Covid-19 : confinement du littoral des Alpes-Maritimes pour les deux prochains week-ends
Au niveau national, « la tendance n’est pas bonne ». Ces quelques mots lâchés samedi matin par le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont de quoi inquiéter, après plusieurs semaines pendant lesquelles le gouvernement faisait montre d’un optimisme prudent face à la « stabilisation » de l’épidémie. Il y a, d’une part, les départements dans lesquels les variants font exploser les chiffres (Moselle, Alpes-Maritimes, agglomération de Dunkerque) ; et, d’autre part, des chiffres livrés par Santé publique France qui, de nouveau, semblent repartir à la hausse : pression hospitalière toujours aussi élevée, nombre de contaminations quotidiennes supérieur à 20 000 pendant plusieurs jours de suite, nombre d’admissions en réanimation de nouveau à la hausse.
Sur l’ensemble du pays, le taux d’incidence reste proche de 200 (rappelons que le « seuil d’alerte », fixé l’été dernier par le gouvernement, était de … 50). Dans plusieurs départements (Île-de-France, Moselle, Nord, Pas-de-Calais, Somme, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône…), le taux d’incidence est supérieur à 250.
Les deux principaux motifs d’inquiétude des autorités sanitaires sont, d’abord, la montée en puissance du variant repéré en Grande-Bretagne, qui a atteint 40 % ce week-end, conformément – hélas – aux projections de l’Inserm.
Et, ensuite, le retour d’un temps clément qui pousse partout les Français à une forme de relâchement – comme cela a pu être constaté dans toutes les villes pendant le week-end. Quelques mairies ont pris, dès ce week-end, des arrêtés pour tenter de limiter les rassemblements, comme celle de Lyon qui a interdit la consommation d’alcool sur la voie publique depuis samedi. Anne Souyris, l’adjointe à la maire de Paris chargée de la Santé, a déclaré ce matin sur BFMTV que la capitale réfléchissait elle aussi à une telle mesure.
Un confinement partiel dans les Alpes-Maritimes ces deux prochains week-ends
Résultat : le gouvernement semble vouloir revenir, pour l’instant du moins, à des mesures « territorialisées ». Une fois encore, la cohérence de la stratégie gouvernementale ne saute pas aux yeux : alors que la semaine dernière, il s’est montré totalement fermé à de telles demandes – émanant notamment des élus locaux – en Moselle ou à Dunkerque, le gouvernement semble avoir changé son fusil d’épaule dans les Alpes-Maritimes.
Tout le week-end, d’intenses concertations ont eu lieu entre le préfet et les maires, après la visite éclair d’Olivier Véran à Nice. En conférence de presse, ce matin, le préfet des Alpes-Maritimes a finalement annoncé le confinement partiel du littoral des Alpes-Maritimes, qui comprend 90 % de la population du département, pour les deux prochains week-ends. La zone s'étend de Théoule-sur-Mer à Menton, les zones urbaines les plus habitées. « La situation sanitaire est particulièrement inquiétante dans les Alpes-Maritimes. (…) Avec le taux d’incidence, j’ai rappelé qu’à Nice il y a 500 personnes qui tombent malades par jour. Donc il fallait des mesures fortes, je m’y étais engagé », a commenté à Villefranche-sur-Saône le ministre de la Santé.
Comme pendant le confinement strict du mois de mars 2020, les habitants de cette zone pourront se déplacer les samedis 27 février et 6 mars et les dimanches 28 février et 7 mars seulement s’ils sont en possession d'une attestation dérogatoire de déplacement (promener son chien, aller chez le médecin, faire ses courses, faire du sport...). Des sorties d'une heure seront autorisées dans un rayon de 5 km du vendredi 18 heures au lundi 6 heures.
Pour faire reculer le taux d'incidence (588 pour 100 000 habitants) et le taux de positivité « en nette augmentation dans toutes les tranches d'âge exceptées pour les plus de 80 ans », les commerces non-essentiels, comme les coiffeurs, seront fermés ces deux prochains week-ends. Les pharmacies et les commerces alimentaires ne sont évidemment pas concernés.
