Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 novembre 2021
Commerce

Commerce spécialisé : les professionnels inquiets face aux conséquences de la crise 

Lors de sa conférence d'automne annuelle, le 26 octobre dernier, la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (Procos) a dressé un état des lieux alarmant sur la situation des commerçants à l'horizon 2022. Elle réclame à la fois des mesures d'urgence et une réflexion à plus long terme.

Par Jeanne Bastelica et Franck Lemarc

De nombreux indicateurs sont au rouge : le pouvoir d’achat des ménages, qui risque d’être fortement impacté par l’inflation à venir, les difficultés d’approvisionnement et l’explosion des coûts du transport maritime menacent les marges et la rentabilité des enseignes.

Mesures d’urgence

La fédération Procos, qui regroupe environ 300 enseignes et 60 000 points de vente, avertit sur l’urgence de « transformer les commerces », estimant qu’elle est « impérative pour développer l’omnicanal (1) et le développement durable », et certains secteurs accusant jusqu’à 25 % de pertes (beauté-santé, restauration…). La fédération réclame un certain nombre de mesures pour endiguer les difficultés à venir : l’annulation de l’indexation des loyers de commerces en 2022, le dégagement des capacités d’investissement, la révision des mécanismes de remboursement des prêts garantis par l’État, la conception d’un dispositif autre que les prêts participatifs, le versement rapide des aides loyers et charges pour les fermetures de 2021, et une réflexion urgente sur la situation des grands pôles de commerces parisiens, particulièrement touchés par la crise.

Elle espère en outre que les Assises du Commerce, prévues le 1er décembre, permettent de positionner le commerce « comme un secteur stratégique de l’économie et de la transformation de la société française ». Elle estime que le commerce est « un acteur essentiel des territoires »  et se positionne sur ce point en refusant le clivage entre commerce de centre-ville et zones commerciales en entrée de ville : « Le commerce sur les territoires, ce n’est pas le centre-ville contre la périphérie commerciale mais un véritable enjeu de développement équilibré et harmonieux du commerce avec une redynamisation du commerce en centre-ville qui souffre d’une forte vacance commerciale et une modernisation et une végétalisation de la périphérie commerciale, en respectant au mieux la non-artificialisation des sols ». La fédération réclame « un grand plan national de modernisation des zones de commerce ».

Sur ce sujet, le sixième baromètre de l’association Centre-ville en Mouvement, présenté mercredi 3 novembre au ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, montre, via une étude menée sur 3000 ressortissants du programme Action Cœur de Ville (222 communes), que, si 64 % des sondés disent être attachés à leur centre-ville, la plupart lui préfèrent la périphérie pour ses achats… la majeure partie (79 %) y allant pour flâner et créer du lien social plutôt que pour y consommer.

Procos demande également une diminution de la fiscalité locale portant sur le commerce, jugée « trop lourde », notamment la Tascom et la taxe sur les enseignes, « qui deviennent un véritable frein au développement du commerce sur les territoires. » 

« Pas de demi-mesure » 

Interrogé par Maire info, le maire de Vesoul et co-président de la commission Développement économique, tourisme et commerce à l’AMF, Alain Chrétien, insiste lui sur la nécessité, pour les communes, de prendre des mesures fortes pour soutenir le commerce et de ne pas faire dans la « demi-mesure » : « Les nombreuses initiatives que nous avons mises en place en amont et pendant la crise sanitaire nous permettent de terminer l’année sereins. Aucune fermeture n’est à déplorer, au contraire : la vacance est passée de 17 % à 10 % ».

Parmi ces mesures : une enveloppe de 400 000 € pour la modernisation des commerces (équipements, formations…), mais aussi la gratuité du stationnement, le paiement, dès début avril, des loyers de commerçants fermés à hauteur de 1000 euros par mois (centre-ville uniquement, moins de 200 m² de vente, moins de dix salariés…), et enfin une aide à l’installation de nouveaux commerçants prenant en charge 75 % du loyer pendant un an, accompagnée d’une subvention de 3 000 euros. Coté numérique : une aide à la digitalisation, secteur de plus en plus essentiel et que les commerçants « subissaient plus qu’ils n’en faisaient une arme ». La ville a accordé cinquante subventions de 3000 euros. « Nous avons voulu être réactifs, mais notre concentration va aux commerces de proximité, qui sont les plus impactés ».

Membre du programme Action Cœur de ville, la commune bénéficie d’un diagnostic de flux de circulation régulier grâce à des bornes en centre-ville et s’est dotée, depuis dix-huit mois, d’un manager de centre-ville et d’un manager e-commerce. Ce programme a également permis la création de l’Office du Commerce, qui rassemble 190 adhérents commerçants de l’agglomération et subventionne à hauteur de 25 000 € de nombreuses opérations d’animation.

Au congrès de l’AMF, mercredi 17 novembre, ces questions seront abordées lors du débat sur « les communes et intercommunalités, leviers majeurs de la relance ». Ce débat sera l’occasion de revenir sur les mesures de soutien prises par les communes et EPCI en direction des entreprises, dont les commerces, et de réfléchir sur les politiques à engager à plus long terme. 

(1)   Stratégie consistant, pour une marque, à utiliser tous les canaux de distribution (points de vente physique, web, applications smartphone, etc.).

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