Présence postale : La Poste s'engage à rouvrir progressivement autant de bureaux que possible
« C’est lors d’une crise comme celle-ci que l’on se rend compte que sans La Poste, c’est la catastrophe ! » Ce constat de Cécile Gallien, maire de Vorey-sur-Arzon (Haute-Loire), est certainement partagé par l’immense majorité des maires qui ont vu les conséquences immédiates de la réduction soudaine de la présence postale avec l’état d’urgence sanitaire. Après une réunion hier, entre le PDG de La Poste, le président de l’AMF et plusieurs élus et présidents d'AD, et après l’interpellation du président de l’Observatoire national de la présence postale, Patrick Chaize, les choses ont commencé à bouger et La Poste a pris des engagements.
« La loi impose qu’il existe 17 000 points de contact, explique ce matin le sénateur Patrick Chaize à Maire info, qu’il s’agisse de bureaux de poste, d’agence postales communales ou de commerce. À ce jour, sur 7 000 bureaux de poste, il en reste 1 600 d’ouverts. Et 600 agences communales sur 6 000 ». Par ailleurs, face à la crise, La Poste a décidé de limiter le travail de ses personnels à trois jours, avec aucune distribution de courrier entre le samedi et le mercredi. « Ce tunnel n’était pas acceptable, commente ce matin Michel Vergnier, maire de Guéret, ni pour les usagers ni pour les éditeurs de la presse régionale » – qui sont montés au créneau dès la semaine dernière sur ce sujet.
Retraits impossibles
Dans les communes rurales comme dans les quartiers populaires, l’un des problèmes majeurs auxquels ont été confrontés les élus et la population a été l’impossibilité de retirer de l’argent, et ce d’autant plus que la date de versement des prestations sociales, qui a été avancée au samedi 4 avril, approche. « Beaucoup de gens appartenant aux publics les plus fragiles n’ont pas de carte bleue classique, rappelle Michel Vergnier, mais une carte de la banque postale, utilisable seulement dans les points de contact postaux. La Poste est légitimement fière de jouer ce rôle… mais il faut assumer. » Or de nombreux distributeurs de billets de La Poste sont « vides ».
Il a été constaté que dans de nombreux départements, un très petit nombre de points de contact sont ouverts : seulement cinq en Haute-Loire ou en Creuse, soit à peine 25 % de la population qui a accès dans des conditions normales à un point de contact. « On s’est retrouvé très vite dans des situations dramatiques, rapporte Cécile Gallien, avec des personnes qui n’avaient plus d’argent pour acheter à manger, et l’obligation de leur distribuer des colis. » Et cette situation n’a pas touché que les territoires ruraux : Gilles Leproust, maire d’Allonnes (Sarthe) évoque aussi la question des quartiers populaires : « Si on ferme les bureaux dans les quartiers les plus défavorisés, où les gens n’ont pas de voiture, comment font-ils pour aller retirer un peu d’argent ? Ils prennent les transports en commun. Ce n’est pas un très bon signal sur le terrain du confinement ! ».
Urgences
Devant les protestations et après discussion avec les représentants des élus, le groupe La Poste a reconnu des dysfonctionnements et accepté de revoir son plan de charge. « Il y a plusieurs urgences, résume Patrick Chaize. Il faut que La Poste rouvre le plus possible de bureaux de poste, et que les maires puissent avoir la possibilité de rouvrir aussi les agences communales. Et par ailleurs, les guichets à billets doivent être alimentés au plus vite, avant le 4 avril. »
La Poste s’est engagée hier à rouvrir tout de suite « 250 bureaux, puis dès la semaine prochaine 400, en s’appuyant sur les facteurs guichetiers », explique Cécile Gallien à Maire info. La Poste a annoncé hier qu'elle rouvrirait ensuite 600 bureaux de plus après Pâques.
L’AMF de son côté, après les échanges d'hier entre La Poste, François Baroin et les élus, « invite les maires des communes et intercommunalités dotées d’agences postales communales ou intercommunales, à faciliter l’accès à leurs agences (ouverture ou prise de rendez-vous) ». L'association insiste pour que cette ouverture se fasse avec tout le matériel de protection nécessaire pour protéger les clients et les agents. La Poste s'est engagée à fournir le matériel - masques et gel hydro-alcoolique. Le fonds de péréquation pourra permettre de financer des écrans de protection en plexiglas.
Patrick Chaize, président de l’ONPP, a envoyé un courrier hier à tous les présidents des commissions départementales de la présence postale territoriale (CDPPT), pour leur demander de se réunir « en urgence », si possible avant la fin de la semaine, afin d’analyser, « en lien avec le préfet et les représentants de La Poste », non seulement le maillage de ces réouvertures mais les conditions sanitaires dans lesquelles elles doivent se dérouler. Il s’agit également d’identifier, « en lien avec les élus concernés, les agences qui seraient en capacité d’assurer le service postal sous réserve d’alimentation en fonds », et, « en lien avec les présidents d’associations départementales de maires, d’analyser toutes les possibilités de réouverture des points de contact en partenariat ».
Cécile Gallien a également proposé à La Poste de travailler de concert avec les départements, « qui sont à même d’indiquer les endroits où sont concentrés le plus d’allocataires des prestations sociales, afin de rouvrir ces agences en priorité ».
Pour ce qui concerne la distribution, La Poste s’est engagée, dès la semaine prochaine, à assurer un jour de distribution supplémentaire, le lundi ou le mardi, puis les deux, progressivement.
Franck Lemarc
Télécharger la lettre de Patrick Chaize aux présidents de CDPPT.
Télécharger le communiqué commune AMF-La Poste.
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