Les commerces de plus de 5 000 m² fermés pendant 15 jours
Par ailleurs, dès demain et pour 15 jours, les galeries marchandes et les commerces de plus de 5 000 m2 (sauf commerces alimentaires, de santé, pharmacies) seront fermés. Pour ces commerces fermés, la vente à emporter sur commande (« click and connect » ) et la livraison à domicile seront autorisées. Ils pourront aussi bénéficier des aides financières mises en place par le gouvernement.
Pour les commerces de 400 m2 et plus, la jauge de fréquentation passe de 1 client pour 10 m2 à 1 client pour 15 m2 par visiteur. Le préfet qui a appelé à ce que les gestes barrière soient « appliqués très strictement », a notamment demandé « aux exploitants de commerce » concernés « de se doter d'un médiateur Covid » chargé de faire respecter les règles.
Les contrôles aux aéroports des Alpes-Maritimes et à la frontière italienne seront renforcés. Les passagers d'un vol pourraient être soumis à un test PCR de manière aléatoire.
Le préfet a également annoncé une « accélération » de la campagne vaccinale dans le département, où environ 4 500 doses du vaccin Pfizer doivent être réceptionnées dans les prochains jours, soit 1 000 de plus que ce qu'avaient déjà promis les autorités lors de la visite du ministre de la Santé Olivier Véran à Nice samedi. Enfin, la possibilité de se faire vacciner sera offerte aux personnes âgées de 50 à 64 ans et souffrant de comorbidités : dans cet objectif, de nombreuses doses du vaccin d'AstraZeneca doivent être envoyées dans les Alpes-Maritimes prochainement, a encore assuré le préfet.
Masque obligatoire dans les zones fréquentées dans toutes les communes du département
Le masque, enfin, sera désormais obligatoire dans toutes les zones fréquentées dans toutes les communes du département. Les Alpes-Maritimes font partie des départements où le masque n’est obligatoire que dans certaines zones du territoire – le dernier arrêté préfectoral en la matière (12 janvier) étant particulièrement compliqué : le masque est obligatoire sur tout l’espace public dans 18 communes (dont Nice, Cagnes-sur-Mer, Menton…) et dans des zones définies par arrêté municipal dans une quarantaine d’autres. Avec un résultat qui peut ressembler à un casse-tête pour les habitants, lorsqu’on lit des indications comme l’obligation de porter le masque dans la commune de Valbonne « de la route des Dolines à la place Bermond y compris les coursives commerciales Ophira 1 jusqu’à la raquette du CIV incluant le chemin des Pins ».
Ces décisions seront appréciées diversement par les élus du département : ceux des communes littorales les plus à l’ouest (Cannes ou Antibes) ne se montraient pas très ouverts à un durcissement des mesures, contrairement à ceux de l’est du département, au premier rang desquels le maire de Nice, Christian Estrosi, chaud partisan d’un confinement local, qui s'est dit sur Twitter « satisfait » de ces nouvelles mesures.
Quant aux maires de l’arrière-pays, en particulier ceux des communes qui ont payé un très lourd tribut au passage de la tempête Alex, ils souhaitent également éviter un durcissement des mesures qui compliqueraient encore un peu plus la vie d’habitants déjà durement éprouvés. Le préfet des Alpes-Maritimes a confirmé qu’elles ne seraient pas concernées par la mise en place de ces mesures le week-end.
Retour de la territorialisation
Un confinement local au niveau de tout ou partie du département des Alpes-Maritimes est une première en métropole : jusqu’à présent, de telles mesures n’avaient été prises qu’en Guyane et à Mayotte. Elle marquerait aussi le retour à la territorialisation des mesures, comme cela avait été le cas peu après la rentrée de septembre, période pendant laquelle le gouvernement avait instauré des couvre-feux locaux, avant de revenir à des mesures nationales à partir de la fin octobre.
La territorialisation des mesures est réclamée, notamment, par les associations d’élus, dont l’AMF. Mais le gouvernement, par la voix d’Olivier Véran, a d’ores et déjà prévenu que ce ne serait peut-être, qu’un épisode de courte durée : l’exécutif se donne « 8 à 10 jours » pour décider s’il revient à un durcissement des mesures à l’échelle nationale, en fonction de l’évolution des chiffres.
Franck Lemarc et Ludovic Galtier
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