ajustement budgétaire en 2023, selon une enquête
Par A.W.
Les budgets culturels ont mieux résisté que prévu au contexte inflationniste. C’est ce que conclut l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) dans son dernier baromètre 2023 sur les « budgets et choix culturels des collectivités », publié la semaine dernière.
S’appuyant sur une enquête réalisée auprès d’un échantillon de collectivités (9 régions métropolitaines, 66 départements, 64 communes de plus de 50 000 habitants, 37 intercommunalités…), les auteurs de ce baromètre estiment ainsi que la culture n’a pas été « une variable d’ajustement budgétaire » cette année.
Le spectacle vivant « fragilisé » au niveau communal
« Au regard des évolutions déclarées entre 2022 et 2023, les politiques culturelles semblent mieux résister d’un point de vue budgétaire par rapport aux craintes exprimées lors de la préparation des budgets et au ressenti des acteurs culturels », expliquent-ils en soulignant, toutefois, que leurs résultats sont à « mettre en perspective avec le contexte inflationniste actuel » et qu’ils « n’induisent pas nécessairement une capacité d’action et de soutien supérieure de la part des collectivités territoriales ».
Concrètement, leur enquête révèle que 43 % des collectivités et intercommunalités de l’échantillon ont déclaré un budget primitif culturel de fonctionnement stable entre 2022 et 2023 et presque autant (38 %) que celui-ci était même en augmentation (dont 13 % avec une hausse supérieure à 5 %). Dans le même temps, moins d’une collectivité sur cinq (19 %) a annoncé une baisse. Et seuls 5 % de l’échantillon ont fait part d’une baisse supérieure à 10 %.
Si la stabilité budgétaire domine « assez largement » pour les régions et les intercommunalités, « la situation est plus hétérogène concernant les communes de plus de 50 000 habitants, avec un tiers d’entre elles qui font état d’une baisse et guère plus d’une augmentation », observent les auteurs du baromètre. Or, « sachant qu’il s’agit des premiers financeurs de la culture en volume budgétaire, cela relativise l’impression générale plutôt favorable », nuancent ainsi ces derniers.
Globalement, ce sont le spectacle vivant, les musées et le patrimoine ainsi que le livre et la lecture qui sont les domaines les plus touchés par les baisses. À l’inverse, les festivals et événements, mais aussi l’action culturelle, sont les domaines qui bénéficient le plus de hausses.
Alors que les départements semblent « le plus contenir les baisses budgétaires, et ce, quels que soient les domaines d’intervention », au niveau communal, le spectacle vivant apparaît « particulièrement fragilisé budgétairement, conjuguant le nombre le plus important de baisses et des augmentations peu fréquentes ». Du côté des régions, ce sont « le livre et la lecture » qui sont particulièrement touchés.
Impact plutôt « modéré » de l’inflation
Pourtant, comme en 2022, les crises énergétique et inflationniste semblent, en 2023, n’avoir eu d'impact que « modérément » sur l’offre et les services culturels proposés par les collectivités ainsi que leur soutien aux acteurs culturels.
En effet, un peu plus de quatre collectivités sur dix ont estimé qu’il n’y a pas eu d’impact de la crise énergétique sur le montant des subventions culturelles qu’elles ont versées et presque autant (37 %) ont considéré que l’impact a été « faible ». In fine, seules 12 % jugent que celui-ci a été « fort ».
Résultat, à peine plus d’une collectivité sur dix (11 %) affirme que la crise énergétique a entraîné une diminution de l’offre culturelle qu’elle propose. Mais cela s’est passé « le plus souvent au niveau du bloc local » (en pourcentage, les métropoles, les communautés urbaines ainsi que les intercommunalités sont les plus concernées), remarquent les auteurs du baromètre, qui constatent que l’impact le plus significatif a surtout concerné la modification des usages (pour 40 % des collectivités) et bien moins les fermetures d’équipements, les changements des horaires d’ouverture ou encore l’évolution de la tarification (plus ou moins 15 %).
Orientations : la commune reste la « plus généraliste »
Reste que l’importance accordée à la politique culturelle paraît toujours « significative » puisque près de 60 % des directeurs des affaires culturelles considèrent qu’il n’y a « pas eu de dépriorisation » au cours des deux dernières années et que la politique culturelle est donc « autant une priorité qu’avant » pour leur collectivité. Plus de 30 % estiment même qu’il s’agit encore « plus d’une priorité qu’avant » alors que seulement 7 % d’entre eux jugent qu’elle l’est moins qu’auparavant.
Si les « logiques territoriales d’accès et d’offre » dominent les orientations politiques des collectivités en générale, l’échelon communal apparaît comme étant « le plus généraliste et le moins focalisé sur tel ou tel registre d’action ». En effet, dans les communes, ce sont « les logiques d’accès [qui] arrivent en tête, devant les registres liés à l’impact social, aux logiques territoriales, puis ceux liés à l’offre et à l’éducation-jeunesse ». Les intercommunalités privilégient, quant à elles, les logiques territoriales et d’accès.
En outre, près de la moitié (46 %) des directeurs des affaires culturelles considèrent que la dynamique intercommunale en matière culturelle s’est maintenue à un même niveau d’intensité sur leur territoire au cours des deux dernières années, 35 % jugeant qu’elle s’est même renforcée.
Par ailleurs, l’essentiel des communes, comme la majorité des collectivités (seules les régions font exception), indiquent ne pas être à la recherche d’une plus grande autonomie dans la conduite de leur politique culturelle par rapport à celle de l’État et à celle des autres niveaux de collectivités territoriales.
Selon les auteurs du baromètre, « les références et controverses qui animent le secteur de la culture – sur le terrain de la démocratie culturelle, des transitions ou des nouvelles « batailles culturelles » – apparaissent très en recul lorsqu’il s’agit de qualifier ce qui oriente et structure en priorité l’action publique ». Ce qui leur fait dire que « l’aggiornamento des politiques cultu[r]elles – espéré par certains, décrié par d’autres – n’est pas aussi net que les discours, commentaires ou analyses le laissent parfois entendre ».
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