3 000 marchés ont pu rouvrir, situation bloquée en région parisienne et en Alsace
Les préfets ont accordé des dérogations de réouverture pour 3 000 des 10 000 marchés alimentaires que compte le pays, mais la situation reste bloquée dans certains départements, notamment dans la région parisienne et en Alsace, selon les chiffres compilés auprès de toutes les préfectures par la Fédération nationale des marchés de France (FNMF).
« Ce sont pour la plupart de très petits marchés, dans de petites communes, mais les grandes villes arrivent petit à petit à se mobiliser pour organiser leur ouverture en toute sécurité », comme Toulouse, Lille, Tours, Rennes, Clermont-Ferrand ou Grenoble, et des villes moyennes comme Valenciennes ou Montélimar, rapporte à Maire info Monique Rubin, la présidente de la FNMF. Sur les 3 000 marchés rouverts, seulement plus de 500 sont situés dans des communes de plus de 2 500 habitants et comptent plus de 10 commerçants.
Certaines villes, comme Vannes, ont même innové en ouvrant des marchés supplémentaires, tous les jours, dans des quartiers différents : la ville compte actuellement cinq ou six points de vente au lieu de trois habituellement.
En revanche, « la situation reste catastrophique en région parisienne : les préfets n’ont accordé aucune dérogation à Paris, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis, sauf au Bourget ; c’est la même chose dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin (foyers de contagion du covid-19, ndlr) et dans le Var et le Vaucluse », a-t-elle détaillé.
Monique Rubin craint une véritable « déstabilisation sociale », notamment dans les banlieues défavorisées, où les marchés sont souvent les seuls commerces proposant des produits frais à prix abordables, et ce alors que « les maires et leurs services sont tous prêts à travailler au maximum pour assurer la sécurité des commerçants et des clients ».
Guide des bonnes pratiques
La FNMF a d’ailleurs été, avec d’autres associations professionnelles comme la CPME ou la Confédération générale de l’alimentation en détail, et celles d’élus locaux, à l’origine d’un guide de bonnes pratiques amendé et validé par les ministères de l’Agriculture, de la Santé, de l’Economie et de l’Intérieur. Ce guide a été transmis par le Premier ministre aux préfets le 26 mars dernier, afin d’éclairer leur décision et de permettre aux maires de préparer les conditions nécessaires à la réouverture des marchés.
Sur ces documents (téléchargeables ci-dessous), on peut trouver la plupart des consignes détaillées dans notre édition du mardi 31 mars : contrôle des flux avec une entrée et une sortie, et matérialisation de la distance de sécurité d’un mètre entre les clients et entre clients et étals, grâce à des barrières Vauban, des caisses de fruits ou des rubans ; personnel communal présent sur place pour s’assurer du bon respect des règles, du filtrage de la clientèle et de l’absence de tout étal non alimentaire ; friction des mains au gel hydro-alcoolique à l’entrée et à la sortie pour les clients, plus régulièrement pour les commerçants. Deux annexes présentent des exemples en schéma et en photos.
Le document préconise également d’étendre les horaires, pour éviter les pics de fréquentation, et « d’encourager la mise en place d’un service de commande par les commerçants du marché (…) avec préparation des commandes en amont pour restreindre le temps de présence sur le marché ».
L’instruction du Premier ministre précise que la réouverture est également soumise au « besoin avéré et signalé d'approvisionnement de la population ».
Un besoin qui n’est donc pas assuré dans certains départements, et qui ignore la situation catastrophique des producteurs : « Une productrice de fraises me disait que n’ayant plus qu’un marché sur les trois qu’elle faisait chaque semaine, elle se posait la question de ramasser sa production, car les ventes risquaient de ne pas couvrir les frais et les salaires des ramasseurs », explique Monique Rubin. La situation est tout aussi « dramatique » pour les commerçants : selon la FNMF, rien qu’en une semaine de fermeture, le marché d’intérêt national de Rungis a perdu 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires. La fermeture ayant été soudaine, 80 % des poissons et fruits de mer, 50 % des fruits et légumes et 30 % des produits laitiers en stock y sont restés invendus, et « beaucoup d’entreprises ne vont pas s’en remettre », prévient-elle.
Autre inquiétude passée pour l’instant sous le radar : la situation des gens modestes qui comptent sur leur potager pour manger des légumes. « C’est la saison de la vente des jeunes plants de tomates, de légumes à planter dans les potagers, et les pépiniéristes sont en train d’en jeter des tonnes. Une fois l’été venu, si les jardiniers amateurs, souvent des personnes âgées aux revenus faibles, n’ont pas de légumes, où iront-ils les chercher ? », avertit Monique Rubin.
E.G.E
Télécharger l’instruction du Premier ministre et le guide.
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