Les festivals durement affectés par l'inflation, le changement climatique et le durcissement des règles techniques
Par Franck Lemarc
Le bilan du SMA permet d’avoir une bonne vision de l’état de santé des festivals : le syndicat, qui regroupe environ 600 entreprises, fédère plus de 170 festivals, dont 43 % ont lieu en ville, 40 % en milieu rural et 17 % dans des communes périurbaines.
Inflation et changement climatique
Premier constat : après plusieurs années « bouleversées par le covid », le public est revenu. 55 % des festivals du SMA annoncent avoir été complets au moins sur une journée – du moins sur les festivals d’été, le SMA indiquant que « les tendances pour les évènements de l'automne 2023 (semblent) moins enthousiasmantes ».
Cette bonne nouvelle est néanmoins assombrie par les conséquences de l’inflation. « Plus de 70 % des festivals font face à une hausse du budget artistique de l’ordre de 20 % en moyenne. » Le SMA épingle au passage les demandes formulées par les groupes invités aux festivals. C’est ce que l’on appelle les « riders » dans le jargon du spectacle – les fiches accompagnant les contrats et listant les demandes des artistes en termes de nourriture, hébergement, transport, etc. Selon le SMA, « l’ensemble des festivals déplorent une forte augmentation des coûts d'accueil, avec des riders déraisonnables et déraisonnés ».
Comme les collectivités (lire Maire info d’hier), les festivals sont confrontés à une explosion des tarifs des assurances : + 56 % entre 2019 et 2023. Les risques, notamment liés au climat, augmentent – certains festivals ont dû être évacués ou écourtés cet été, par exemple Terres du son à Monts, en Indre-et-Loire, ou Festi’Malemort en Corrèze en raison d’orages très violents, ou MadCow, dans le Cantal, à cause du vent. Le festival Woodstower, à Lyon, a dû, lui, faire face à deux journées de vigilance rouge canicule.
Le SMA écrit que « lors de la saison 2023, un tiers des festivals interrogés déclare avoir fait l’objet d’aléas climatiques ». D’où, hélas sans surprise, l’augmentation des frais d’assurance, qui pousse le SMA à se demander si les festivals pourraient devenir « inassurables ».
Parmi les autres causes d’augmentation des coûts, le syndicat mentionne les frais de sécurité, qui ont augmenté de 26 % entre 2019 et 2023, atteignant en moyenne 48 500 euros par événement.
Décret son
Autre problème auquel doivent faire face les organisateurs : le durcissement de la réglementation en matière de son. Comme l’écrivait Maire info au moment de la parution du « décret son » en 2022, il s’agit « d’une question de vie ou de mort pour les festivals ». Comme le notait alors l’association AGI-SON, qui fédère des organisations liées au spectacle vivant, l’application stricte des règles fixées dans ce décret est « intenable » et « condamnerait les spectacles de plein air » . Sans compter l’impact financier provoqué par la nouvelle obligation de réaliser une EINS (étude d’impact des nuisances sonores) et de la mettre à jour parfois quotidiennement, obligation jugée « intenable financièrement » par AGI-SON.
De son côté, le SMA relève que le nombre d’EINS est « en augmentation malgré les défis techniques nécessaires et les problèmes soulevés ». Mais le syndicat estime qu’il « est clair que le parc de matériel de sonorisation existant ou encore les compétences et formations au sein des équipes ne peuvent répondre au niveau d’exigence très élevé de la réglementation ».
Enfin, le SMA relaye les inquiétudes de nombreux festivals à l’aube de la saison 2024, année olympique lors de laquelle, on le sait, les forces de sécurité seront prioritairement mobilisées sur les JO de Paris. « Si la circulaire de décembre 2022 est venue clarifier la situation du maintien des festivals, il reste quelques incertitudes sur les autorisations préfectorales », souligne le SMA. Certains festivals ont déjà « renoncé », d’autres ont déplacé leur date. Et il reste une forte inquiétude sur la disponibilité des matériels et des équipes techniques, les JO venant « tendre fortement le marché des prestataires et des recrutements » . Résultat : 20 % des festivals interrogés par le SMA « ne sont toujours pas certains de leur tenue en 2024 ».
Deux derniers chiffres produits par le syndicat méritent d’être notés : plus de 75 % des festivals adhérents du SMA ont désormais « au moins un référent sur les questions de transition écologique », et 97 % d’entre eux ont mis en place des dispositifs pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
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